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[Revue de presse] Au Portugal, les socialistes renforcés après les élections législatives

Le Premier ministre sortant du Portugal, António Costa, a remporté les élections législatives du 6 octobre. Ce scrutin a consolidé les socialistes au pouvoir, tandis que la droite recule. Un résultat lié au bilan économique positif de la coalition de gauche, au pouvoir depuis 2015.

António Costa lors de la préparation d'un Conseil européen, en 2015 à Bruxelles - Crédits : Tim De Backer / Flickr PES Communications CC BY-NC-SA 2.0
António Costa lors de la préparation d’un Conseil européen, en 2015 à Bruxelles - Crédits : Tim De Backer / Flickr PES Communications CC BY-NC-SA 2.0

C’est, pour un pays européen, un résultat inattendu “à l’heure où les autres partis socialistes européens s’effondrent” , explique Courrier International. Pour autant, la victoire ce dimanche du Parti socialiste d’António Costa aux élections législatives portugaises n’apparaît pas si surprenante : fort d’un bilan économique positif, le Premier ministre a, en quatre ans de pouvoir, fait passer son pays “de mouton noir à modèle de sortie de crise” [Challenges].

Son parti de gauche, avec 36,65 % des suffrages, devrait obtenir “au moins 106 sièges sur 230 au Parlement, contre 86 en 2015″ , note Courrier International. Pas de majorité absolue donc, mais de nouveaux accords de coalition en discussion, avec un Parti socialiste largement renforcé.

António Costa n’est d’ailleurs pas menacé à la tête du gouvernement, le Parti social-démocrate (PSD), principal parti d’opposition de centre-droit, ayant “reculé à 27,9 % des voix et 77 sièges contre 89 [en 2015]” .

La coalition de gauche reconduite ?

La progression du Parti socialiste (PS) par rapport à 2015 était attendue. “Jamais il n’y a eu aussi peu de suspense, toute la question est de savoir si António Costa va obtenir, ou non, la majorité absolue” , prédisait avant le scrutin Paulo Portas, le vice-président de la Confédération du commerce et de l’industrie portugaise [Challenges].

António Costa pourrait ainsi être amené à reconduire l’alliance qu’il a tenu au cours des quatre dernières années, une alliance “inédite” des partis de gauche, rappelle Libération avec l’AFP. “Surnommé péjorativement la ‘geringonça’ (attelage de bric et de broc) par ses adversaires” , ce gouvernement minoritaire du PS avait bénéficié du soutien du Bloc de gauche (gauche radicale) et du Parti communiste.

Ayant remporté “9 % et 6 % des suffrages” dimanche 6 octobre, soit 19 et 12 sièges, les deux partis “[ont] déjà affiché [leur] volonté de discuter avec les socialistes” , rapporte France Info avec l’AFP.

Toutefois, “le triomphe clair du Premier ministre António Costa (…) lui permettra de choisir ses soutiens pour la formation de l’exécutif” , commente El País : il pourrait préférer à une entente fixe des accords modulables avec ses alliés de gauche, comme “un accord annuel du budget de l’État” . En effet, “le Bloc [de gauche] est un parti eurosceptique qui a inscrit à nouveau dans son programme la renégociation de la dette publique auprès de Bruxelles. Une exigence qui déplaît à Costa l’Européen” , explique RFI.

Et parmi les autres exigences des partis de gauche radicale : “une augmentation générale des salaires de 90 euros par mois, une hausse du salaire minimum de 600 à 850 euros au cours du prochain mandat” , “la suppression de la réforme du travail imposée par la troïka [BCE, Commission européenne et FMI]” , et “l’embauche de mille fonctionnaires de santé” , ajoute El País.

Un Premier ministre pragmatique au bilan positif

Pas sûr qu’António Costa se soumette à ces demandes. Il pourrait donc choisir d’ “atteindre la majorité avec des géométries variables” et des “accords ad hoc” , explique l’analyste Pedro Norton [La Croix]. Le Premier ministre sortant est “capable de faire voter les questions sociales en négociant avec la gauche un jour, et de faire voter la réforme du travail grâce à la droite le lendemain” , rappelle Paulo Portas dans Les Echos, décrivant António Costa comme un “pragmatique” .

Si certains opposants y voient “une stratégie clientéliste face aux fonctionnaires et aux syndicats” [Les Echos], cette politique a porté ses fruits : il a “réussi le grand écart de détricoter les mesures de rigueur en augmentant les retraites ou les salaires des fonctionnaires, tout en profitant de la bonne conjoncture pour jouer les premiers de la classe de la zone euro en matière de déficit public” , explique Le Point avec l’AFP.

Arrivé au pouvoir en 2015, il a permis de “tourner la page de la récession, le pays affichant une croissance de 3,5 % en 2017″ , “un excédent budgétaire de 0,4 % du PIB en juillet 2019″ , et un taux de chômage à 6,5 %, liste le quotidien belge L’Echo.

Exception européenne

Portée par ces bons résultats économiques, la gauche portugaise bénéficie par ailleurs d’un contexte (presque) unique en Europe, où les Etats “[semblent poussés] par des vents libéraux et populistes” , explique Challenges. Au Portugal, “la droite populiste ne pèse pas sur le débat politique, même si le parti Chega ! (‘Assez !’) est entré au parlement avec un député” , ajoute Libération. Le centre droit traditionnel perd aussi de l’influence, rappelle El País : “son travail d’opposition durant quatre ans s’est concentré sur l’anticipation du chaos et du désastre à venir, or rien de tout ça ne s’est produit” . Cet effondrement de l’opposition a donc finalement fait de la campagne électorale une “bataille entre les gauches” , poursuit le quotidien espagnol.

Ce scrutin a par ailleurs été “marqué par une abstention record à plus de 46 %” [Le Point], et ce “malgré les appels à la participation du président du pays (…) et de tous les candidats” [El País]. La victoire socialiste s’explique donc par la “popularité au beau fixe” d’António Costa [L’Echo], qui a bénéficié du “vote de continuité” des électeurs socialistes, explique El País. Une popularité maintenue, “même si la dette publique avoisine toujours les 120 % du PIB et que les Portugais se plaignent toujours des bas salaires [et] d’une dégradation des services publics” , nuance Le Point. Des “faiblesses structurelles demeurent” , notent aussi Les Echos, tandis que les beaux résultats économiques actuels s’appuieraient en partie “sur les mesures d’austérité prises par le gouvernement précédent” , et notamment sur le “plan de sauvetage de 78 milliards d’euros” de l’UE et du FMI datant de 2011, selon L’Echo.

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