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[Revue de presse] La France fera-t-elle échouer le traité TAFTA ?

Depuis lundi se tient à New York le treizième tour de négociations entre l’Europe et les Etats-Unis en vue de la signature du traité TAFTA (ou TTIP) de libre-échange. L’occasion pour le gouvernement français, à l’unisson du reste du paysage politique, de faire valoir ses inquiétudes, laissant entendre que le pays pourrait ne pas signer un éventuel accord.

Opposant au TAFTA, en 2014

Le gouvernement hausse le ton

La France ne signera pas le traité TAFTA à n’importe quel prix. C’est en substance ce que les membres du gouvernement se sont relayés pour déclarer depuis le début de la semaine. Hier, c’est le Premier ministre Manuel Valls qui a pris la parole pour adresser un message “très clair” : le traité “ne pourra pas aboutir s’il n’apporte pas les garanties que le niveau d’exigence que nous avons en France pour la santé et l’environnement de nos concitoyens sera maintenu” , a-t-il fait valoir [Le Figaro].

Depuis l’Assemblée nationale, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, tenait le même langage : “sur les grandes questions de normes sanitaires, si nous n’obtenons pas les garanties nécessaires, il n’y aura pas de traité transatlantique” , a-t-il déclaré.

Le gouvernement français ne devrait d’ailleurs pas être critiqué sur ce terrain par le reste des forces politiques. Les Républicains demeurent en effet extrêmement prudents, tandis que le Front national demande l’arrêt de ce “jeu de massacre ultralibéral” [Europe 1].

Par ailleurs, dans une tribune publiée sur le site du Figaro, l’eurodéputé et ancien ministre de l’Economie Jean Arthuis a également fait part de son scepticisme. “Faute de pédagogie et de discussions publiques, nos concitoyens commencent à manifester leur scepticisme à l’endroit de cette Union des petits arrangements, faits sur un coin de table et dans la quasi-clandestinité” , a-t-il écrit.

Enfin, L’Humanité a relayé un communiqué de presse du Front de gauche au titre sans équivoque : “Traités de libre-échange : un référendum sinon rien !” .

Danger ou choix stratégique ?

Face à ce haro quasi-généralisé du monde politique français, presse et experts ont réagi en ordre dispersé. Le Journal du dimanche met ainsi en balance les opinions de deux économistes. Thomas Porcher d’abord, inquiet à la fois pour les normes sanitaires, les tribunaux d’arbitrage et l’agriculture européenne. “Les forces en présence ne laissent pas à penser que nous allons vers le haut” , estime-t-il. Et Jean Fouré ensuite, plus tempéré, rappelant que la transparence autour des négociations “a beaucoup évoluée” , ou encore que les tribunaux d’arbitrage “existent déjà” , sans toutefois se prononcer sur les gains annoncés en termes d’emplois.

Dans son éditorial pour RTL, Olivier Bost, retranscrit sur le site de la chaîne de radio, critique François Hollande, qu’il accuse d’envoyer “à peu de frais un message à sa gauche” , et ce quitte à faire passer l’Europe une nouvelle fois pour un “bouc-émissaire” . “C’est le problème avec ces grands sujets-là” , poursuit-il : “En embuscade il y a le Front national et Jean-Luc Mélenchon” . Avant de conclure “qu’encore mieux que le péril européen, l’anti-américanisme est un ressort éternel de la vie politique française” .

Un anti-américanisme justement fustigé par Pierre Beylau dans Le Point et qualifié de “primaire” . Rappelant que si l’Europe et les Etats-Unis cumulent à l’heure actuelle près de 40% du PIB mondial, “ce ne sera plus le cas demain” , et “qu’en 2030, 90% de la demande se situera hors d’Europe” , les deux partenaires ont “un choix stratégique” à faire s’ils ne veulent pas “regarder passer le train de l’histoire” .

L’arbitrage en question

A l’étranger, les positions sont également disparates. En Allemagne, un article d’opinion publié par Die Welt regrette que “les Allemands [soient] trop bien nourris et indolents pour le libre-échange” et que “les chances d’un accord de libre-échange s’amoindrissent” .

Dans un entretien accordé à la RTBF, André Antoine, président du Parlement de Wallonie, s’oppose à son tour à l’accord TAFTA, mettant en avant trois problèmes : “la fixation des normes sociales et environnementales” , la possible perte de “notre capacité de régulation” , et les risques liés à “l’arbitrage” .

Tandis qu’au Royaume-Uni, The Guardian révèle que “Chevron a fait du lobbying auprès de l’UE afin de permettre aux investisseurs étrangers le droit de s’opposer aux gouvernements dans le cadre de l’accord UE-USA en tant que moyen de dissuasion contre certains textes luttant contre la fracturation hydraulique” . Une affaire qui, si elle se confirme, ne devrait pas manquer de donner de l’eau au moulin des opposants au traité de libre-échange.

La Commission européenne a avancé récemment une proposition où les tribunaux ne seraient plus arbitraux mais publics avec un mécanisme d’appel” , précise à cet égard Le Journal du dimanche. “Les Etats-Unis doivent désormais se prononcer sur cette proposition” .

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