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[Revue de presse] Covid-19 : les ministres des Finances de la zone euro échouent à trouver un accord

Mardi 7 avril, les ministres des Finances des pays de la zone euro se sont réunis par visio-conférence pour s’accorder sur une réponse économique commune face au coronavirus. Malgré une longue nuit de négociations, ils n’y sont pas parvenus, poussant le président de l’Eurogroupe Mario Centeno à convoquer une nouvelle réunion pour le jeudi 9 avril.

Le président de l'Eurogroupe Mario Centeno en visio-conférence avec les ministres des Finances des pays de la zone euro le 7 avril 2020
Le président de l’Eurogroupe Mario Centeno en visio-conférence avec les ministres des Finances des pays de la zone euro le 7 avril 2020 - Crédits : Conseil de l’UE

Jusqu’au bout, ils auront tenté de trouver des voies de passage pour montrer que l’Union européenne est bel et bien capable de se mettre d’accord dans les moments les plus dramatiques” , écrit Le Figaro. Un commentaire qui illustre l’âpreté des discussions menées entre les ministres des Finances de la zone euro dans la nuit du 7 au 8 avril. Elles devaient permettre de se mettre d’accord sur une réponse coordonnée pour faire face aux conséquences économiques de la crise du coronavirus. Mais au lendemain de ce sommet, le Figaro tire un bilan négatif : “À 8 heures, ce mercredi matin, les ministres des Finances ont été contraints de constater qu’ils avaient échoué” . “Très attendue” selon le quotidien, cette rencontre était vue comme un “test décisif pour l’unité des 27, qui ne peuvent se permettre d’étaler une nouvelle fois leurs divisions” , rapporte Ouest-France avec l’AFP. Les Etats membres de l’Union européenne avaient en effet déjà affiché leurs divisions au cours d’un Conseil européen tendu, le 26 mars dernier.

Ce sommet des ministres des Finances de la zone euro a néanmoins débouché sur plusieurs propositions, réunies dans un plan unique de soutien à 540 milliards d’euros. Ce plan comprend “une ligne de crédit de 240 milliards d’euros” tirée du Mécanisme européen de stabilité (MES), “un programme d’investissement de 200 milliards d’euros pour les PME” financé par la Banque européenne d’investissement (BEI) et “le déblocage de 100 milliards d’euros par la Commission européenne pour aider les États membres à financer les mesures de chômage partiel qu’ils ont mis en place” [Le Figaro].

Des positions incompatibles

Mais les pays les plus touchés par la crise, l’Italie en tête, “continuent de réclamer, en plus, la création d’un instrument de dette commun […] destiné à relancer l’économie sur le long terme une fois la crise passée” , selon Ouest-France avec l’AFP. “L’Italie, l’Espagne, la France et plusieurs autres pays parmi ceux les plus en difficulté ont considéré ces montants comme insuffisants et ont également contesté les conditions et les délais de remboursement” , rapporte le Corriere della Sera. “L’Italie était déjà réticente à recourir au fonds de sauvetage” , complète El País. Le quotidien espagnol affirme en effet que Rome ne veut pas d’une aide budgétaire soumise à des exigences de réformes. Une position incompatible avec celle des Pays-Bas, qui considèrent que “les gouvernements qui utilisent les lignes de crédit doivent promettre de réserver l’argent pour les soins de santé et les coûts économiques liés au coronavirus” , selon Politico. Craignant “de devoir payer la facture si les pays du Sud font faillite” , les pays nordiques excluent ainsi “toute suggestion de mise en commun de la dette” , poursuit le média.

Les pays nordiques préfèrent faire appel à des mécanismes déjà existants pour répondre à la crise. “Les euro-obligations sont un moyen politiquement controversé mais aussi peu pratique de traiter la crise du coronavirus. La situation actuelle exige une évolution rapide avec des instruments relativement souples et, si possible, existants” , affirme notamment le quotidien hollandais De financieele Dagblad.

Compromis français

Pour sortir de cette impasse, la France a proposé d’ajouter au plan de soutien un fonds de solidarité unique “qui pourrait lever des dettes et émettre des prêts aux gouvernements” [Politico]. Il s’agirait ainsi d’un “outil intermédiaire susceptible de remplacer les corona bonds” , précise Le Figaro. Mais la proposition française, soutenue par l’Allemagne, a reçu un accueil mitigé. “C’est encore trop controversé pour être pris en compte pour le moment” ont déclaré des responsables européens à Politico.

Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a réagi en critiquant la stérilité des débats opposant ses homologues européens. “Alors que nous comptons des centaines et des milliers de morts, les ministres des Finances [européens] jouent sur les mots et les adjectifs” , s’est indigné le ministre français [Le Figaro]. “La France et l’Allemagne ont fait beaucoup et trouvé un compromis sur un texte. L’avenir de l’Europe et de l’euro sont en jeu” , a-t-il poursuivi. Il se jouera peut-être jeudi 9 avril, date à laquelle le président de l’Eurogroupe Mario Centeno a convoqué les ministres des Finances de la zone euro pour tenter une nouvelle fois de trouver un compromis. Pour Politico, une réponse commune est nécessaire car “sans un accord sur une action coordonnée, les gouvernements seront livrés à eux-mêmes et devront emprunter de l’argent sur les marchés pour amortir les retombées économiques - menaçant ainsi de provoquer une crise de la dette” .

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