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[Revue de presse] La BCE pourrait relancer à nouveau la planche à billets

Un an tout juste après une première opération de rachat de titres financiers par la BCE, son président Mario Draghi est attendu au tournant par l’ensemble des acteurs alors qu’il devrait annoncer aujourd’hui un nouveau plan de soutien à la zone euro. Les attentes sont grandes et M. Draghi comme l’institution qu’il dirige y jouent une partie de leur crédibilité.

Mario Draghi

Baisse du taux de dépôts et augmentation de l’achat d’actifs

La décision de la BCE sera annoncée aujourd’hui à 13h45, et elle est très attendue, Mario Draghi ayant indiqué en janvier que “la BCE n’abandonnait pas et allait ré-examiner son action en mars” [Challenges]. De nouvelles mesures apparaissent en effet nécessaires, un an après le “vaste programme d’achat de dette publique et privée de 1 500 milliards d’euros destiné à faire repartir les prix et l’économie” et qui peine à porter ses fruits, en particulier à cause “de la chute sans fin des prix du pétrole et à une reprise toujours atone sur le Vieux Continent, assombrie par le ralentissement de la Chine et des pays émergents” .

Le pari de la BCE était à l’époque “d’augmenter la quantité d’argent en circulation pour faire baisser son coût, et donc inciter les agents économiques à solliciter des crédits bancaires pour consommer, investir… Autant de stimuli positifs destinés à doper l’activité économique globale” mais aussi à “faire baisser le cours de l’euro par rapport aux autres monnaies, et ainsi doper la compétitivité des entreprises de la zone euro[La Croix]

Or, la situation économique de la zone euro un an plus tard n’est pas bonne, explique le Wall Street Journal. “L’indice des prix à la consommation chute à nouveau, et la croissance économique a ralenti à son niveau le plus bas depuis plus d’un an. Les nouvelles prévisions de la BCE de jeudi devraient indiquer un taux d’inflation bien loin de la cible des 2% pour cette année et l’année prochaine.”

A quoi peuvent s’attendre les économistes et les banques avec la déclaration de la BCE ? En premier lieu, elle pourrait “réduire ses taux de dépôts” , actuellement de -0,3%, pour atteindre -0,4% voire -0,5%, envisage The Guardian. Cela pourrait “inciter les banques à insérer de l’argent dans l’économie réelle” et donc “prêter plus aux ménages et aux entreprises[Challenges]. Autre mesure attendue, l’augmentation des achats d’actifs, ou quantitative easing (QE), “devrait passer de 60 à 70, voire 75 milliards d’euros par mois, selon la plupart des économistes[Challenges] ou bien l’extension de la période d’achat “au-delà de mars 2017” [The Guardian]. En revanche, des mesures plus radicales comme “l’achat de plus de dettes de pays convalescents, comme l’Espagne ou l’Italie, et l’achat de dettes d’entreprises privées” ne se justifient pas encore, selon Holger Schmieding, économiste chez Berenberg, cité dans Challenges.

La BCE et Mario Draghi doivent convaincre

Comme le souligne Challenges, à propos de Mario Draghi, sa “réputation de Super Mario, prêt à faire tout le nécessaire pour la zone euro est en jeu”.

La pression est réelle : “si la BCE ne va pas au-delà des attentes en proposant un coup de fouet tangible aux achats d’actifs, il faut s’attendre à une déception supplémentaire” explique Ilya Spivak, analyste financier, dans The Guardian.

En effet, Mario Draghi “a déçu les marchés en décembre, en annonçant seulement une prolongation du QE jusqu’en mars 2017” [Challenges]. “La répétition de la déception de décembre pourrait endommager la crédibilité de la BCE” renchérit Johannes Gareis de Natixis, cité dans La Libre. Mais l’efficacité de la réduction des taux de dépôts est d’ores et déjà mise en doute par le secteur bancaire “le secteur bancaire se plaint d’une amende impossible à répercuter sur les clients, qui ampute sa rentabilité. Mais ce levier est le plus facile à actionner pour Mario Draghi : la plupart des membres du conseil des gouverneurs y sont favorables[Challenges].

En Allemagne, une éventuelle modification de la politique de rachat d’obligation n’est pas bien accueillie, relate Die Welt. Jusqu’à maintenant, celle-ci était proportionnelle au PIB des pays, ce qui a permis aux Allemands d’être concernés par 23% des rachats par la BCE, et donc en conséquence Berlin pouvait emprunter à des taux très intéressants. A l’inverse dans les pays les plus endettés comme l’Italie ou le Portugal, cette politique à fait augmenter leur taux d’emprunts. M. Draghi pourrait donc inclure comme paramètre le taux d’endettement des pays, ce qui aurait comme conséquence de pénaliser les Allemands par rapport à des pays qui n’auraient pas appliqués les mesures de rigueur budgétaire nécessaire.

On comprend donc que la BCE et son président doivent agir sur plusieurs fronts, pour convaincre à la fois les marchés, les banques mais aussi les Etats membres de la zone euro, encore divisés sur les politiques monétaires de réponse à la crise actuelle. La réponse interviendra aujourd’hui, en début d’après-midi.

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