Hollande et Cameron contre le Brexit
Le 34e sommet franco-britannique, qui s’est tenu hier dans la Somme, “s’est transformé en opération de soutien à David Cameron, qui bataille pour que le Royaume-Uni reste membre de l’Union européenne” , relatent Les Echos. Brexit, crise migratoire, Calais, Syrie, défense ou encore nucléaire : “le Premier ministre et le François Hollande ont affiché leur unité” , poursuit le quotidien.
“Nous avons les mêmes objectifs, l’Europe doit être solidaire, efficace et unie” , a ainsi fait valoir le président français [Le Figaro]. Adoptant un ton grave quant à un possible départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, François Hollande a ensuite précisé que “si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, il y aura des conséquences dans beaucoup de domaines, sur le marché unique, la circulation des produits et des personnes” .
Concernant les flux migratoires également, la France a laissé entendre que la situation pourrait changer en cas de Brexit. Dans un entretien accordé au Financial Times, c’est Emmanuel Macron qui l’a d’abord expliqué : “le jour où cette relation sera rompue, les migrants ne seront plus à Calais” , a sans détour déclaré le ministre de l’Economie. Une assertion ensuite confirmée, certes en des termes plus policés, par François Hollande, qui a prévenu son homologue qu’une sortie du Royaume-Uni aurait “des conséquences sur la manière de gérer les situations en matière de migrations” [Le Point / AFP].
Les accords du Touquet remis en cause ?
Un argumentaire qui rejoint celui de David Cameron, rappelle Le Monde. Ce dernier ne cessant de répéter que “le Royaume-Uni est ‘plus fort et davantage en sécurité’ à l’intérieur de l’Europe qu’en dehors” . Mais un argumentaire qui n’a également pas manqué de susciter des réactions outre-Manche parmi les partisans du Brexit. Chris Grayling, leader de la Chambre des Communes, ou encore Boris Johnson, le maire de Londres, ont en effet qualifié les déclarations de François Hollande de “désespérées” , rapporte The Guardian.
De fait, abonde Marianne, pour que la France laisse passer les migrants actuellement stationnés à Calais, “il faudrait revenir sur les accords du Touquet” , signés en 2003 entre les deux pays “en dehors du cadre communautaire” , par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. Et, selon Boris Johnson, “il n’y a aucune raison pour laquelle le traité devrait changer” .
Quoiqu’il en soit, David Cameron a annoncé hier qu’il allait accroître sa contribution financière “aux dépenses de sécurité à Calais et de relocalisation des migrants dans d’autres centres français” , indique The Independent. Pour l’année 2016, aux 60 millions d’euros déjà prévus, doivent donc s’ajouter 22 millions supplémentaires [La Croix].
En outre, sous la pression française, Londres a également consenti à ouvrir ses portes pour les mineurs non accompagnés situés à Calais et ayant des parents en Grande-Bretagne [BBC News].
Diplomatie et défense : des relations au beau fixe
Dans les autres domaines, comme ceux des relations extérieures et de la défense, France et Royaume-Uni ont également fait valoir leur proximité. Les deux dirigeants ont ainsi fait front commun concernant la crise ukrainienne ou encore l’intervention en Syrie [Le Monde].
De plus, “un accord franco-britannique sur des drones de combat” a été trouvé, indique L’Opinion. “Les deux pays se sont engagés à mettre 2 milliards d’euros sur la table pour créer un futur drone de combat furtif et sans pilote” , ajoutent Les Echos. Une décision qui atteste de l’excellente coopération militaire franco-britannique, renforcée par “les traités militaires de Lancaster House de 2010″ , et qui devrait se poursuivre au cours des prochaines années, sans ou avec Brexit.