“Une humiliation pour Johnson” : c’est ainsi que le Guardian revient sur la rocambolesque journée de mardi, qui a vu un élu du camp du Premier ministre faire défection, avant qu’une vingtaine d’autres conservateurs le défient en privant le gouvernement du contrôle de l’agenda parlementaire. C’était une question d’urgence pour les élus de la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement britannique : ils ne disposaient que d’une petite semaine pour reprendre la main sur le cours du Brexit entre leur rentrée mardi 3 septembre, et la suspension de leurs activités imposée par Boris Johnson à partir du 9 septembre.
La perte de la majorité
Alors que le Premier ministre s’adressait au Parlement dans l’après-midi pour la seconde fois depuis son arrivée au pouvoir, “le député conservateur Phillip Lee a pris la décision radicale de traverser la salle pour rejoindre les Libéraux-Démocrates” , relate le Guardian. Ce “conservateur convaincu, pro-européen passionné, qui a été ministre de la Justice de Theresa May” et “avait fait campagne pour le maintien dans l’Union européenne” [Challenges] a ainsi retiré à Boris Johnson la dernière voix qui lui assurait la majorité à la Chambre des communes.
M. Lee s’est ensuite expliqué dans un communiqué relayé par Le Monde : “Le Brexit a transformé ce qui fut un grand parti en quelque chose qui ressemble davantage, désormais, à une faction […] infectée par le populisme et le nationalisme anglais” .
Victoire du vote sur l’agenda parlementaire
Anticipant la défiance de son propre camp, Boris Johnson avait “tenu une série de rendez-vous avec des potentiels rebelles” mardi 3 septembre, relate The Guardian. Le Premier ministre leur aurait répété “qu’il était déterminé à obtenir un nouvel accord sur le Brexit […] et que les élus auraient plein de temps pour en débattre et l’approuver” .
Mais ces précautions n’ont pas été suffisantes, puisque “la Chambre a voté à 328 voix contre 301 pour prendre le contrôle de l’agenda [parlementaire] ” [BBC].
Le texte soumis au vote mardi était une motion “permet[tant] l’application d’une règle appelée SO24 (pour ‘Standing Order 24’), laquelle autorise les parlementaires à décider de l’ordre du jour, un rôle qui revient d’habitude au gouvernement” , explique France info. Et c’est par l’alliance de circonstance entre l’opposition et “pas moins de vingt et un députés conservateurs, pour beaucoup anciens ministres” , que cette motion a pu être adoptée [Le Monde]. Ces derniers ont confié au Guardian se sentir “libérés” , même si tous ont été “exclus” du Parti conservateur, conformément à la promesse de Boris Johnson à propos des députés rebelles [Huffington Post].
Vers une loi empêchant une sortie du Royaume-Uni sans accord ?
Après l’épisode de mardi, “la voie semble [ainsi] libre pour un vote, également positif, mercredi, sur le texte imposant le report du Brexit au premier ministre” , selon Le Monde. Celui-ci contraindrait Boris Johnson “à demander à l’Union européenne un nouveau report du Brexit au 31 janvier 2020 au cas où aucun accord de retrait ne serait conclu avec Bruxelles dans les prochaines semaines” , précise Le Figaro. Ce texte de loi sera présenté par les travaillistes à la Chambre des communes ce mercredi 4 septembre dans l’après-midi [France info].
“Pas d’autre choix que de provoquer des élections”
“Furieux de sa défaite, le Premier ministre et leader du Parti conservateur a réagi immédiatement” , rapporte La Croix, et a affirmé que renoncer à la possibilité du no deal revenait à “offrir le contrôle des négociations à l’UE, ce qui entraînerait plus d’hésitations, de retards et de confusion” [The Daily Telegraph]. Boris Johnson a alors “annoncé aux élus qu’il n’avait pas d’autre choix que de provoquer des élections [législatives anticipées] en octobre” , indique la BBC.
Ces élections seraient prévues pour le 15 octobre, d’après le média britannique, soit “deux jours avant le sommet crucial du Conseil Européen à Bruxelles” . Cependant, “le Premier ministre aura besoin d’une majorité aux deux-tiers pour garantir une élection générale” , souligne le Guardian.
Une telle majorité nécessitera alors le soutien des élus du Parti travailliste, qui pose une condition : le chef du Labour Jeremy Corbyn a fait savoir que les députés de son parti ne voteraient pour de nouvelles élections législatives qu’à condition que la loi empêchant le no deal soit ratifiée, fait savoir le Guardian.
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