La presse française salue un choix “lucide” et “digne”
Nombreux sont les éditorialistes à avoir salué la décision du président, louant un choix courageux, digne de la fonction présidentielle.
Ainsi, Laurent Joffrin estime dans Libération que “rares sont les hommes politiques suffisamment lucides pour s’écarter volontairement du pouvoir au nom d’un intérêt plus grand, d’une solidarité nécessaire, d’une idée” . Guillaume Goubert dans La Croix abonde dans son sens, considérant qu’il “faut certainement une forme de courage pour prendre la décision annoncée jeudi soir par François Hollande” . Si d’après l’éditorialiste, le bilan de François Hollande est “décevant, parfois déplorable et même gravement critiquable sur certains points” , on ne pourra néanmoins “pas enlever au président de la République la dignité dont il a fait preuve jeudi soir” .
En revanche, certains n’épargnent rien à François Hollande. Il en est ainsi pour Alexis Brézet, éditorialiste au Figaro. “Une fois encore, il ne décide rien : il s’incline. Il quitte la scène comme il l’a occupée : la cravate de travers, flottant dans des habits trop grands” , commente-t-il.
Une décision historique motivée par une impopularité record
En Europe, la presse relève un choix historique, du jamais vu sous la Ve République, et ne manque pas de rappeler une impopularité qui aurait difficilement pu être plus importante. Comme leurs confrères français, beaucoup voient de la dignité dans ce renoncement.
“C’est une première historique, jamais un président français en exercice n’avait renoncé à se présenter une seconde fois” , souligne la RTBF en Belgique.
En Suisse, le quotidien Le Temps, considère que “François Hollande a abdiqué. Dignement” , rappelant qu’en “France, pays de monarchie républicaine, l’idée même de quitter le pouvoir sans retourner devant les électeurs semblait, jusqu’à ces derniers jours, impossible” .
En Espagne, El Mundo évoque aussi la dignité de la décision du président de la République, tout en insistant sur son extrême impopularité : “Conscient de son impopularité, même à l’intérieur de son propre parti, et conscient que sa candidature ne ferait qu’aggraver encore plus les divisions à l’intérieur d’un parti socialiste déjà très fragmenté, Hollande a pris, au nom ‘de l’intérêt supérieur du pays’, une décision qui rend digne un mandat médiocre” . “Hollande, le président le plus impopulaire de la France depuis ces dernières décennies” peut-on également lire dans La Vanguardia. “Une popularité au ras des pâquerettes, un bilan présidentiel mauvais et diverses divisions à gauche” , résume le quotidien marqué à droite ABC.
Un aveu de l’échec de son mandat
Beaucoup en Europe estiment que ne pas se représenter en 2017 constitue un aveu de l’échec de son mandat pour François Hollande.
“Avec son orientation économique libérale, le président français a échoué” , pour le quotidien allemand Die Süddeutsche Zeitung. Die Zeit va plus loin encore, analysant le renoncement de François Hollande comme l’échec de la classe politique européenne dans son ensemble : “La renonciation du président français François Hollande à un second mandat témoigne de la crise de la politique européenne. Son échec est notre échec” .
Pour le journal britannique The Guardian, le péché originel de François Hollande a été de se définir en tant que “président normal” au début de son mandat, manœuvre qui “s’est retournée contre lui” et ayant contribué à s’aliéner “encore plus l’électorat” .
La situation désastreuse du Parti socialiste après près de cinq ans de présidence Hollande a également été mentionnée. “François Hollande renonce à un second mandat - et laisse son parti en pagaille” constate Der Spiegel en Allemagne. De même, pour The Financial Times au Royaume-Uni : “au pouvoir, [le chef de l’Etat français] a présidé à l’effondrement du Parti socialiste, qu’il s’était échiné à maintenir uni” .