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[Revue de presse] COP25 : un échec, malgré des efforts européens

La COP25 s’est conclue dimanche 15 décembre à Madrid, avec deux jours de retard. En négociation depuis le 2 décembre, seuls 80 pays sur 197 sont parvenus à un accord, loin des attentes des ONG et de la société civile. En cause, les réticences des Etats qui polluent le plus à relever les ambitions internationales de l’accord de Paris.

Frans Timmermans, le vice-président exécutif de la Commission européenne en charge de l'Action climatique, a porté tant bien que mal la voix de l'UE au sommet sur le climat - Crédits : Benjamin Cremel / Commission européenne
Frans Timmermans, le vice-président exécutif de la Commission européenne en charge de l’Action climatique, a porté tant bien que mal la voix de l’UE au sommet sur le climat - Crédits : Benjamin Cremel / Commission européenne

L’esprit de l’accord de Paris [ne serait-il] plus qu’un ‘lointain souvenir’ ” , comme l’affirme Helen Mountford, du think tank World Resources Institute [La Croix avec l’AFP] ? C’est en tout cas l’image qu’a donné la COP25, organisée par le Chili mais qui s’est tenue à Madrid du 2 au 15 décembre.

Le sommet international, qui “devait se concentrer sur les sujets les plus controversés que sont l’organisation des échanges de nouveaux quotas d’émissions de gaz à effet de serre (…) et l’augmentation des financements pour les pays les plus vulnérables au dérèglement climatique” [Libération], a débouché sur un “accord au rabais” [Le HuffPost].

On espérait de la COP25 qu’elle montre au monde que les gouvernements étaient touchés par les manifestations, la science irréfutable, les tempêtes et incendies meurtriers qui ont marqué 2019″ , indique France 24 avec l’AFP. “Mais les deux semaines de discussions ont mis en pleine lumière une division flagrante au sein de la communauté internationale” , regrette La Croix.

Seulement 80 pays sur les 197 membres de la convention-cadre des Nations unies” , comptant pour 10,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, “se sont engagés à rehausser leurs ambitions l’an prochain” , rapporte Libération.

Blocage des principaux pollueurs

Au rythme actuel des émissions de CO2, le mercure pourrait gagner jusqu’à 4 ou 5°C d’ici la fin du siècle” , rappelle La Croix. Malgré ces prévisions alarmantes, “quasiment aucun des grands pays émetteurs n’a fait d’annonce significative pour rehausser ses ambitions” , poursuit le quotidien. Certains Etats “sont allés à Madrid avec l’intention de retarder les choses” , estime même Jean-Pascal Van Ypersele, climatologue à l’Université catholique de Louvain et conseiller scientifique de la délégation belge à la COP25, interrogé par la RTBF.

En pleine procédure de retrait de l’accord de Paris, “les Etats-Unis ne sont pas venus de bonne foi” , souligne Harjeet Singh, de l’ONG Action Aid [France 24]. Quant à la Chine et l’Inde, elles “ont fait comprendre qu’elles ne voyaient pas de nécessité d’améliorer leurs plans actuels de réductions d’émissions” , insistant plutôt sur “la responsabilité des pays développés (…) de respecter leur promesse d’aides financières aux pays en développement” , explique La Croix.

Parmi les pays les plus réfractaires se trouvent aussi “l’Arabie saoudite, ainsi que le Brésil et l’Australie” , note La Croix. Ces Etats “avaient des positions qui auraient pu conduire à des doubles comptages” des réductions des émissions de CO2, résume notamment Jean-Pascal Van Ypersele à la RTBF. De quoi compromettre l’essence même de l’accord de Paris. Les négociations sur les échanges de quotas d’émissions (marchés carbones) ont donc finalement été reportées à la COP26, l’année prochaine : “mieux vaut ne pas avoir d’accord qu’un mauvais accord dont les règles s’appliqueront pendant quinze ans” , estime une responsable d’ONG citée par Les Echos.

L’Union européenne en tête de pont ?

Face à ces pays réfractaires, “nombre d’observateurs ont au contraire souligné le rôle positif de l’UE” , relève La Croix. “L’Europe a retrouvé le devant de la scène de la diplomatie climatique” , se réjouissent Les Echos. En s’alliant avec les pays les moins développés et les Etats insulaires, l’Union européenne a en effet permis “d’arracher le moins mauvais résultat possible, contre la volonté des grands pollueurs” , estime Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris [La Croix]. Les Européens chercheront par ailleurs à convaincre la Chine d’augmenter ses efforts lors d’un sommet bilatéral en septembre prochain.

Le 11 décembre, si l’annonce du Green deal par la nouvelle Commission européenne a produit son effet, il reste encore à le “transformer en mesures concrètes, si [l’UE] veut se montrer à la hauteur du leadership que ses dirigeants revendiquent” , soulignent néanmoins Les Echos. Car malgré des signes encourageants, “l’UE a manqué de solidarité avec les pays du Sud” en refusant d’allouer plus de fonds au mécanisme des “pertes et préjudices” , censé aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences du réchauffement climatique, selon Lucile Dufour, du Réseau Action Climat [Le Monde].

Où est passé le leadership français de la COP21 ?” , s’interroge également Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace France au HuffPost. La France était bien représentée à Madrid. Mais Emmanuel Macron, retenu à Paris par les contestations sociales, est apparu comme “le grand absent du sommet” , donnant à la France “une part de responsabilité dans l’échec” de la COP25, estime aussi François-Michel Lambert, député centriste des Bouches-du-Rhône [Le HuffPost].

Une COP peut en cacher une autre

Cette COP laisse donc “un goût doux-amer” , résume la ministre espagnole de l’Environnement Teresa Ribera [La Croix]. Un constat qui semble unanime : le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est déclaré “déçu” , regrettant une occasion “ratée” pour la communauté internationale de faire plus d’efforts. Un négociateur constatait même “un sentiment général de résignation” , rapporte [Libération].

Mais “nous ne devons pas abandonner” , affirme Antonio Guterres [La Croix]. “Personne n’attendait grand-chose de cette COP” , relativise même Libération. “A Madrid, on a fait un pas en arrière. Il faut espérer que l’on fasse deux pas en avant à Glasgow” , commente Jean-Pascal Van Ypersele [RTBF].

Car c’est désormais vers la ville écossaise où se tiendra la prochaine COP en 2020 que “tous les yeux seront rivés” , indique France 24. A l’occasion de ce sommet, les Etats signataires de l’accord de Paris sont tenus de soumettre “une version révisée de leurs plans de réductions d’émissions” , explique La Croix. Et les Britanniques, qui contrairement au Chili disposent d’un “réseau diplomatique d’envergure mondiale” [Les Echos], ont déjà “promis de tout faire pour que Glasgow soit un succès” [La Croix].

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