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[Revue de presse] Hollande et Tsakalotos, les nouveaux héros du feuilleton grec ?

Le résultat du référendum grec n’a pas amélioré les relations entre l’Union européenne et la Grèce. Il les a bien au contraire tendues et a renfermé les créanciers européens dans une exaspération et un rejet total à l’égard du gouvernement hellène. Dans cette situation incertaine et préoccupante, la presse désigne deux personnalités providentielles : le président français François Hollande et le nouveau ministre des Finances grec Euclide Tsakalotos.

François Hollande et Euclide Tsakalotos

Au lendemain du référendum grec, une partie des médias français se montre alarmiste : pour Le Figaro, “l’Europe est prête à dire ‘non’ à la Grèce” . Selon le journal, si le Grexit est craint par tous au sein de l’Eurogroupe, “après le choc du référendum […], l’exaspération et le découragement prennent le dessus” . Il ajoute en outre que l’Europe a d’autres priorités que de sempiternelles négociations avec les membres du gouvernement Syriza, comme “se mobiliser contre le terrorisme, sur le déferlement des migrants ou face au défi russe” .

Les Echos rejoignent ce constat et expliquent qu’ “hormis la France, l’Italie, la Belgique et le Luxembourg, les pays de la zone euro sont tentés par une ligne dure face à la Grèce” . La plupart pencheraient plutôt en faveur d’une “sortie ordonnée de la Grèce de la zone euro” . Font partie de ces “durs” l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, la Slovaquie, la Slovénie, l’Estonie, mais aussi les pays ayant bénéficié des aides européennes et donc subi un plan d’austérité : le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Ce sont eux les plus intransigeants qui rappellent sans cesse l’importance des règles de la zone euro.

Néanmoins, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a tenu à clarifier aujourd’hui sa position devant le Parlement européen : “Ma volonté, mon souhait est d’éviter un Grexit” , même s’il admet qu’une solution ne pourra être trouvée lors du sommet de l’Eurogroupe de ce soir.

Toute la presse est unanime pour souligner le “rôle crucial” du président français François Hollande qui, grâce au poids de la France dans l’Union européenne et par le biais du couple franco-allemand, peut sortir l’Union et la Grèce de cette crise.

Jusqu’à présent, la France semble en effet être la meilleure alliée de la Grèce - si ce n’est la seule. L’Obs rapporte ainsi que peu après l’annonce de la victoire du ‘non’ au referendum grec, les chefs de gouvernement grec et français se sont entretenus par téléphone. Le premier aurait assuré sa volonté de rester dans la zone euro, ce à quoi aurait répondu le second : “Il faut que tu saches que de nombreux Etats européens ont entériné l’idée que la Grèce va sortir de l’euro […] Je suis prêt à t’aider mais tu dois y mettre du tien. Aide-moi à t’aider !

Puis, hier, la chancelière allemande Angela Merkel s’est rendue à l’Elysée pour discuter avec M. Hollande. Ils ont adopté une “position commune” et tenté de “faire front commun” en affirmant que le “dialogue” avec la Grèce restait “ouvert” [Le Figaro].

Dans l’éditorial de L’Humanité, Patrick Apel-Muller exhorte le président français à “se mouiller” et “peser de tout son poids pour qu’une solution l’emporte” , car “la France ne peut plus se réduire au rôle d’aide de camp de la chancelière” .

Si tous les Européens affirment que “la balle est dans le camp grec” [Les Echos], un nouveau venu au sein du gouvernement hellène pourrait peut-être effectivement changer les choses.

Car après la brutale démission hier du flamboyant ministre des Finances Yanis Varoufakis, devenu une “légende politique” [Euronews] et une “icône de la lutte anti-austérité” [L’Humanité], la presse française s’est prise de passion pour son remplaçant, Euclide Tsakalotos.

Le Figaro voit en cet économiste de 55 ans formé à Oxford “l’antithèse de son bouillonnant prédécesseur” . Avec sa “personnalité discrète” , il semble pouvoir apporter du consensus entre l’UE et son pays.

Le Monde, de son côté, le décrit comme un “faux discret” et cite un de ses collègues de l’université d’Athènes : “il sait convaincre sans arrogance, mais c’est un homme de convictions” .

Euclide Tsakalotos n’est pas inconnu des créanciers européens, puisqu’il fait partie des négociations depuis le début, explique le journal. Et déjà en avril, pour calmer l’Eurogroupe, de plus en plus irrité face à M. Varoufakis, il a été promu coordinateur de l’équipe de négociation grecque. Avec son “look d’éternel étudiant” [Les Echos] et son apparente modestie, il effraie moins les négociateurs européens.

Or, Euronews estime que ce changement n’est qu’un leurre et titre que “la Grèce change de style [mais] pas de politique” . L’Obs poursuit que sa nomination au ministère des Finances est “un ‘pas en avant’ sur la forme” seulement, tandis que Libération ne manque pas de préciser que l’homme est “issu de la tradition marxiste” , est “proche” de Yanis Varoufakis et défend le “même dogmatisme” selon Les Echos.

Taxé d’euroscepticisme par certains, Slate le voit au contraire comme un visionnaire qui a su avant tout le monde identifier les faiblesses de la zone euro.

Et il aura du pain sur la planche, car dès ce soir, il devra affronter un “Eurogroupe majoritairement hostile” [Les Echos].

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