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[Revue de presse] Crise au Venezuela : l’Union européenne menaçante, mais prudente

Après la tentative de renversement du régime au Venezuela, la communauté internationale prend position. Tantôt pour Nicolás Maduro, le président “élu” mais extrêmement contesté. Tantôt pour Juan Guaidó, le nouveau président “autoproclamé” qui dit souhaiter rétablir la démocratie dans son pays. L’Union européenne, contrairement aux Etats-Unis, n’adoube personne à l’heure actuelle. Mais elle appelle à des élections libres et se dit prête à “réagir” en cas de débordements du régime.

En 2017, les manifestations avaient fait 125 morts dans le pays, en proie à une grave crise économique - Crédits : Wikicommons
En 2017, les manifestations avaient fait 125 morts dans le pays, en proie à une grave crise économique - Crédits : Wikicommons

Saluée par certains, dénoncée par d’autres, embarrassante pour les troisièmes… C’est en Europe que la tentative de renversement de Nicolás Maduro semble avoir causé le plus d’embarras” , selon Le Monde.

Mercredi, à l’occasion d’une “manifestation monstre” de “dizaines de milliers” de personnes dans la capitale Caracas [L’Obs], Juan Guaidó, le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, s’est autoproclamé “président par intérim” de son pays. Un “coup d’Etat” évidemment dénoncé par le chef d’Etat en exercice, Nicolás Maduro, qui avait hérité du pouvoir à la mort d’Hugo Chávez en 2013 et entamé son deuxième mandat le 10 janvier dernier. Depuis, les deux camps comptent leurs soutiens.

Donald Trump a aussitôt reconnu Juan Guaidó officiellement. Et [d’autres] pays lui ont emboîté le pas” , comme le Brésil, l’Argentine, la Colombie, le Canada, le Chili…, explique Le Monde, qui rappelle dans une vidéo la crise politique vénézuélienne. “Depuis 2014, les opposants à Nicolás Maduro lui reprochent principalement de contourner la Constitution et de diriger le pays en autocrate. Ils lui imputent aussi l’effondrement de l’économie du pays” , résume le quotidien.

L’opposition a été si décimée au Venezuela que celui qui tient tête à Nicolás Maduro a l’âge d’être son fils” , souligne de son côté Le Point. Juan Guaidó, un ingénieur de 35 ans, membre du parti Voluntad Popular et président de l’Assemblée nationale depuis le 5 janvier, “est le plus jeune à avoir occupé ce poste” , rappelle l’hebdomadaire.

L’Union européenne demande des “élections libres

Au terme d’un scrutin boycotté par l’opposition et jugé non transparent, la réélection très large mais très contestée de Nicolás Maduro en mai 2018 a été considérée comme “illégitime” par une cinquantaine de pays. Jeudi, “tout le haut-commandement militaire” du Venezuela a toutefois réaffirmé sa “loyauté” au président. “Outre l’armée, Nicolás Maduro a reçu le soutien de ses alliés russe et chinois, qui ont dénoncé les ‘ingérences extérieures’ ” , explique l’AFP. Ainsi que de la Bolivie, du Mexique ou encore de Cuba.

Mais, poursuit l’agence, “de son côté, Juan Guaidó, qui se trouvait jeudi ‘à l’abri’ dans un lieu qui n’a pas été [révélé], continuait à recevoir des messages de soutien de dirigeants d’Amérique et de l’Union européenne” .

Cette dernière a, plus exactement, demandé des “élections libres” , prenant ainsi au mot Juan Guaidó, qui a déclaré avoir pris le pouvoir “pour former ‘un gouvernement de transition” , cite Euronews.

A l’image des “habitants de la capitale vénézuélienne” dont Libération raconte les doutes, les espoirs, les peurs voire la colère au lendemain de cette tentative de renversement du pouvoir, l’Union européenne semble, elle aussi, être “divisée” sur la situation au Venezuela : “officiellement les Vingt-Huit ont une position commune qui ne reconnaît pas le président autoproclamé Juan Guaidó. Mais dans le même temps ils maintiennent leurs critiques à l’encontre du président Nicolás Maduro” , précise Euronews dans un second article.

