“L’échec était prévisible, il a eu lieu” , déplore Libération. Réunis jeudi 20 et vendredi 21 février pour négocier le prochain budget à long terme de l’Union, les Vingt-Sept ont fait face à une situation “difficile, presque insoluble” , commente Le Figaro. D’un côté, le départ du Royaume-Uni laisse un trou de 75 milliards d’euros dans les recettes et de l’autre, “les grandes ambitions de l’Union” , climatiques notamment, exigent des investissements supplémentaires.
Une “ligne de fracture” est ainsi apparue. Les “quatre frugaux” (Autriche, Danemark, Pays-Bas et Suède), “soutenus en sous-main par l’Allemagne” , considèrent que l’Union doit limiter ses dépenses à 1 % du RNB communautaire, explique Libération. “Le Brexit a eu lieu, je le déplore, mais il faut l’accepter et adapter notre budget en conséquence” , se défendait ainsi le Premier ministre néerlandais Mark Rutte en conférence de presse [Euronews]. A l’inverse, 17 pays de l’est et du sud, “auto-proclamés ‘amis de la cohésion’ […] veulent protéger les programmes traditionnels, comme le financement des infrastructures et la politique agricole commune” , explique le média.
Problème : entre ces deux positions, “les différences sont trop grandes” , a reconnu Angela Merkel à l’issue du sommet [Le Figaro]. “Je ne pense pas qu’il y ait eu un moment où les deux camps étaient assez proches pour parvenir à un accord” , regrette une source diplomatique citée par Politico. Sans compter les autres débats, qui ont constitué autant de lignes de fracture. Comme sur la réduction du budget alloué à la politique agricole, la mise en place de nouvelles ressources, la suppression des rabais accordés à quelques-uns, ou encore la possibilité de suspendre les aides en cas d’atteintes à l’état de droit…
Refus unanimes
“Charles Michel devait donc concilier l’inconciliable” [Le Figaro]. Mais sa proposition initiale, fixant le budget européen à 1,074 % du RNB de l’UE, n’a satisfait personne. Vendredi après-midi, il a ainsi “soumis aux Vingt-Sept une version ‘ajustée’ ” , l’abaissant à 1,069 % du RNB [Le Figaro]. Si cette version réhaussait les crédits de cohésion et de la PAC, elle s’accompagnait aussi de “gestes à l’intention des quatre ‘radins’ : maintien des rabais, coup de pouce sur la TVA et ristournes sur le financement du budget de la zone euro” , poursuit le quotidien.
Nouvelle offre, nouvel échec. La proposition n’a “même pas été présentée en détail, tant il était clair que le contenu n’était pas suffisant pour combler les différences” , a expliqué la chancelière allemande [Politico].
Pire, le sommet a “contribué à durcir les positions au lieu de les faire converger” , estime Le Figaro. Les frugaux “mènent en réalité une bataille politique” , estime Jean Quatremer pour Libération. En s’opposant à la création de ressources propres pour le budget de l’UE, autonomes des contributions nationales, ces derniers refuseraient de “perdre le contrôle et prendre le risque d’une Union forte” .
“L’exaspération [des autres pays] est allée crescendo” [Le Figaro]. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a même défendu vendredi après-midi un budget à 1,3 % du RNB européen, face aux journalistes dans la salle de presse du Conseil européen. “Tout le monde [est ressorti] plus mal qu’il n’est entré” , a résumé un diplomate à Contexte. Cet échec constitue “un coup dur pour une Union qui ne cesse aussi de répéter qu’elle est, au lendemain du Brexit, plus unie que jamais” , analyse le média.
Charles Michel en échec
Face aux refus unanimes des Etats membres, le président du Conseil européen a fait le choix d’ajourner la réunion. “Le sommet aurait pu virer au fiasco mais les dirigeants européens auront au moins su l’arrêter à temps” , relativise Le Figaro. Il n’en reste pas moins que l’ancien Premier ministre belge a “raté son premier grand test de politique européenne” [Contexte]. Il “aurait pu être mieux préparé à la tâche” , ajoute Politico. “Absolument convaincu” que la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement était “utile et nécessaire” , Charles Michel a cependant estimé avoir “essayé de son mieux” , rapporte le média.
Le président de l’institution s’est “bien gardé de donner la moindre indication sur la suite des opérations. Il n’y a, à ce stade, ni calendrier ni plan nouveau sur la table” , indique Le Figaro. Or le temps presse : “un travail technique substantiel sera nécessaire une fois un accord conclu pour éviter une perturbation des programmes de l’UE” , prévient Politico.
Selon plusieurs sources diplomatiques, “les dirigeants pourraient se réunir à nouveau lors d’un second sommet, peut-être même le mois prochain” [Politico]. Mais “rien ne laisse penser qu’une deuxième rencontre permettrait d’aboutir” , juge Le Figaro.
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