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[Revue de presse] Référendum sur l’UE au Royaume-Uni : ce que dit la presse à J-3

C’est la dernière ligne droite avant le référendum qui verra jeudi les Britanniques se prononcer sur le maintien ou le retrait de leur pays de l’Union européenne. L’occasion pour la presse française et européenne de faire le tour de la question et des nombreux thèmes qui animent les débats outre-Manche. Sondages, bilan historique de 43 ans de Royaume-Uni dans l’Union, évaluation des risques sur le continent… Tour d’horizon.

Journaux

Le camp anti-Brexit remonte, conséquence du meurtre de Jo Cox ?

Comme c’est le cas depuis plusieurs mois, la campagne pour le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne est rythmée par les sondages effectués auprès d’échantillons de la population du pays. Si la semaine dernière a été marquée par une remontée du camp pro-“Brexit” , la tendance s’est inversée. Les Echos annoncent qu’une enquête d’ORB pour le Daily Telegraph “crédite le camp du « In » de 53% des intentions de vote contre 46% en faveur du Brexit” . Un second sondage confirme cette hypothèse mais un troisième prédit le résultat inverse. “Tous les signes du dernier sondage d’ORB laisse entrevoir un référendum qui sera véritablement serré jusqu’au bout ” , a déclaré Lynton Crosby, expert en stratégie politique.

Pour Le Monde, difficile de ne pas lier ce revirement de l’opinion publique avec le meurtre de la députée travailliste pro-européenne Jo Cox, violemment assassinée en pleine rue la semaine dernière par un homme qui aurait crié un slogan nationaliste avant de passer à l’acte. Les deux camps ont repris leur campagne dès dimanche, “en faisant mine de croire que le meurtre d’une militante anti-‘Brexit’ et pro-immigration, à sept jours du vote, pouvait ne pas avoir la moindre conséquence sur le comportement des électeurs” . En tout cas, le journal évoque un “changement d’atmosphère” que les politiques refusent d’admettre publiquement : “les partisans du ‘out’ pour ne pas être associés au crime ; les militants du ‘in’ pour ne pas être accusés de l’exploiter” .

Mais Nigel Farage, le leader controversé du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), n’a pas trahi sa réputation de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : le camp du Brexit était “sur une bonne dynamique jusqu’à cette terrible tragédie”, a-t-il déclaré, laissant entendre que ce mouvement était stoppé [Le Monde].

Le camp favorable au Brexit a également dû faire face au départ d’une ancienne secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, la conservatrice Sayeeda Warsi. Elle a fait défection du camp du Brexit en s’insurgeant notamment contre une affiche de campagne de Nigel Farage, le leader du parti europhobe UKIP, comparée à une affiche de “propagande nazie des années 1930″ par le ministre des Finances George Osborne. “Sommes-nous prêts à raconter des mensonges, à répandre la haine et la xénophobie juste pour gagner une campagne ? Pour moi, c’est allé trop loin” , a-t-elle déclaré au Times dans un entretien paru lundi [Le Vif].

Le Royaume-Uni a-t-il jamais fait partie de l’UE ?

Les médias sont également nombreux cette semaine à se demander si le Royaume-Uni a réellement fait partie intégrante de l’UE pendant ses 43 années au sein de l’Union.

France TV Info a ainsi interrogé l’historien Robert Saunders, pour qui les Britanniques “ont toujours été des Européens grincheux” . Pour lui, cela vient principalement de la nature de leur adhésion en 1973, qui se distingue de celle des autres Etats qui ont rejoint la communauté avant et après le pays. “Les six pays fondateurs ont lancé le projet européen dans un contexte de croissance économique d’après-guerre” explique-t-il. “Les pays de l’ex-bloc soviétique ont vu l’UE comme une promesse de démocratie et de prospérité. La Grèce a rejoint le club pour tourner la page de la dictature des colonels” . Et les Britanniques ? “Parce qu’il le fallait, par peur de la chute” . En 1973, “l’économie britannique semblait au bord de la faillite” et était le “deuxième pays le plus pauvre de la CEE” . En somme, “en adhérant à la CEE, le Royaume-Uni a reconnu qu’il n’était plus la puissance d’antan. C’était un coup dur pour l’égo” .

