C’est “un véritable tournant pour l’Europe dans le soutien de l’industrie spatiale” [Air & Cosmos]. Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur et notamment en charge des questions spatiales, s’est félicité mardi 21 janvier des prêts d’un montant de 200 millions d’euros débloqués par la Commission européenne et la Banque européenne d’investissement (BEI) en faveur du programme Ariane 6 et des PME du secteur spatial.
L’annonce des prêts est intervenue lors de la conférence spatiale européenne (21-22 janvier) à Bruxelles, destinée à “réfléchir aux nouveaux objectifs du secteur pour la décennie à venir” [La Croix]. C’est le 12ème rendez-vous de ce genre, auquel participent “neuf commissaires européens […] en compagnie de ministres européens et d’industriels du secteur” , dans un contexte où “la Commission européenne veut afficher de nouvelles ambitions politiques” , rapporte La Croix.
“Garantir un accès autonome européen à l’espace”
Un premier prêt de 100 millions d’euros “financera en partie les investissements d’ArianeGroup dans le développement d’Ariane 6, c’est-à-dire des installations industrielles plus compétitives et respectueuses de l’environnement en Allemagne et en France, notamment en Guyane” , indique André-Hubert Roussel, président exécutif d’Ariane-Group, cité dans un communiqué de la Commission européenne [L’Express avec l’AFP].
La fusée Ariane 6, successeure d’Ariane 5, “est au cœur de l’objectif de garantir un accès autonome européen à l’espace” , a rappelé Thierry Breton [L’Express]. Et plus précisément, de “rester dans la course des lanceurs lourds, en étant capable de viser vers toutes les orbites, qu’il s’agisse de satellites géostationnaires ou de missions en orbite terrestre basse ou moyenne” , explique L’Usine Nouvelle.
Le coût total du développement d’Ariane 6, qui doit effectuer son premier tir à la fin de l’année, “est estimé à trois milliards d’euros, en grande partie financé par l’Agence spatiale européenne” , fait savoir L’Express.
L’autre prêt de 100 millions d’euros est voué au programme InnovFin Space Equity, “qui vise en particulier à soutenir l’innovation et la croissance des PME européennes du secteur des technologies spatiales” , relève Air & Cosmos. “De quoi ravir les entrepreneurs européens qui peinaient à financer leurs projets et avaient tendance à se tourner vers des capitaux privés hors Union européenne, en particulier aux États-Unis” , analyse L’Usine Nouvelle.
Budget en cours de négociation
Ces garanties de financement pour l’industrie spatiale arrivent au moment où l’Union “se trouve en plein débat sur son cadre financier pluriannuel pour 2021-2027″ , à savoir le budget européen pour ces 7 années à venir, note La Croix. Actuellement, “la Commission européenne réclame 16 milliards d’euros […] pour améliorer et renforcer les infrastructures spatiales de l’Europe” , rapportent Les Echos. Mais cet effort “est loin de faire l’unanimité” .
16 milliards d’euros, “c’est le minimum pour assurer la continuité de ces services spatiaux et leur évolution technologique” , explique-t-on au sein de l’équipe de Thierry Breton [Les Echos]. Les programmes Galileo, le GPS européen, et EGNOS nécessiteraient à eux seuls 9,7 milliards sur sept ans “pour rester au top de la technologie” . Tandis que, selon les plans de la Commission européenne, “5,8 milliards d’euros ser[aient] affectés à Copernicus pour lui assigner une nouvelle mission sur le changement climatique” , ajoute La Croix.
“Reste maintenant à savoir si ce projet de budget résistera aux tractations entre États-membres, mais aussi au Brexit” , s’interroge La Croix. Car les Britanniques, en pointe en matière de technologie spatiale, “ont grandement contribué à Galileo, notamment sur son pilier sécurité” . Le Brexit pourrait désormais impliquer de se passer de leurs compétences, mais aussi de leur contribution au budget spatial européen. En conséquence, la Finlande, qui a présidé le Conseil de l’UE au cours du précédent semestre, avait proposé “de réduire de 10 % le montant de l’enveloppe de 16 milliards d’euros […] soit 1,6 milliard en moins” , rapporte Le Figaro. Selon Les Echos, “les négociations devraient durer toute l’année” .
Rester dans la course
Rester à la pointe du domaine spatial est l’un des défis identifiés par la conférence spatiale européenne. Car la concurrence internationale est rude : “en 2019, l’Europe a réalisé 9 lancements de satellites via Arianespace, contre 34 pour la Chine, 27 pour les États-Unis et 22 pour la Russie” , rappelle ainsi La Croix. De plus, “la Nasa a relancé la conquête spatiale avec la promesse d’envoyer de nouveau des astronautes américains sur la Lune en 2024, et de leur faire atteindre Mars en 2033″ .
Pour l’heure, l’Union européenne reste dans la course. Il y a Copernicus, “consacré à l’observation de la Terre” , de même que Galileo “imaginé en 1999 pour mettre fin à la dépendance de l’Europe vis-à-vis du système américain” de GPS et qui “devrait tourner à plein régime en 2020″ , et enfin EGNOS, un “outil indispensable pour sécuriser la géolocalisation dans des domaines ayant besoin d’une très grande fiabilité” , énumère La Croix. Aussi, “la fusée européenne a bien résisté à l’offensive des américains SpaceX et Blue Origin […], alors que la russe Proton a quasiment disparu du paysage” , relève Le Figaro.
“Ce n’est pas le moment de baisser la garde, sinon l’Europe ratera cette révolution spatiale dont dépendent la prospérité de nos économies et de nos entreprises ainsi que notre sécurité” , insiste à ce titre André-Hubert Roussel auprès du Figaro. Dans tous les cas, “le millier d’acteurs européens de l’industrie spatiale réunis à [Bruxelles] peut se rassurer : l’espace est bien devenu une priorité sur l’agenda européen” [Les Echos].
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