L’écotaxe, la hausse de la TVA au 1er janvier 2014 sur la filière équestre et sur les engrais, la loi Duflot actuellement en discussion au Sénat, qui tend à encadrer la pollution des tracteurs en Ile-de-France, mais aussi et surtout la nouvelle politique agricole commune (PAC). Voilà, pêle-mêle, les raisons de la colère des agriculteurs franciliens qui comptent bloquer la capitale jeudi, note ce matin Le Parisien.
“Nous sommes dans un moment d’extrême tension” , résume Stéphane Le Foll, Ministre français de l’Agriculture, interviewé par Le Figaro, alors que les agriculteurs exigent sa démission pour “incompétence notoire” [Les Echos].
La grogne des campagnes intervient alors que le Parlement européen a adopté, ce mercredi, la nouvelle politique agricole commune (PAC). Celle-ci sera dotée d’un budget de 373,2 milliards d’euros pour la période 2014-2020, ce qui en fait le plus gros poste de dépenses du budget européen. L’aval du Parlement, “au terme d’un marathon de trois ans” de négociations, consacre “un tournant de la plus ancienne politique communautaire, qui nous permet d’être leader sur le marché mondial” , a estimé l’un des rapporteurs, le socialiste portugais Luis Manuel Capoulas Santos, cité par Le Monde.
Rompant avec le précédent modèle, où environ 80 % des paiements étaient alloués à 20 % des exploitations, la nouvelle PAC prévoit une redistribution entre pays et entre exploitants. Son autre mesure phare est le “verdissement” , qui lie une partie des subventions au respect de l’environnement. Des mesures sont également prévues en faveur des jeunes agriculteurs.
La PAC réformée entrera en vigueur en 2015, après une période transitoire [Le Monde].
Pour Patrick le Hyaric, député européen de la Gauche Unitaire européenne (GUE), qui signe un communiqué repris par l’Humanité , la nouvelle PAC est une “occasion manquée (…) une réforme ne répondant pas aux nécessités d’engager un nouveau processus pour une politique agricole aux dimensions sociales et écologiques, tenant compte du changement climatique, se souciant de la gestion durable des ressources agricoles et hydriques” .
Et les céréaliers franciliens ne lui donneront sans doute par tort, eux qui estiment que la réforme va leur faire perdre 30 à 40 % des aides qu’ils perçoivent. Celle-ci prévoit, en effet, la redistribution des aides européennes pour le secteur de l’élevage aux dépens des céréaliers, très nombreux en Ile-de-France. Ce à quoi Stephane Le Foll a répondu dans le Figaro : “Le vrai chiffre est de 25 %.(…) Il s’agit d’un choix politique majeur : moins de subventions pour les céréaliers signifie un soutien accru aux éleveurs confrontés, depuis longtemps, à de graves difficultés (…). J’assume le rééquilibrage qui a été fait en faveur de ces producteurs” .
Après la mort d’un pompier sur les barrages, le gouvernement a exigé leur levée. Mais les agriculteurs de la Somme, de l’Oise, de l’Aisne et du Pas-de-Calais ont d’ores et déjà appelé à un nouveau rassemblement, le 29 novembre, auquel pourraient se joindre aussi les Franciliens [Le Parisien].