“Réconcilier l’Europe avec les peuples”
Hier mardi 26 septembre, “devant un parterre d’étudiants” , au sein du “grand amphithéâtre de la Sorbonne” , Emmanuel Macron a dévoilé “son plan pour une refondation de l’Europe” [Le Monde]. Pendant une heure et demie, le chef de l’Etat a présenté “une feuille de route comportant de nombreuses propositions en matière de défense, de fiscalité écologique ou de réforme de la zone euro” [Challenges].
Le but de ce discours est de “réconcilier l’Europe avec les peuples, afin de les soustraire aux populismes” , analyse Le Monde. Comme le remarque BFMTV, Emmanuel Macron veut montrer “le visage d’un Européen convaincu […] dans un climat très eurosceptique” . Avec ce discours “très français, truffé de références intellectuelles et historiques, dépourvu d’autocritiques sur les errements passés de l’UE et des institutions communautaires” , le président français a voulu “réveiller l’Europe” , estime pour sa part Le Temps (Suisse).
Un refondateur
La presse n’hésite pas à le comparer aux pères fondateurs de l’Europe. Le Monde rappelle que le discours intervient “vingt-six ans après le débat qui avait opposé dans ce même lieu prestigieux le président de la République de l’époque, François Mitterrand, à Philippe Séguin, alors chef de file du non au référendum sur le traité de Maastricht” .
L’Obs, pour qui “l’esprit des constructeurs n’a pas changé” , soutient même que l’allocution “pourrait entrer dans l’histoire comme le discours de Robert Schuman du 9 mai 1950″ . Pour Sylvain Courage, auteur de l’article, le président “a mis toute sa fougue” dans un discours qui “n’a manqué ni d’ambition, ni de souffle, ni de pertinence” . Les “propositions paraissent à la fois follement ambitieuses, au regard de la paralysie dont souffre l’Union, et parfaitement sensées, au regard des défis planétaires auxquels il faudra bien faire face” , écrit également le journaliste.
Pour Ulysse Gosset, éditorialiste à BFMTV, “ce discours fera date” , mais risque d’être “un peu trop audac[ieux] pour les dirigeants européens qui ne sont pas d’accord avec lui et peut-être pour les Européens eux-mêmes qui se demandent comment il va pouvoir, au cours de son quinquennat, mettre en place toutes ces réformes” . Pour Thierry Arnaud, également journaliste à BFMTV, la volonté affichée est “sidérante” mais “le pendant de ces ambitions est qu’il prend un risque politique majeur” car avec un “calendrier assez précis avec toute une série d’échéances” il sera facile de vérifier “ce qui a été accompli ou non” .
L’Allemagne discrète, Bruxelles ravie, l’opposition critique
Alors que les résultats des élections allemandes sont encore frais, et que la composition d’une coalition s’annonce difficile pour Angela Merkel, “Emmanuel Macron s’est montré soucieux […] de ne pas froisser cette dernière et donc de ménager les conditions d’un accord avec les Allemands” , explique également Le Monde.
Du côté allemand, son discours a été reçu de manière contrastée. Le ministre social-démocrate des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a apporté son soutien au chef de l’Etat, en assurant qu’il faut désormais “saisir cette ouverture en faveur d’initiatives franco-allemandes pour rendre l’Europe plus démocratique, impliquer les citoyens et la préparer pour l’avenir” [RFI]. A l’opposé, la députée européenne Ingeborg Grässle, membre de la droite allemande, juge que “les propositions de financement n’ont pas été très solides” , soulignant que “tout cela coûte de l’argent” .
A Bruxelles les annonces d’Emmanuel Macron ont été particulièrement bien accueillies. Jean-Claude Juncker a remercié le chef de l’Etat pour “pour [son] soutien aux institutions européennes” , saluant un discours “très européen” [RFI]. De même, parmi les membres de la Commission, les réactions ont été plutôt enthousiastes. C’est le cas de Jyrki Katainen, vice-président de l’institution, qui a qualifié de le discours de “rafraîchissant” , ou encore de Pierre Moscovici, commissaire aux Affaires économiques, heureux que le président souhaite “relancer les débats sur la taxe sur les transactions financières” [RTBF].
Au contraire, de manière prévisible, l’opposition en France a rapidement formulé ses critiques quant aux orientations européennes voulues par le chef de l’Etat. “Jean-Luc Mélenchon a fustigé un projet qui ‘consiste à défaire la France pour faire une Europe de pièces et de morceaux collés en tous sens’ ” , rapporte La Voix du Nord. Le quotidien régional cite également Laurent Wauquiez, favori pour prendre la tête des Républicains, selon qui le discours de M. Macron est “un catalogue des bonnes intentions” . Enfin, pour Marine Le Pen, le président “veut que nous abandonnions encore plus de souveraineté” [RFI].