Theresa May isolée
“Enième rebuffade pour [Theresa] May au Parlement britannique” , titrent Les Echos. Alors que le Brexit doit avoir lieu dans un mois et demi, “les députés ont rejeté, par 303 voix contre 258, la motion dans laquelle le gouvernement expliquait comment il souhaitait renégocier l’accord de divorce conclu avec l’Union européenne” [L’Obs avec l’AFP]. Cet accord, ardûment négocié par la Première ministre avec Bruxelles et sur la table depuis novembre, avait “été sèchement recalé lors d’un vote mi-janvier au Parlement britannique.”
Dans la motion rejetée le 14 février, “l’exécutif affirmait […] poursuivre un double objectif” , détaillent Les Echos. Il s’agissait d’abord d’ “obtenir des ‘arrangements alternatifs’ au ‘filet de sécurité’ censé maintenir une frontière ouverte sur l’île d’Irlande après le Brexit (‘backstop’ en anglais)”. Mais également d’ “écarter le scénario d’un no deal” , soit une sortie sans accord “redoutée par les milieux d’affaires comme par une partie des députés” .
Ce vote symbolique, non contraignant pour l’exécutif britannique, était pourtant “censé renforcer le mandat de Theresa May avant que les négociations avec Bruxelles ne reprennent” , souligne pour sa part RFI. Et le média de remarquer qu’au contraire, à l’issue de ce vote, “le gouvernement repart une fois de plus affaibli, humilié par une nouvelle défaite parlementaire” .
La stratégie du gouvernement a été rejetée à la fois par des députés pro-européens et “ultra pro-Brexit” , explique Le Monde. En souhaitant renégocier le backstop, une disposition de l’accord de sortie cependant exigée par les Vingt-Sept, Theresa May fait craindre un no deal aux europhiles à la Chambre des Communes. Lesquels ont donc rejeté la motion.
Paradoxalement, “ils ont été rejoints par des élus ultra pro-Brexit qui reprochent à l’inverse à ce texte d’incorporer un vote antérieur des Communes excluant l’hypothèse d’un no deal” . Le 29 janvier, les parlementaires britanniques avaient en effet adopté un amendement excluant l’idée d’une sortie de l’UE sans accord.
Avec ces impasses à répétition, le quotidien belge L’Echo estime que “le Parlement britannique fait un pas de plus vers le hard Brexit” , soit une profonde rupture des liens avec l’Union européenne.
Jouer la montre
Sans majorité au Parlement britannique pour des options alternatives à son accord, Theresa May semble donc n’avoir trouvé d’autre moyen que de jouer la montre, selon plusieurs médias. Face aux craintes des conséquences potentiellement catastrophiques d’un no deal de plus en plus imminent, elle parierait sur un ralliement tardif de la Chambre des Communes pour faire accepter son accord conclu en novembre [Le Monde]. Ou sur un fléchissement de la position des Vingt-Sept qui satisferait une majorité de parlementaires britanniques [Les Echos].
Une sortie sans accord menacerait en effet 612 000 emplois dans 43 pays, selon une récente étude de l’Institut allemand Halle pour la recherche économique (IWH) publiée lundi 11 février et mentionnée par Le Figaro. Mais l’échéance a déjà des conséquences sur les exportations britanniques. Comme le souligne Greg Clark, le ministre britannique chargé du commerce cité par La Croix, les exportations du Royaume-Uni vers des territoires lointains seront dans les jours qui viennent déjà potentiellement compromises.
Les marchandises qui mettent plusieurs semaines à être acheminées seraient théoriquement bloquées en cas de no deal, si elles arrivent après le 29 mars, dans les ports de destination qui se trouvent dans des pays qui ont conclu des accords de libre-échange avec l’UE.
Ces perspectives particulièrement négatives feraient donc espérer à Theresa May que les parlementaires britanniques plieront et accepteront l’accord de sortie. La Première ministre britannique “miserait sur la panique du no deal pour arracher aux députés un vote favorable à son accord à quelques jours de la date fixée pour le divorce, le 29 mars” , estime ainsi Le Monde, avec “un sommet européen prévu les 21 et 22 mars [qui] servirait de date butoir” .
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