Dans un article de Slate intitulé “Le Royaume-Uni sortira-t-il d’une Europe où il n’est pas totalement entré ?” , le journaliste Gilles Bridier résume à sa manière quatre décennies de présence britannique dans l’Europe. “En fait, c’est devenu un grand classique : à chaque traité européen, pour chaque nouvel accord, Londres négocie un opt-out, une mesure d’exception pour se fabriquer une adhésion à la carte. Quitte ensuite à revendiquer un droit de regard dans des domaines dont la Grande-Bretagne s’est détournée, comme lorsqu’elle voulut participer aux réunions de l’Eurogroupe bien qu’elle n’en partage pas la monnaie” . Dès lors, les conséquences d’un Brexit seraient-elles si graves ?

Aujourd’hui, 13% du produit intérieur brut britannique provient des exportations vers l’Union, et 55% des échanges du royaume sont réalisés avec ses actuels partenaires européens. Autrement dit, hors l’Europe, point de salut” explique-t-il, citant ensuite la dépendance de la City aux autres places financières européennes ou encore le rôle de Londres dans l’Europe de la défense. “Ainsi, même hors de l’Union, la Grande-Bretagne n’a pas vocation à s’isoler du monde” .

Arguments pour et contre

Grand classique, la question du Brexit est le thème idéal pour une confrontation des arguments. Le journal 20 minutes s’est prêté à l’exercice, sur trois sujets phares de la campagne : l’immigration, l’économie et la règlementation. Pour les pro-Brexit, “le pays doit récupérer le contrôle de ses frontières pour limiter l’immigration en provenance de l’UE” et cela pour désengorger les services publics et réduire le montant des aides sociales. Une sortie de l’UE signifierait le retour de sa contribution au budget européen, et une hausse du PIB. Enfin, le coût des règlementations européennes qui pèsent sur le Royaume-Uni s’élève à 33,3 milliards de livres par an.

En face, on répond que “les immigrants contribuent davantage en matière d’impôts qu’ils ne coûtent aux caisses de l’Etat” , que “l’UE représente 44% de ses exportations et 53% des importations en 2015″ et que par conséquent en cas de Brexitle Royaume-Uni devra continuer de respecter les réglementations européennes sans avoir le pouvoir de les décider” .

Le Figaro résume les choses ainsi : “l’Union européenne est un partenaire commercial plus important pour le Royaume-Uni que ce que le Royaume-Uni est pour l’UE” . En revanche, le gros point noir d’un Brexit pour l’Union serait la perte d’un de ses contributeurs les plus importants. “Le pays est en effet le deuxième contributeur net derrière l’Allemagne, au coude-à-coude avec la France. Au total, 5,8% des dépenses européennes sont prises en charge par le Royaume-Uni” . Deux solutions : la réduction des dépenses de l’UE pour que personne ne mette la main à la poche, ou une augmentation des contributions pour les 27 Etats membres restants.

Pour le financier milliardaire George Soros, qui s’est exprimé dans The Guardian, un Brexit poserait le risque d’un “vendredi noir” . En conséquence, la plupart des électeurs deviendraient “considérablement plus pauvres” .

Menace territoriale également, exprimée par le Premier ministre d’Ecosse Nicola Sturgeon, citée par Il Fatto Quotidiano : “Mon devoir est de protéger les intérêts de mon pays. Nous veillons à prévoir une stratégie appropriée pour faire face à toutes les éventualités” , a déclaré Mme Sturgeon. “Autrement dit, cela signifie que si le vendredi 24 juin, au lendemain du référendum, le Royaume-Uni a vraiment décidé de quitter l’UE, Edimbourg chercherait un moyen de prendre son indépendance” , décrypte le journal.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a souhaité se joindre au chœur des dirigeants mondiaux qui se sont presque tous prononcés contre un Brexit. “Le référendum sur une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’UE est un signal d’alarme qu’il serait insensé pour l’Union européenne d’ignorer. Quel que soit le résultat, nous devons porter un regard profond sur l’avenir de l’Union” . Il a conclu que sa plus grande crainte était “qu’un éventuel résultat négatif puisse encourager d’autres eurosceptiques en Europe”[7 sur 7].

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