Un pays dans la tourmente
“Pour la première fois depuis début 2010 la Grèce se tient debout sur ses deux pieds” annonce fièrement Mario Centeno, le président du Conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui a piloté le dernier programme d’aide [Ouest-France]. “Après huit ans d’une crise si aiguë qu’elle a menacé d’entraîner dans son sillage toute la zone euro, la Grèce achève son troisième programme d’aide, lancé en août 2015″ , précisent Les Echos.
Le Monde rappelle que “la Grèce a basculé dans la tourmente après les élections législatives d’octobre 2009, quand le nouveau gouvernement socialiste a révélé que le déficit budgétaire du pays était trois fois plus élevé que les chiffres officiels avancés” . “Les dix années écoulées ont provoqué une hécatombe pour l’économie grecque” , résume Le Figaro. “Entre 2008 et 2015, le PIB, s’est contracté de 25% ; le chômage a grimpé jusqu’à 28% […] l’investissement s’est effondré de 60% et le chiffre d’affaires des entreprises grecques a perdu 66% de sa valeur” . Tandis que le poids de la dette représente aujourd’hui encore “180% du PIB” , le plus lourd de toute la zone euro [Ouest-France].
Pour faire face à la crise, le pays “a reçu au total 260 milliards d’euros d’aide financière depuis avril 2010 en contrepartie d’une politique d’austérité drastique” . Mais comme l’expliquent Les Echos, les plans d’austérité sont loin d’avoir été “appliqués rationnellement […] dans un climat de panique financière qui menaçait les banques européennes et mettait l’euro en danger” . “Les premières mesures d’austérité étaient très sévères et le manque de résultat a poussé les créanciers de la Grèce à redoubler de rigueur” , ajoute le journal. De l’aveu même du Fonds monétaire international (FMI) en 2013, l’austérité a “plongé la Grèce dans une crise bien plus grave en sous-estimant l’impact des premières mesures de restrictions budgétaires” [Les Echos].
“Être désormais capable d’emprunter sur les marchés”
Après cette tempête interminable, “le pays a désormais l’espoir de pouvoir de nouveau se financer à terme sur les marchés” [Le Monde]. “C’était l’un des buts de l’ultime négociation du mois de juin” 2018, rappellent Les Echos. En effet, “la Grèce a obtenu une aide financière supplémentaire qui lui sera utile en cas de troubles sur les marchés” . Elle représente une somme de 24 milliards d’euros “qui peut lui permettre de vivre sans emprunter jusqu’à la fin 2020″ . De plus, les créanciers se sont mis d’accord sur un “rééchelonnement d’une partie importante de la dette” .
Le pays reste cependant sous surveillance, prévient le quotidien économique. “Les politiques que mènera le pays restent sous contrainte car l’engagement est pris de diminuer à nouveau les pensions de retraite en 2019 et de réduire, l’année suivante, le seuil à partir duquel est payé l’impôt sur le revenu” . Pour s’assurer du respect des engagements de la Grèce, “la Commission européenne maintiendra une surveillance financière jusqu’à ce que 7 % des prêts soient remboursés” . D’après Le Monde, des missions d’évaluation seront envoyées “tous les trois mois afin de recenser les risques à un stade précoce”.
“Scepticisme”
Les observateurs, au premier rang desquels le FMI, continuent donc d’afficher un certain “scepticisme” , même si “une croissance de 2% cette année et de 2,4% en 2019″ est prévue. L’institution basée à Washington estime que les demandes européennes concernant l’excédent budgétaire grec devront être révisées [Le Monde].
“L’amélioration des chiffres ne se traduit pas encore dans la vie quotidienne des Grecs” , ajoute Ouest-France. Le journal grec d’opposition To Vima, cité par le quotidien régional, estimait dimanche 19 août que “les plans d’aide sont terminés, mais ni les chaînes ni l’asphyxie” ne le sont. De fait, Nikos Vettas, professeur d’économie à l’université d’Athènes, juge “impératif de générer désormais une très forte croissance, sans quoi les ménages, déjà très affaiblis par dix ans de récession, continueront à souffrir” .
Jesus Castillo, économiste chargé de l’Europe du Sud chez Natixis interrogé par Les Echos, retient pour sa part un point plus positif : “la Grèce est restée dans la zone euro par la volonté de ses créanciers” . Selon M. Castillo, “c’est mieux pour la Grèce, qui aurait eu encore plus de difficultés à se sortir de la nasse dépressionniste” et “c’est mieux aussi pour la zone euro qui en cas de Grexit aurait ruiné la confiance du reste du monde envers la monnaie européenne”.