Action des citoyens mécontents
Le parti populiste Action des citoyens mécontents (ANO), “qui signifie ‘Oui’ en tchèque” , a remporté les élections législatives tchèques des 20 et 21 octobre avec 29,7% des suffrages, “soit 78 sièges à la chambre basse (…) sur 200″ [La Croix]. Le parti lancé par Andrej Babiš en 2011 a axé sa campagne “contre l’approfondissement de l’intégration européenne et contre l’adoption de l’euro, couplée à ses promesses d’une politique plus ‘propre’ dans le pays” [France 24].
Les partis traditionnels ont subi un important revers, relèvent Les Echos : “les libéraux du Parti démocratique civique (ODS) [sont] crédités de 11,3% des voix (25 sièges)” , tandis que “le Parti social-démocrate (CSSD) (…) plonge à la 6e position (7,3% des voix) alors qu’il aurait dû être crédité de la très bonne santé économique du pays” . Le Figaro relate que le Parti communiste a “également perdu des points, plafonnant à 8%” .
La Libre (Belgique) détaille que “juste derrière l’ODS” on retrouve le parti Pirate, ainsi que Liberté et démocratie directe (SPD, extrême droite), qui “réalisent une percée spectaculaire” , en obtenant respectivement 10,8% et 10,7% des votes. Le quotidien belge, souligne aussi que “deux partis démocratiques - le rassemblement de maires indépendants STAN et les conservateurs pro-européens de TOP 09 - ont franchi le seuil d’éligibilité de 5%” .
Le “Trump tchèque”
Le président tchèque Milos Zeman, suite à la victoire d’ANO, “a annoncé dimanche son intention de nommer Andrej Babiš au poste de premier ministre” [Tribune de Genève]. Ce “magnat de l’agroalimentaire et des médias, deuxième fortune du pays” , est souvent comparé à Donald Trump ou à l’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi [France 24]. Ainsi, pour Les Echos, la victoire du milliardaire tchèque est “du jamais vu en Europe, sauf durant l’ère Berlusconi en Italie” .
Agé de 63 ans, ce natif de Bratislava, dont le parti est depuis 2013 “la deuxième force politique du pays” , a été nommé “ministre des Finances à partir de janvier 2014” , au sein du gouvernement dirigé par le social-démocrate Bohuslav Sobotka. M. Babiš sera limogé de ce poste trois ans plus tard, Le Premier ministre “voyant d’un mauvais œil ses possibles fraudes fiscales et conflits d’intérêt” [France 24]. Le Figaro rappelle en outre que sur Andrej Babiš “pèse une mise en examen pour détournement de subventions européennes et une enquête sur sa supposée collaboration avec la police politique à l’époque communiste” .
La percée de nouveaux partis
L’émergence des nouveaux partis en plus de ANO, comme le parti Pirate qui est “une formation pro-européenne, qui prône la démocratie directe et l’utilisation d’internet pour favoriser la transparence politique” , ou encore le parti d’extrême droite SPD, est l’autre fait marquant de cette élection [Le Figaro].
Selon le président de la New York University à Prague Jiri Pehe, cité par La Libre, “cette élection témoigne d’un fossé générationnel entre les jeunes, à l’aise avec la mondialisation et les nouvelles technologies, qui ont voté massivement pour les Pirates, et les plus âgés, qui en cas de crise se raccrochent à un chef autoritaire comme Babiš, comme sous le régime communiste” . Selon M. Pehe, pessimiste, la République tchèque “se retrouve dans une impasse politique” .
En effet, Andrej Babiš doit désormais former une coalition mais “cette tâche pourrait s’avérer difficile” [France 24]. Ce dernier, informe La Croix, a “proposé des négociations à tous les partis entrés au Parlement pour former une coalition et le gouvernement” . Cependant l’ODS et les sociaux-démocrates “ont déjà décliné l’offre de participer à un gouvernement ‘s’il s’y trouve des gens poursuivis par la justice’ ” [Les Echos]
Toutefois, selon Les Echos, les positions de ces partis sont susceptibles de “s’amollir à mesure que les négociations vont avancer” . Le Figaro se demande pour sa part si le “Trump tchèque” va s’orienter vers “une alliance avec les conservateurs traditionnels de l’ODS” , ou bien “chercher alliance avec d’autres partis, dont le SPD” . Enfin, preuve ultime que les jeux sont ouverts, “le milliardaire pourrait aussi décider de gouverner avec un gouvernement minoritaire” .