Un renoncement provisoire et sous conditions
Le président destitué Carles Puigdemont a annoncé jeudi 1er mars “dans un discours posté sur les réseaux sociaux qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la présidence de la Catalogne” [L’Express]. Le dirigeant indépendantiste a déclaré avoir “informé le président du Parlement catalan que, de manière provisoire, il ne présente pas [sa] candidature à l’investiture comme président” .
D’après lui, ce retrait est “la seule manière de pouvoir former le plus vite possible un gouvernement” en Catalogne, rapporte la RTBF. Suite à cette décision, Madrid n’aurait ainsi “plus aucune excuse pour maintenir sa politique d’occupation de nos institutions [et] imposer sa vision colonialiste de notre futur” , estime M. Puigdemont.
“Devant les seuls drapeaux catalan et européen” , M. Puigdemont a également dénoncé “les abus de l’Etat espagnol, qui cherche selon lui à ‘criminaliser l’indépendantisme’ ” [L’Express]. C’est à ce titre qu’une plainte a été déposée “contre l’Etat espagnol devant le comité des droits de l’homme de l’ONU” , au motif que “ses droits de député” ont été violés [El diario].
C’est toutefois “sous certaines conditions” que l’ancien chef de l’exécutif catalan a “finalement accepté de faire un pas en arrière” [Le Monde]. “Quelques heures plus tôt, il a obtenu la reconnaissance symbolique de sa légitimité” à travers le vote au Parlement catalan d’une résolution rejetant sa “destitution illégale et illégitime” , relève le quotidien.
“Enfin et surtout, il entend maintenir un certain contrôle sur la politique de la région autonome” [Le Monde] : “dans les prochains jours” , un “Conseil de la République” sera ainsi mis sur pied à Bruxelles, sous sa probable présidence, pour conduire la “République catalane” sur le “chemin de l’indépendance effective” .
L’impossible succession ?
Pour le remplacer au Parlement catalan, M. Puigdemont a proposé “la candidature de Jordi Sànchez, président de la puissante association indépendantiste Assemblée nationale catalane (ANC) et numéro deux sur sa liste” [Le Monde]. Or ce dernier “est en détention préventive, et ne devrait pas non plus pouvoir être investi président” , rappelle Libération. En effet, “Jordi Sànchez n’obtiendra pas l’autorisation de la justice pour participer à la session d’investiture” [RTBF]. La RTBF ironise ainsi : “un détenu pour remplacer un exilé, voilà qui annonce un nouveau conflit politico-judiciaire” .
Pour Libération, un tel “bras de fer” , qui “va se prolonger avec la tentative d’élection de Jordi Sanchez” , permet d’envisager “un retour aux urnes”. Une option à éviter pour le camp séparatiste, vis-à-vis duquel l’adhésion de l’opinion catalane semble aujourd’hui “en forte baisse, autour de 40%” .
Néanmoins, “l’entourage de M. Puigdemont a également dessiné un plan C” , relate El diario. Il s’agirait de nommer Jordi Turull, ancien ministre catalan… également menacé “d’être déclaré inéligible” . Une stratégie qui, d’après le quotidien espagnol, vise “précisément [à] maintenir la pression sur l’Etat” espagnol. “Nous ne renoncerons pas, nous ne nous rendrons pas” , a ainsi martelé Carles Puigdemont lors de son discours.
De son côté, le gouvernement de Mariano Rajoy s’est félicité de ce retrait, y voyant le résultat de sa détermination “à utiliser tous les recours à sa portée pour empêcher ce contournement de la légalité” [La Vanguardia].