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[Revue de presse] Catalogne : le procès des indépendantistes cristallise les tensions

Ils avaient organisé un référendum d’indépendance il y a deux ans pour “mettre en oeuvre” la “volonté du peuple”. Douze leaders catalans vont devoir répondre de cette tentative de sécession devant la justice espagnole. Le procès, qui s’ouvre à Madrid ce mardi 12 février, devrait durer trois mois.

Manifestation indépendantiste à Barcelone le 20 septembre 2017 - Crédits : Màrius Montón / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0
Manifestation indépendantiste à Barcelone le 20 septembre 2017 - Crédits : Màrius Montón / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0

12 accusés

Accusés d’avoir tenté de “déchirer” le pays il y a deux ans [Libération] en organisant un référendum d’autodétermination “interdit par la constitution” espagnole [La Croix], douze dirigeants indépendantistes catalans voient leur procès débuter aujourd’hui au Tribunal suprême de Madrid, pour une durée d’environ trois mois [Le Monde].

Sur le banc des prévenus se trouvent notamment l’ancien vice-président du gouvernement catalan Oriol Junqueras, président de la Gauche républicaine catalane. Les chefs d’inculpation sont graves : “sédition” , malversations de fonds, appartenance à organisation criminelle, désobéissance à l’autorité…les prévenus risquent entre sept et vingt-cinq ans de prison, d’après Le Monde.

Sur les douze, neuf étaient placés en détention préventive depuis plus d’un an, les trois autres sont en liberté conditionnelle. Carles Puigdemont, à l’origine de la tenue du référendum, ne devrait quant à lui pas comparaître. L’ancien président de la région est en effet exilé en Belgique depuis la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017, relate Sandrine Morel dans Le Monde.

Un “procès historique” sous tension

“Le Parlement catalan a désobéi au Tribunal constitutionnel de manière bornée et infatigable durant deux législatures et cinq années” , écrit le juge d’instruction Pablo Llarena, qui avertit plus loin que “la stratégie sécessionniste peut continuer de manière latente, bien qu’elle se trouve ponctuellement larvée” .

Face à lui, les dirigeants indépendantistes se présentent, eux, comme “des prisonniers politiques” selon France info. Ils estiment avoir simplement fait leur travail, en mettant en oeuvre la volonté du “peuple catalan” qui leur avait confié “le mandat d’organiser un référendum” [Le Monde]. Une vision que semble partager l’eurodéputé José Bové, qui s’indigne dans Libération que ces dirigeants comparaissent devant la justice pour avoir tenu leur promesse de campagne de 2015.

Ce “procès le plus attendu”, selon la presse espagnole citée par Le Parisien, a un “fort contenu politique” . L’historien Benoit Pellistrandi évoque de son côté une “dimension historique” : cette “crise majeure” a “remis en question l’intégrité territoriale d’un pays composé ainsi depuis cinq siècles” . De plus, “les enjeux juridiques sont énormes car ce sont des dirigeants politiques et pas de simples militants qui sont poursuivis. Enfin, les conséquences du procès seront très importantes” [Le Parisien]. En fonction de la décision de la justice espagnole, les tensions peuvent en effet être encore plus vigoureuses qu’auparavant. “En cas de verdict condamnatoire, la crise sera encore plus grave entre nous et le pouvoir central” , a menacé l’exécutif sécessionniste à Barcelone [Libération].

Un moment non opportun pour les socialistes espagnols

La justice espagnole étant accusée de partialité par les familles des accusés, le gouvernement socialiste a dû se défendre d’avoir fait pression sur le “troisième pouvoir” pendant l’instruction du procès [France info]. Ainsi, l’exécutif cherche-t-il à apaiser les tensions.

Car “le gouvernement de Madrid n’est pas au mieux de sa forme” , fait savoir La Croix. En effet, à l’inverse de son prédécesseur Mariano Rajoy, le Premier ministre Pedro Sanchez a opté pour une stratégie de dialogue avec les indépendantistes. Il a “plus que tendu la main, prévoyant dans le prochain budget voté mercredi 13 février des investissements colossaux - 2 milliards d’euros - en Catalogne, en échange” de leur vote.

Une attitude jugée trop “molle” par certains, parmi lesquels d’autres socialistes qui risqueraient de perdre quatre régions sur les cinq qu’ils détiennent actuellement. Les prochaines élections, municipales, régionales et européennes, se tiendront en effet toutes le 26 mai [Le Parisien]. “Le tort de Sanchez est d’avoir réveillé l’axe de fracture entre la gauche et la droite au moment où l’Espagne a besoin d’être unie pour trouver une solution politique”, écrit ainsi Benoît Pellistrandi.

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