Dans une interview parue dimanche dans le Sunday Telegraph, soit deux jours après avoir rencontré le négociateur européen Michel Barnier, le nouveau ministre du Brexit s’est fait menaçant : “le Royaume-Uni ne paiera la facture du divorce avec l’Union européenne qu’à la condition qu’un accord commercial soit trouvé” [Le Figaro]. En poste depuis le 9 juillet, l’eurosceptique Dominic Raab vient ainsi ajouter à la confusion sur la position officielle du gouvernement de Theresa May, qui multiplie les “messages contradictoires concernant le règlement financier du Brexit dans le cadre d’un accord sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’UE à compter de fin mars 2019″ .
“Theresa May avait accepté en décembre un accord financier d’un montant total de 39-44 milliards d’euros qui, selon les ministres, dépendait de l’établissement des futures relations commerciales” , poursuit le média. Certains membres du gouvernement l’avaient rapidement remis en cause, mais “le ministre des Finances, Philip Hammond, un des porte-voix des milieux d’affaires au sein du gouvernement, avait cependant considéré comme inconcevable le fait que Londres n’honore pas ses engagements financiers envers l’UE” .
Le préalable irlandais
De son côté, Michel Barnier ne flanche pas : “notre responsabilité, c’est bien de protéger le marché intérieur de l’UE et les consommateurs” [Challenges]. Un autre article du Figaro rapporte les paroles fermes du négociateur : “Le Royaume-Uni veut son autonomie commerciale tout en gardant tous les avantages de notre union douanière” mais “c’est le Royaume-Uni qui quitte l’UE, pourquoi l’UE prendrait-elle le risque de fragiliser le marché intérieur, son principal capital, parce que le Royaume-Uni s’en va ?”
Ainsi, “les 27 ont poliment renvoyé à l’expéditeur l’essentiel du livre blanc sur la future relation publiée début juillet par Londres” , d’après Les Echos. Les “ministres des Affaires étrangères de l’UE martelant que l’intégrité du marché unique n’est pas négociable quand les Britanniques proposent d’y rester pour les seules marchandises” .
Challenges rappelle que “les Européens pressent d’abord Londres de préciser sa stratégie sur la frontière irlandaise” . Michel Barnier se montre également intraitable sur le sujet : “sans solution sur l’Irlande, pas d’accord et pas de période de transition” [Les Echos]. Libération explique que Mme May “propose l’instauration d’une zone d’union douanière entre l’Irlande du Nord et l’UE qui ne serait valable que pour les biens, et pas pour les services” , mais “cet accord impliquerait aussi la fin de la liberté de mouvement des personnes, ce qui est inacceptable pour l’UE” .
Vers un “no deal” ?
Et la Commission européenne ne bluffe pas, selon Challenges : elle “avait appelé jeudi les Etats membres à intensifier leur préparation à tous les scénarios possibles pour le Brexit, dont celui d’une rupture brutale avec Londres” . Toutefois, “les Européens s’inquiètent de l’état des discussions et des remises en cause constantes en interne de la stratégie de la Première ministre britannique, Theresa May” . D’autant qu’aucune “majorité n’émerge pour l’instant au Parlement britannique en faveur d’aucune forme de Brexit” . D’un côté, “les ultrabrexiters n’accepteront pas la moindre nouvelle concession aux Européens” et en face, “l’opposition, avec le renfort des tories proeuropéens, n’acceptera pas un hard Brexit” [Le Figaro].