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Iran : les Etats-Unis mettent la pression sur les entreprises européennes

Mercredi 22 août, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a enjoint les Européens de choisir entre Téhéran et Washington. En parallèle, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a fait part de ses propositions pour contourner les sanctions américaines sur les entreprises européennes.

John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.
John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Crédits : Gage Skidmore / Flickr

Les Européens devront choisir entre l’Iran et les Etats-Unis” , c’est le message sans équivoque qu’a martelé mercredi John Bolton, le conseiller à la sécurité de Donald Trump [Les Echos]. Comme M. Bolton l’a expliqué, les Etats-Unis s’attendent “à ce que les gouvernements européens réalisent, comme le font déjà les entreprises européennes, que le choix entre faire des affaires avec l’Iran et faire des affaires avec les Etats-Unis est très simple”.

En effet, comme le rappelle La Croix, “dans le cas des sanctions contre l’Iran, les entreprises européennes se retrouvent victimes indirectes des mesures prises à l’encontre de la République islamique. Commerçant en dollars, elles font face à l’extraterritorialité des lois américaines, qui dictent la bonne marche de l’économie mondiale” . John Bolton affirme cependant que “Washington ne cherche pas la chute du pouvoir iranien, mais un changement radical de comportement en abandonnant son ambition nucléaire et ses ingérences régionales” [Les Echos].

Les sanctions américaines “plus efficaces que prévu”

Pour mémoire, Washington a rétabli le 6 août dernier “une première série de sanctions contre Téhéran et lancé un avertissement aux pays qui persisteraient à commercer avec l’Iran” [Libération]. La Tribune rapporte que John Bolton a estimé que “les sanctions imposées par les Etats-Unis à l’Iran sont plus efficaces que prévu” . Ainsi, à en croire ce dernier, “le rétablissement des sanctions a déjà un impact important sur l’économie iranienne et sur l’opinion publique en Iran”.

En effet, des “milliers d’Iraniens ont protesté ces dernières semaines contre la hausse vertigineuse des prix, les pénuries de produits alimentaires, le chômage de masse ou la corruption” , fragilisant ainsi le gouvernement du président iranien Hassan Rohani. Les Echos ajoutent que la “deuxième vague de sanctions américaines, en novembre 2018, devrait étrangler le pays puisqu’elle vise les exportations de pétrole, qui fournissent 90% des recettes en devises de Téhéran” .

Annick Cizel, spécialiste de la politique américaine à l’université Sorbonne nouvelle-Paris 3 explique dans La Croix que si la politique de la sanction économique est “une véritable tradition depuis la naissance des États-Unis” , “l’ampleur des sanctions décidées est, en revanche, nouvelle et propre à Donald Trump” . Et “tant que la suprématie du dollar américain ne faiblit pas, elles auront toujours un impact économique fort” , poursuit Neil Bhatiya, chercheur au Center for a New American Security, institut de recherches à Washington, également interrogé par le quotidien. conclut

L’administration Trump n’est toutefois pas unanime et au “sein même des départements d’État et du Trésor, coresponsables des sanctions, les stratégies ne parviennent pas à converger et à faire émerger une politique directrice commune” : “c’est ce qui explique les annonces de sanctions au coup par coup” , conclut La Croix.

Berlin veut maintenir les entreprises européennes en Iran

En parallèle des déclarations de John Bolton, La Tribune rapporte que le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, dans une tribune publiée mercredi 22 août dans le quotidien allemand Handelsblatt appelle “à mettre en place des systèmes de paiement indépendants des Etats-Unis pour contourner les sanctions unilatérales américaines” .

Il est indispensable que nous renforcions l’autonomie européenne en créant des canaux de paiement qui soient indépendants des Etats-Unis” , a déclaré M. Maas [Les Echos]. Pour ce faire, le chef de la diplomatie allemande préconise de créer “un fonds monétaire européen” pour soutenir les entreprises dans leurs investissements extérieurs et ainsi limiter leur dépendance au dollar. M. Maas plaide en outre pour “la création d’un Swift indépendant, un système bancaire international qui serait hors du contrôle des Etats-Unis” .

Des propositions qui devront convaincre les sociétés européennes de défier Washington, ce qui est tout sauf assuré. De fait, la grande majorité des entreprises européennes présentes en Iran quittent actuellement le pays, à l’image de Total. Libération précise à cet égard que “le géant pétrolier français Total s’est officiellement désengagé de ses projets d’investissements de plusieurs milliards de dollars en Iran” .

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