L’UE appelle à l’ouverture immédiate d’un processus politique débouchant sur des élections libres et crédibles” , a ainsi prudemment déclaré Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union européenne, au nom des Vingt-Huit. “L’UE continuera de suivre de près l’évolution de la situation sur le terrain et restera prête à réagir par des mesures appropriées aux décisions et actions qui portent atteinte aux principes et institutions démocratiques, à l’État de droit et aux droits de l’homme” , a-t-elle averti selon l’agence belge Belga. Une ligne suivie par les diplomaties norvégienne et espagnole notamment. “Affichant sa prudence, le ministre espagnol des Affaires étrangères a tenu à rappeler ‘qu’au Venezuela il y a 200 000 citoyens espagnols’ et ‘pour nous, c’est important’ ” , relate Le Figaro.

Le Parlement européen prendra une nouvelle résolution

Dans ce tableau, certaines voix sont tout de même sorties du rang à l’image de celle du président du Conseil européen” , observe Euronews. “J’espère que toute l’Europe va s’unir dans le soutien des forces démocratiques au Venezuela. Contrairement à Maduro, l’assemblée parlementaire, y compris Juan Guaidó, a un mandat démocratique des citoyens vénézuéliens” , a en effet twitté Donald Tusk. Une réaction “parmi les plus tranchées sur le Vieux continent” , selon Le Monde qui en énumère d’autres.

Concernant le Venezuela, nous ne sommes pas neutres. Nous soutenons l’Assemblée nationale, qui est élue par le peuple” , a ainsi déclaré Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères.

Emmanuel Macron a pour sa part “salué le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté” , tandis que le ministre des Affaires étrangères britannique, Jeremy Hunt, a estimé que Juan Guaidó était “la bonne personne pour faire avancer le pays” , sans le reconnaître officiellement.

Malgré la “condamnation” d’un “coup d’Etat” par le groupe de la gauche radicale au Parlement européen (GUE/NGL), ces positions ont aussi été largement endossées par le président de l’institution : “Face au mécontentement général, Maduro doit partir maintenant” , a ainsi déclaré Antonio Tajani par voie de communiqué, en annonçant que l’assemblée adoptera une nouvelle résolution “urgente” sur le Venezuela (la neuvième depuis le début de la législature, un record) lors de sa prochaine session la semaine prochaine.

Les 28 pays de l’UE ont [déjà] prolongé d’une année, jusqu’en novembre 2019, les sanctions imposées au Venezuela pour contraindre le président Nicolás Maduro à respecter l’Etat de droit et la démocratie” , rappelle Belga. “L’UE a imposé le 14 novembre 2017 un embargo sur les armes et les matériaux connexes susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne et a complété cette mesure par une liste noire de dignitaires du régime interdits de visas et dont les avoirs dans l’UE ont été gelés” .

Une impossible décision à l’ONU ?

Le bras de fer se poursuit entre Caracas et Washington” , titre pour sa part Le Point. Nicolás Maduro a annoncé jeudi la fermeture de l’ambassade et des consulats de son pays aux États-Unis. Accusant la Maison-Blanche “d’inciter Juan Guaidó à perpétrer un coup d’État” , le président vénézuélien avait annoncé dès mercredi la rupture de leurs relations diplomatiques, “donnant 72 heures aux représentants américains pour quitter le pays” , rappelle l’AFP.

De leur côté, les États-Unis ont demandé jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU de se réunir d’urgence sur le sujet, malgré l’opposition de la Russie. “Jeudi, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a appelé l’Organisation des Etats américains (OEA) à reconnaître Juan Guaidó comme président par intérim, sans toutefois obtenir l’unanimité des 34 pays membres actifs de cette institution” , rappelle Le Monde. “Nous espérons que le dialogue soit possible pour éviter une escalade menant à un conflit qui serait un désastre pour la population du pays et pour la région” , a simplement déclaré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

Depuis lundi, des foyers de protestation dans le pays ont fait 26 morts, dont 7 dans la capitale” , selon l’ONG Observatorio Venezolano de Conflictividad Social, citée par l’AFP. “Les manifestations de mercredi représentaient la première mobilisation d’ampleur depuis 2017. Les violentes manifestations avaient alors fait quelque 125 morts” , précise l’agence de presse. Les deux clans se préparent désormais à de nouvelles manifestations. Mais “l’aggravation de la crise politique intervient en pleine débâcle économique dans ce pays pétrolier, jadis prospère et désormais frappé par d’importantes pénuries de nourriture et de médicaments, et soumis à une hyperinflation qui devrait atteindre 10 000 000 % en 2019″ .

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