Le backstop au cœur des débats
Après l’Ecosse et le Pays de Galles, le Premier ministre britannique continue son opération séduction, mais en Irlande du Nord cette fois, dernière étape d’une “tournée de trois jours dans les nations décentralisées du Royaume-Uni” , rapporte la BBC. Mercredi 31 juillet, il doit y rencontrer les cinq principaux partis, pour aborder entre autres “l’avenir de la frontière terrestre de l’île d’Irlande après le Brexit - et le filet de sécurité irlandais proposé” .
“Solution de dernier recours destinée justement à éviter le retour d’une frontière physique sur l’île d’Irlande” [Huffington Post], ce “backstop” , que M. Johnson demande à l’Union européenne d’abandonner, consisterait, si aucune autre solution n’était trouvée d’ici à 2020, à maintenir l’Irlande du Nord alignée sur un nombre limité de règles du marché unique européen. Tandis que le reste du Royaume-Uni serait lié à l’UE par un accord douanier.
Or ce filet de sécurité est “l’un des points de crispation majeurs sur le Brexit” , note La Libre, en particulier pour “le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, allié indispensable des conservateurs au Parlement” . Ce dernier “refuse un traitement différent de l’Irlande du Nord par rapport au reste du Royaume-Uni, qui pourrait selon lui ouvrir la voie à une réunification de l’Irlande, son cauchemar” , poursuit le média belge.
Le Premier ministre a par ailleurs promis, lors de sa visite, de faire “tout ce qui [était] en [s]on pouvoir” [BBC] pour résoudre l’impasse politique qui prive la province de gouvernement depuis deux ans.
Vers un rétablissement de la frontière nord-irlandaise ?
D’un autre côté, le risque d’une résurgence des violences en Irlande du Nord est une problématique à laquelle Boris Johnson doit faire face. “Après le Brexit, les 500 kilomètres qui séparent l’Irlande du Nord (province britannique) de la République d’Irlande (membre de l’Union européenne) vont devenir la seule frontière terrestre entre l’UE et le Royaume-Uni” , note La Libre. Or celle-ci “a été le point de convergence de nombreuses violences pendant” le conflit nord-irlandais, qui a fait 3500 morts à la fin du siècle dernier, déclarait en avril à l’AFP Gemma Clark, professeure d’histoire à l’université d’Exeter, citée par 20 minutes.
Mardi 30 juillet, Boris Johnson s’était entretenu au téléphone avec son homologue irlandais Leo Varadkar, lui aussi inquiet quant à l’avenir de la frontière. Il lui a ainsi affirmé que “son gouvernement était déterminé à ne ‘jamais’ rétablir de contrôles physiques à la frontière irlandaise après le Brexit” , même en cas de sortie sans accord le 31 octobre, note Le Point. Il a aussi “répété qu’il voulait un accord de sortie avec l’UE mais sans le ‘filet de sécurité’ irlandais” [Huffington Post].
Mais Leo Varadkar considère pour sa part que le backstop est “nécessaire et la conséquence de la décision prise au Royaume-Uni” de quitter l’UE, selon un communiqué de ses services cité par Le Point. Et souligne que l’UE est “unie dans son refus de réviser l’accord de retrait” pour y retirer cette option. Des “solutions alternatives” , régulièrement évoquées par M. Johnson mais jamais précisées, “pourront remplacer le backstop dans le futur (…) mais il reste à identifier des solutions satisfaisantes et à en faire la démonstration” , a ajouté M Varadkar.
Quelle issue ?
La stratégie de M. Johnson mènera-t-elle à une sortie renégociée ? Empêchera-t-elle l’éclatement du pays ? En Ecosse, “le vote en faveur de l’indépendance a gagné quelques points depuis la crise du Brexit et la démission de Theresa May” , note Le JDD. La peur d’un tel scénario “ou d’une réunification de l’Irlande ne finira-t-elle pas par convaincre les conservateurs plus libéraux de laisser tomber Johnson et son gouvernement de combat ?” , s’interroge David Cayla, économiste et maître de conférences à l’université d’Angers dans une Tribune au Figaro. Ou bien les Européens feront-ils preuve “d’un minimum de souplesse” en renégociant le projet d’accord, comme le suggère le chercheur [Le Figaro] ?
Les projets de M. Johnson ne semblent en tout cas pas convaincre les marchés : “la livre britannique, pénalisée par les craintes grandissantes d’un Brexit sans accord, perdait [mardi] plus de 1 % (…) et tombait ainsi à son plus bas depuis deux ans face au dollar et à l’euro” , assure France24.
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