“Nous en avons un !” s’est exclamé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ce jeudi 17 octobre [Le Point], dans une déclaration sous forme d’ “Habemus Brexit Deal” commente Courrier international. Un “miracle” , titre Le Monde : l’annonce d’une entente entre le Royaume-Uni et l’UE sur un accord de sortie, “arraché laborieusement” [France 24 avec l’AFP], a été unanimement saluée par les dirigeants européens, réunis à l’occasion d’un sommet.
Un accord “in extremis” , commente Le Point. Prévu pour le 31 octobre même en cas de no deal, selon Boris Johnson, le divorce entre l’UE et le Royaume-Uni pourra finalement s’appuyer sur un texte. A condition que celui-ci soit ratifié par le Parlement britannique samedi 19 octobre : une confirmation pour le moins incertaine.
Comme un sentiment de victoire à Bruxelles
“Le Conseil européen approuve cet accord” à l’unanimité, s’est félicité en fin de journée le président du Conseil européen Donald Tusk [Franceinfo]. Si “l’optimisme était revenu la semaine dernière à la suite d’un rapprochement entre Dublin et Londres” , rappelle Le Point, un tel enthousiasme n’était pas attendu pour autant. Alors que Boris Johnson saluait “un excellent nouvel accord” , poursuit l’hebdomadaire, les autres chefs d’Etat et de gouvernement ont également applaudi l’issue des tractations. Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a reconnu un accord “bon pour l’Irlande et l’Irlande du Nord” , tandis que son homologue luxembourgeois, Xavier Bettel, a exprimé son soulagement.
Le négociateur en chef pour l’Union, Michel Barnier, a aussi fait part de sa satisfaction, arguant que cet accord amènerait “davantage de certitude” . “Le rôle qu’il a joué depuis trois ans est unanimement loué” , commente L’Express.
“Les milieux d’affaires britanniques ont [quant à eux] timidement salué le nouvel accord qui laisse sceptiques les marchés” [Le Figaro]. La livre britannique “a grimpé à l’annonce du compromis avant de perdre du terrain, craignant que l’accord ne soit rejeté par le Parlement britannique” , explique le quotidien. Une crainte partagée par le président français Emmanuel Macron, dont “la satisfaction s’accompagne d’une légitime prudence” , rapporte Le Point.
Insatisfaction britannique
Si les Européens se félicitent du compromis, il n’en va pas de même outre-Manche, où l’on craint que “le Brexit de Boris Johnson [pèse d’avantage] sur l’économie britannique que celui de Theresa May” , s’inquiètent Les Echos. Au Parlement de Westminster, “le gouvernement ne dispose plus que de 288 élus, contre une majorité absolue de 320 voix à la Chambre des communes” : les députés, appelés à siéger samedi 19 octobre, risquent ainsi de “rejeter pour la quatrième fois un accord de divorce avec l’UE” .
Sans surprise, cet accord suscite une vive opposition chez les partisans du maintien dans l’Union : “les indépendantistes écossais du SNP (35 députés) comme les libéraux-démocrates (19) ont (…) opposé une fin de non-recevoir” , rapporte France 24. Tout comme le principal parti d’opposition, le Labour, dont le leader Jeremy Corbyn “a appelé les députés britanniques à ‘rejeter’ l’accord” , explique Le Point, dénonçant une “entente au rabais” [Euronews].
Il en va cependant de même chez certains partisans d’un Brexit “dur” : pour les unionistes nord-irlandais du DUP, “pas question d’avaliser un texte traitant l’Irlande du Nord différemment du reste du Royaume-Uni” , poursuit France 24. Idem pour le très eurosceptique Nigel Farage, qui a “estimé que le nouvel accord ‘n’est pas un Brexit’ ” [Le Point], et déclaré préférer “reporter la sortie de l’Union qu’accepter le nouvel accord” , rapporte The Telegraph.
Bien que “l’arithmétique parlementaire [soit] loin d’être favorable” [France 24], Boris Johnson maintient avoir “très bon espoir que (…) les députés de tous les partis (…) [voient] les avantages [à] soutenir” l’accord. Il “pourrait compter sur le soutien de 21 députés rebelles qu’il avait exclus” de son parti, analyse le directeur adjoint du centre de réflexion “UK in a Changing Europe” , Tim Bale, pour France 24. “Des députés travaillistes pourraient également défier la consigne de vote de leur leader” , ainsi que certains “ ‘Spartiates’ de l’aile droite des conservateurs, qui semblent prêts à (…) soutenir le deal de Johnson” , commente The Guardian.
La suite des événements difficile à prévoir
“Jean-Claude Juncker a averti jeudi soir que la situation deviendrait ‘extrêmement compliquée’ si le Parlement britannique rejetait samedi l’accord” , rapporte L’Express avec l’AFP. Le président de la Commission européenne avait plus tôt écarté tout report de la date du Brexit [Le Point]. Tout comme Boris Johnson, qui serait pourtant “contraint par une loi de solliciter un report de trois mois du Brexit afin d’éviter un ‘no deal’ ” [France 24].
Pourtant, les Vingt-Sept “laissent la porte ouverte à une possible extension” , révèle une source diplomatique européenne au Guardian. A Londres, “l’opposition voudrait profiter d’un délai pour soumettre l’accord à référendum” , et “estime qu’un report est inévitable dans tous les cas, ne serait-ce que pour pouvoir passer la législation nécessaire à la mise en œuvre du Brexit si l’accord était approuvé” , commente France 24.
Quoi qu’il arrive, Michel Barnier, dont le “nom court (…) pour devenir le nouveau candidat français au poste de commissaire européen” [L’Express], estime “[avoir] fait [son] travail” [Le Point]. Il a de nouveau été sollicité par la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour “lancer la négociation de la nouvelle relation commerciale avec Londres après le Brexit” . “Notre porte restera ouverte, si le Royaume-Uni décide un jour de revenir dans l’Union” , a conclu le président du Conseil européen Donald Tusk avec émotion [Franceinfo].
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