“Vous vous souvenez du Brexit ? Ce drame de longue durée, qui s’est terminé la saison dernière par une victoire triomphale des conservateurs aux urnes ?” , questionne Politico. L’interrogation, formulée à dessein, montre combien la pandémie de Covid-19 a éclipsé ce dossier majeur de l’actualité européenne. Un dossier “de retour” sur le devant de la scène, complète le média. Ce mercredi 15 avril, les négociateurs européens et britanniques se sont en effet entretenus par visioconférence pour organiser la reprise des discussions concernant la relation future entre les deux blocs après une longue période de statu quo.
“Les discussions ont été suspendues à cause du coronavirus après la première séance de travail début mars” , rappelle La Libre. D’abord parce que l’urgence sanitaire l’imposait, mais aussi parce que le Covid-19 a directement touché quelques-uns des acteurs directs des négociations post-Brexit. Outre le Premier ministre britannique Boris Johnson, frappé par la maladie et hospitalisé pendant une semaine, Michel Barnier, le négociateur pour l’Union européenne, lui aussi contaminé, et David Frost, le négociateur britannique, ont par ailleurs tous deux observé une période de quarantaine en raison du virus, précise la BBC.
Premier bilan en juin
La réunion de mercredi 15 avril a contribué à “identifier tous les principaux domaines de divergence et de convergence” et a conclu à “la nécessité de poursuivre les cycles de négociation” , indique la déclaration commune. Les prochaines discussions se dérouleront par visioconférence au cours des semaines commençant le 20 avril, le 11 mai et le 1er juin avec, au mois de juin, “un examen à haut niveau des progrès réalisés” [Reuters]. Alors que les deux parties sont restées en contact ces dernières semaines, “le dur travail de recherche d’un compromis n’a pas encore commencé” . Un défi de taille, car à l’issue du premier cycle de négociations, Michel Barnier avait déclaré qu’il y avait “de très sérieuses divergences” entre les délégations, qui n’ont pas été résolues depuis [Politico].
Des désaccords qui portent “en particulier sur les conditions de concurrence, l’architecture de l’accord et la pêche” . Les Britanniques souhaitent en effet conclure plusieurs accords séparés, alors que l’Union européenne souhaite parvenir à un accord global [Ouest-France avec l’AFP]. “Tout reste à faire pour aplanir les sujets qui fâchent” , commentent pour leur part Les Echos, qui en dressent la liste : la pêche, les services financiers, “sans compter le level playing field [les conditions de concurrence équitables] que Bruxelles veut imposer à Londres pour éviter tout dumping en matière de concurrence, ou encore d’environnement, et dont Londres ne veut pas entendre parler”. Les deux parties doivent trouver des accords sur ces sujets d’ici la fin de la période de transition, qui s’étire jusqu’au 31 décembre 2020.
Demandes de report
Face aux impératifs liés au Covid-19 et aux nombreuses divergences qui demeurent, l’échéance semble néanmoins difficile à tenir. “En raison de la pandémie mondiale, un délai de négociation qui était déjà jugé improbable est devenu presque impossible [à tenir]” , estime ainsi Politico. Les négociateurs pourront toujours décider d’une prolongation d’ici fin juin, rappelle le Financial Times : “La fin juin est la date limite légale pour toute décision de l’UE et du Royaume-Uni de prolonger la période de transition - un arrangement qui maintient temporairement la Grande-Bretagne au sein du marché unique et de l’union douanière de l’Union” .
De plus en plus de voix s’élèvent justement pour demander l’extension de cette période de transition. “Soyons honnêtes : les dirigeants politiques se concentrent sur autre chose maintenant” , affirme ainsi un fonctionnaire européen au quotidien britannique. Dans une interview diffusée sur la BBC, la directrice du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva a elle aussi appelé le gouvernement britannique à envisager un report, déclarant qu’en raison de “l’incertitude sans précédent” il serait “sage de ne pas en rajouter” [Politico]. Un sondage publié dans le Sunday Times montre également que 64 % des Britanniques seraient favorables à un report de la période de transition au vu du contexte actuel et de la crise sanitaire.
Mais le gouvernement britannique campe sur ses positions. “La politique du gouvernement à ce sujet est inchangée et il est également inscrit dans la loi que la période de transition prendra fin le 31 décembre” , a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement, cité par le Financial Times. Si Londres tient à ce délai du 31 décembre, c’est qu’une prolongation de la période de transition “nécessiterait un accord sur les nouveaux paiements dans le budget de l’UE” , avance The Guardian. Or, selon Les Echos, “Boris Johnson a tout sauf envie d’ouvrir un débat sur la contribution au prochain cycle budgétaire européen qu’une éventuelle extension imposerait au Royaume-Uni” .
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