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[Revue de presse] Covid-19 : en Espagne, le plan de déconfinement alimente les critiques

Présenté mardi 28 avril par le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, le “plan de transition vers une nouvelle normalité” suscite des remous politiques. Trop centralisateur pour les gouvernements régionaux, il est également jugé trop flou par l’opposition.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a présenté mardi le plan du gouvernement pour sortir du confinement
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a présenté mardi le plan du gouvernement pour sortir du confinement - Crédits : Conseil de l’UE

Il était “très attendu par les Espagnols alors que le pays est confiné depuis près de sept semaines” : le plan de déconfinement a été présenté ce mardi par le chef du gouvernement Pedro Sánchez [Les Echos]. Madrid, qui avait adopté les mesures “[les plus strictes] d’Europe” [La Libre], a opté pour une sortie progressive en quatre étapes. “Dans le meilleur des cas, la phase de désescalade vers la nouvelle normalité aura une durée minimale de six semaines” mais peut aller jusqu’à “huit semaines pour tout le territoire espagnol” , a ainsi résumé Pedro Sánchez [La Libre avec l’AFP]. Sauf recrudescence de l’épidémie entre temps, le déconfinement devrait donc s’achever “au plus tard fin juin” , rapporte Ouest-France.

Graduel, asymétrique, coordonné

“Nous n’avancerons pas à la même vitesse, mais avec les mêmes règles et de façon coordonnée”. C’est ainsi que Pedro Sánchez a résumé l’approche choisie par le gouvernement madrilène pour sortir de la crise sanitaire. Un plan qu’il qualifie de “graduel, asymétrique et coordonné”[Les Echos].

Graduel d’abord, car comme l’explique Le Monde, ces quatre phases seront “espacées au minimum de quinze jours” , la durée moyenne d’incubation du virus, “afin de mesurer les conséquences du relâchement du confinement sur l’évolution de l’épidémie et, éventuellement, le freiner ou revenir en arrière”. La première étape verra ainsi “la réouverture des petits commerces et des terrasses de cafés qui verront leur capacité réduite à un tiers” , complètent Les Echos.

Asymétrique ensuite, en réponse aux demandes des présidents régionaux, pour “[tenir] compte de l’impact du virus dans chaque territoire afin de minimiser les risques et la portée des erreurs s’il fallait revenir en arrière dans une certaine mesure” , précise le quotidien espagnol El País. Dans certaines régions où le virus ne circule plus, le passage à la “nouvelle normalité” pourra se faire plus rapidement. Ainsi, “l’île de Formentera aux Baléares et les petites îles de La Graciosa, El Hierro et La Gomera aux Canaries, où il n’existe plus aucun cas actif, pourront passer directement en ‘phase 1’ ” , rapporte Le Monde.

Coordonné, enfin, car “c’est le ministère de la Santé qui fixera les critères à remplir pour passer à la phase supérieure du déconfinement” , en fonction des données sanitaires que lui transmettront les cinquante provinces que compte le royaume [Le Monde]. Pour le chef de section épidémiologie et prévention du service de santé publique des îles Canaries, Amós José García Rojas, “la réponse doit être scientifique avant tout” . “Je suis inquiet de voir d’autres motifs de débat, politiques notamment, interférer dans ce chemin de retour à une normalité” , a-t-il déclaré dans Ouest-France.

Unis dans l’opposition

Au sein de la classe politique espagnole, la stratégie présentée par le gouvernement n’a en effet pas remporté l’unanimité. Dans les rangs de l’opposition, le Parti Populaire espagnol “a vivement critiqué mardi le plan de désescalade présenté par Pedro Sánchez” , observe El País. Son secrétaire général, Teodoro Garcia Egea, a notamment souligné le flou de ce plan qui, à la différence de ceux élaborés dans les pays voisins, ne fixe pas de date arrêtée pour chacune des étapes : ” Il n’y a ni GPS, ni gouvernail, ni personne aux commandes. Sánchez […] passe plus d’une heure à proclamer des inexactitudes. Il n’y a pas de plan” . “Les Espagnols ont besoin de dates concrètes” , a ajouté la porte-parole du parti au Congrès espagnol (la chambre des députés) [El País]. Des critiques qui sont aussi partagées par la présidente du parti libéral Ciudadanos, Ines Arrimadas. Si celle-ci a “tendu la main au gouvernement pour garantir la stabilité de la législature durant la crise”, elle n’en a pas moins demandé “plus de consensus”, rapporte Le Monde.

Les autorités régionales espagnoles, aux prérogatives très larges, ont également critiqué la méthode du gouvernement dans la gestion de la crise. Les leaders nationalistes catalans et basques en particulier, estiment que “ce plan consolide une sorte de recentralisation” [El País]. Leurs gouvernements locaux souhaitent en effet “avoir les mains libres sur le déconfinement” , et accusent le pouvoir madrilène de vouloir “recentraliser des compétences qui leur sont dues” . Le président indépendantiste du gouvernement catalan, Quim Torra, a ainsi regretté que “le commandement unique dicte tout” [Ouest-France]. RFI constate ainsi que ce retour à la normale sanitaire, encore lointain et incertain, devrait s’accompagner de remous politiques : “Pedro Sánchez le sait mieux que quiconque : la fin de la crise sanitaire ne signera pas la fin de la crise politique” .

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