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[Revue de presse] Jean-Claude Juncker désigne une Commission politique et malicieuse

Le sort en est jeté : hier, Jean-Claude Juncker a levé le voile sur la composition de sa Commission. Et elle ne manque pas de piquant. Si de nombreuses personnalités politiques de haut niveau y figurent, certaines nominations risquent de susciter des débats. Un nombre significatif de commissaires auront à faire face à leur propre gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Ce sera le cas de Pierre Moscovici, chargé des Affaires économiques et financières… le jour où Paris annonce un nouveau dérapage de son déficit [La Croix].

Jean-Claude Juncker

D’un point de vue franco-français, la nomination de Pierre Moscovici, ancien ministre de l’Economie, était très attendue. Après des semaines de spéculations, Jean-Claude Juncker a finalement décidé d’accéder à la demande de François Hollande : ce sera le portefeuille des Affaires économiques et financières, de la Fiscalité et des Douanes. Un succès pour le gouvernement ? Plutôt une “victoire à la Pyrrhus” pour Romaric Godin de la Tribune. En premier lieu, sa proximité avec le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a de quoi rassurer Berlin. De plus, dans sa tâche, Pierre Moscovici sera fortement encadré par deux autres commissaires promus, eux, au rang de vice-présidents.

Ces deux “supercommissaires” , Rue 89 les présente sans ambages comme “le terrible Letton et l’infâme Finlandais” , des “avocats sans nuances des politiques de rigueur budgétaires” . Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, n’utilise pas plus de détours : des “garde-chiourmes” chargés d’encadrer Pierre Moscovici. En des termes plus fleuris, des hommes de confiance pour la chancelière allemande Angela Merkel.

Ledit Letton est Valdis Dombrovskis. Nommé à l’euro et au dialogue social, il a, en tant que Premier ministre de 2009 à 2013, mis en musique un vaste plan d’austérité ayant conduit au licenciement de 30 % des fonctionnaires, à une baisse de leur salaire de 20 % et à une diminution des dépenses publiques de 40 %. Quant au Finlandais, Jyrki Katainen, il partage en tout point la conviction du bien-fondé des politiques de rigueur. Lui aussi ancien Premier ministre, il a été chargé par Jean-Claude Juncker de mettre en œuvre le plan d’investissement de 300 milliards d’euros sur 3 ans visant à relancer la croissance. Sur ce point, s’amuse Jean Quatremer, il devrait “pouvoir compter sur l’aide de Pierre Moscovici” .

Et le nouveau président de la Commission n’en est pas à un paradoxe près, explique Slate. Le collège de M. Juncker est même celui “de tous les contre-emplois” . La nomination du Britannique Jonathan Hill à la Stabilité financière ne manque en effet pas d’ironie dans la mesure où il aura pour mission de de réglementer la City de Londres et ses pratiques opaques. “Voudra-t-il monter au créneau” et affronter le gouvernement britannique avec qui il partage l’affiliation partisane, s’interroge le site d’information ?

Dans la même lignée, le Monde remarque que la désignation de l’Espagnol Miguel Arias Cañete à l’Energie et au Climat risque de poser de gros problèmes pour la validation de la Commission par le Parlement. Accusé de sexisme lors de la campagne pour les élections européennes de mai dernier, M. Cañete aurait également des intérêts dans l’industrie pétrolière. De quoi faire enrager les eurodéputés écologistes : “Miguel Arias Cañete ne peut incarner la révolution énergétique dont les Européens ont urgemment besoin” , a déclaré Europe Ecologie-Les Verts.

Au moins, les choix de Jean-Claude Juncker n’auront pas manqué de panache. Une “révolution” à en croire le titre de la Croix. Une équipe de choc tout du moins, avec de nombreux commissaires placés devant leurs contradictions et une structure résolument pyramidale avec la nomination de 7 vice-présidents et d’un véritable n°2 de l’Exécutif européen : le Néerlandais Frans Timmermans qui aura à “faire le tri entre les projets nécessaires ou non et lutter contre la bureaucratie” .

Parmi les premières priorités du collège, énumère le Point, figurent la relance de la croissance, l’apaisement des relations avec le Royaume-Uni, la mise en place d’une politique énergétique commune et, bien sûr, la poursuite des négociations pour le traité transatlantique - un dossier particulièrement épineux confié à la Suédoise Cecilia Malmström, personnalité chevronnée, membre de la dernière Commission Barroso.

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