“Pour Emmanuel Macron, c’est le moment d’être pragmatique avec la Pologne” , annonce d’emblée Politico. En visite officielle en Pologne les 3 et 4 février, le président français a rencontré lundi son homologue Andrzej Duda, ainsi que le Premier ministre Mateusz Morawiecki. L’objectif ? Améliorer les relations entre les deux pays. “Oublier les anciens griefs et afficher une ambition commune” , selon Le Figaro. Car, “la relation franco-polonaise n’est pas bonne, c’est une litote” , analysent Les Echos.
Historiquement cordiaux, les rapports entre Paris et Varsovie sont “sous pression depuis que le PiS [Parti droit et justice, droite nationaliste] est arrivé au pouvoir en 2015″ , rappelle Politico. Suite à l’annulation surprise d’un gros contrat avec Airbus par la Pologne en 2016, “François Hollande a annulé une visite à Varsovie, et les liens se sont gelés” , résume le média américain. La pique envoyée par Emmanuel Macron peu après son élection en 2017 - “le peuple polonais mérite mieux que ses dirigeants” - n’avait pas arrangé les choses [Les Echos].
Ces relations pourraient-elles désormais repartir d’un bon pied ? “Je crois profondément qu’il y a une percée dans les relations franco-polonaises” , a déclaré lundi Andrzej Duda à la suite de sa rencontre avec son homologue français [Politico].
Des intérêts convergents dans l’UE
Quelques jours après le Brexit, l’organisation de cette visite ne tient pas du hasard. Ce moment “historique” , selon les mots du présidents polonais [Le Figaro], pourrait rebattre les cartes en Europe. Car “avec le Brexit, la Pologne perd un allié de poids au sein de l’Union européenne, la plus grande économie à l’extérieur de la zone euro, une voix atlantiste et très sceptique envers la Russie” , relève Michal Baranowski, directeur du bureau de Varsovie du German Marshall Fund [La Croix]. Parallèlement, en tant que “première économie des ex-pays de l’Est, la Pologne voit mécaniquement son poids augmenter dans l’UE” , ajoute Libération.
De son côté, “l’Elysée reconnaît que la Pologne est incontournable sur tous les sujets clés du moment” . Qu’il s’agisse des négociations du prochain budget pluriannuel européen, de l’Europe de la défense ou de la transition climatique, “il n’y a pas d’avancées durables sans sa coopération” , a déclaré une source parisienne aux Echos. Une considération réciproque, selon Andrzej Duda : “nous voyons que la France devient une puissance et que son rôle va augmenter dans cette nouvelle Europe post-Brexit” [Le Figaro].
Le triangle de Weimar pourrait ainsi être remis au goût du jour. “Cet axe de coopération Paris-Berlin-Varsovie, [qui] n’était plus actif depuis l’entrée de la Pologne dans l’UE en 2004, […] pourrait devenir l’un des futurs moteurs européens, au-delà de la relation franco-allemande” , relève Krzysztof Soloch, expert de la relation franco-polonaise, pour La Croix.
Défense et écologie
Emmanuel Macron et les dirigeants polonais se sont donc concentrés lundi sur leurs intérêts communs, les questions de défense en premier lieu. “La Pologne et la France contribuent ensemble à la sécurité européenne et au partenariat transatlantique” , annonce la déclaration signée entre le président français et le Premier ministre Mateusz Morawiecki. Et si Emmanuel Macron a également déclaré qu’il “assum[ait]” sa proclamation sur la “mort cérébrale de l’Otan” , quelques mois plus tôt, “il a souligné qu’avec près de 4000 militaires y participant annuellement, la France était totalement engagée, dans le cadre de l’Otan, sur le flanc Est de l’Europe” , relève Libération.
Les dirigeants n’ont pas non plus esquivé la question écologique, plus sensible. Appelant à “ne pas sous-estimer les efforts que la Pologne doit faire” pour sortir du charbon [Politico], le président français souhaite presser “Bruxelles de flécher plus directement vers la Pologne les crédits du Fonds de transition juste” , dans le cadre du Pacte vert [Les Echos].
En revanche, “la France a décidé de laisser la Commission européenne gérer la très délicate question de l’État de droit en Pologne, sans cacher son hostilité aux réformes menaçant l’indépendance de la justice” , selon La Croix. Une posture qu’a tenue à expliquer le président français le soir même, à l’ambassade française de Varsovie : s’il est vrai que les valeurs ont été “bousculées” par le gouvernement polonais actuel, il suggère que c’est en lui démontrant “que son avenir se construit dans le réinvestissement dans l’UE” que l’on aidera la Pologne à retrouver le chemin du droit, rapporte Libération.
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