“Le plus dur commence pour les 27 de l’UE” , estime La Libre. D’accord sur la nécessité d’un plan de relance massif, les chefs d’Etat et de gouvernements doivent désormais trouver un consensus sur les moyens engagés. Or, à la veille d’un sommet européen crucial, “les capitales de l’UE et les commissaires européens continuent de mettre en avant des plans concurrents pour la relance économique et les moyens de la financer” , résume Politico. Le cadre légal, les montants, le mode de financement, “rien n’est encore décidé sur ce nouvel instrument qui risque de transformer le sommet de jeudi en guerre de tranchées entre les pays du Nord, inquiets de payer pour les dépenses de ceux du Sud, qui eux réclament une plus grande solidarité” , poursuit La Libre.
Une troisième voie entre “coronabonds” et Mécanisme européen de stabilité
Un temps divisés entre partisans du recours au Mécanisme européen de stabilité (MES) et défenseurs des “coronabonds” , une troisième voie ouverte par les institutions européennes semble désormais se dessiner pour les 27. Dans une feuille de route communiquée par la Commission européenne et le Conseil européen, les deux institutions proposent en effet “[l’utilisation] du budget de l’UE afin d’emprunter des fonds sur les marchés et de les prêter ensuite aux États membres”, ce qui permettrait de “limiter le montant du risque partagé, et serait également conçu pour être temporaire” explique Politico. Cette solution “rassure les pays du Nord car elle fournit un cadre légal” mais elle risque de soulever de nouvelles questions “tout aussi compliquées, comme la priorité de ces dépenses d’investissement” [La Libre]. Le recours au cadre financier pluriannuel supposerait alors d’augmenter les contributions de l’ensemble des Etats membres au budget de l’UE.
Lundi 20 avril, la chancelière allemande Angela Merkel s’est montrée ouverte à cette option. “Nous aurons besoin de réponses rapides pour faire face à cette pandémie et l’Allemagne participera à l’effort de solidarité”, a-t-elle annoncé [Euractiv]. Mais pour la chancelière, cette solution doit rester une solution de court-terme en réponse à la crise, comme c’est déjà le cas “pour financer des indemnités de chômage partiel” via le dispositif SURE. Elle reste en revanche opposée à la mutualisation des dettes des Etats membres de l’UE via l’émission de “coronabonds” , option privilégiée par neuf de ses voisins, dont l’Italie.
Des désaccords persistants
Cette solution d’un emprunt adossé au budget pluriannuel européen suscite néanmoins quelques réticences : “certains pays opposés à la mutualisation de la dette rechignent aussi à augmenter leurs contributions nationales au budget de l’UE. Et la conclusion d’un accord pourrait s’avérer encore plus difficile pendant une récession”, estime Euractiv. S’ils ne sont pas opposés à l’idée, la France et le Luxembourg font notamment partie des plus sceptiques. En effet, le budget fait l’objet d’âpres négociations depuis deux ans déjà. Lors du dernier sommet consacré à ce sujet en février, les dirigeants s’étaient séparés sans parvenir à un accord. “Il reste tant de divergences qu’une solution liée au CFP risque de prendre beaucoup de temps” , a ainsi déclaré un porte-parole de la mission diplomatique du Luxembourg auprès de l’UE [Politico].
Par ailleurs, les pays d’Europe du sud ne comptent pas abandonner aussi facilement leur proposition de coronabonds. Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a ainsi affirmé mardi 21 avril “qu’il refuserait des ‘compromis au rabais’ lors du Conseil européen”. Il estime que “l’UE et la zone euro ne peuvent pas se permettre de répéter les mêmes erreurs commises lors de la crise financière de 2008, quand il n’a pas été possible d’offrir une réponse commune”, rapporte ainsi la RTBF avec l’AFP. De son côté, l’Espagne, longtemps partisane des “coronabonds” , a également présenté en début de semaine une proposition pour “un fonds de relance de 1 000 à 1 500 milliards d’euros - financé par la dette perpétuelle de l’UE - qui accorderait des subventions aux pays, plutôt que des prêts” .
Le ministre français des Finances propose quant à lui, dans la lignée de la position de l’Allemagne, “de lever de la dette commune uniquement pour des dépenses d’avenir”, excluant également les coronabonds. Bruno Le Maire nuance néanmoins sa proposition en expliquant que la répartition des investissements devrait “prendre en compte la façon dont les États ont été touchés par le coronavirus”. “Le virus a frappé à l’aveugle. Personne ne peut en être tenu pour responsable. En revanche, nous devons tous être solidaires de l’Italie, de l’Espagne… Ce principe de solidarité est au cœur même de la construction politique européenne” justifie-t-il dans Ouest-France.
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