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Renouvellement inattendu du glyphosate pour 5 ans : l’Allemagne approuve, la France critique

Lundi 27 novembre, les Vingt-Huit Etats membres de l’Union européenne ont finalement approuvé, à la majorité qualifiée, le renouvellement de la licence du glyphosate, pour cinq années supplémentaires. La réautorisation a été validée de justesse grâce au vote surprise de l’Allemagne en sa faveur, alors que jusqu’à présent Berlin avait opté pour l’abstention.

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Une majorité de justesse

Après deux ans de tractations et de blocages, lundi 27 novembre “la fumée blanche est venue quand plus personne ne l’attendait” [Les Echos]. L’herbicide a finalement été renouvelé pour une durée de cinq ans au sein de l’Union européenne. En l’absence d’un accord entre les Etats, c’est la Commission européenne qui aurait dû trancher, mais, comme le soulignent Les Echos, cette dernière est “soulagée de ne pas avoir à assumer elle-même une décision qu’elle sait impopulaire” .

Pour obtenir la majorité qualifiée, l’exécutif européen devait obtenir le vote de 55% des Etats membres représentant au moins 65% de la population de l’Union. Comme l’explique L’Humanité, “la prolongation a été obtenue de justesse” , avec 18 pays représentant “65,71% de la population européenne” .

Parmi les Etats en faveur du renouvellement, sur cette ligne depuis des mois, on retrouve le Royaume-Uni ou encore l’Espagne. Mais ce sont les indécis qui ont fait basculer le scrutin. En effet, “la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et l’Allemagne, qui s’étaient abstenus ces derniers mois, ont cette fois-ci voté pour une prolongation de 5 ans” [Les Echos]. Selon le quotidien économique, “c’était plus ou moins attendu des trois premiers” .

En face, le front des pays contre le renouvellement de l’herbicide “emmenés par la France, la Belgique et l’Italie, est resté uni” [Les Echos]. Or, L’Humanité indique que les 9 Etats opposés à la réautorisation, “ne pouvaient en aucun cas se prévaloir, ni de la majorité numérique, ni de leur population qui ne représente que 32% des habitants de l’Europe” .

Rupture de confiance massive

C’est donc le revirement de l’Allemagne, jusqu’alors indécise, “qui a fait pencher la balance en faveur de la réautorisation. Au détriment de la volonté française” [Libération]. D’après Les Echos, le changement de position allemande “est intervenu après avoir fait amender le texte pour encadrer, mais pas interdire, l’usage du glyphosate par des particuliers et dans les lieux publics” .

Ce vote de Berlin n’est toutefois pas sans créer “des tensions” au sein du gouvernement. En effet, la ministre de l’Environnement Barbara Hendricks a déclaré avoir “clairement établi [avec le ministre de l’Agriculture] que l’Allemagne, lors de la réunion du comité d’appel, devait s’abstenir” [Le Monde].

La situation n’est pas anodine” comme le remarquent Les Echos, car Mme Hendricks est sociale-démocrate (SPD), alors que le ministre de l’Agriculture Christian Schmidt provient du parti conservateur bavarois CSU, allié à la démocratie-chrétienne d’Angela Merkel. Or, pour le SPD il s’agit d’une “rupture de confiance massive” tandis que le parti a accepté d’ouvrir des négociations dans le but de former une coalition pour que la chancelière allemande puisse former un gouvernement [Les Echos].

Interdire le glyphosate en France sous 3 ans

Pour Nicolas Hulot, ministre français de l’Environnement, l’Allemagne aurait pu être “plus ferme” . Le pays aurait “pu s’abstenir et cela aurait changé l’issue du vote” , a-t-il regretté [Libération. Quelques heures après le scrutin, le président Emmanuel Macron a affirmé sur Twitter que les “dispositions nécessaires” seront prises pour que “l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans” [Le Figaro].

Une position différente de celle de Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, qui s’est pour sa part félicité du vote des Etats membres : “nous avons réussi à force de dialogue, à force de discussion avec nos partenaires, à réduire de moitié la durée [initiale de dix ans] qui était prévue” [Le Figaro].

Des réactions contrastées à Bruxelles

Du côté de Bruxelles, le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis a salué un vote qui “montre que quand nous voulons, nous pouvons partager et accepter notre responsabilité collective dans la prise de décision” [Les Echos].

Le syndicat d’agriculteurs européens Copa-Cogeca a estimé que le vote en faveur de l’herbicide “est une bonne nouvelle […], mettant fin à l’incertitude pour les agriculteurs” [Les Echos]. Un point de vue notamment partagé par la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire français.

A l’inverse, pour Générations futures, Foodwatch ou la Ligue contre le cancer, les Vingt-Huit ont “balayé le principe de précaution et la santé du revers de la main” [Le Figaro]. Les Echos avancent également que “certains” au Parlement européen, dont les Verts, “envisagent déjà des actions en justice contre le futur renouvellement du glyphosate” .

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