Un retrait inattendu
Prenant acte du retard considérable du SPD face à la CDU d’Angela Merkel dans les sondages (20% contre 35%), Sigmar Gabriel, actuel chef de file des sociaux-démocrates, tente le tout pour le tout en adoubant son rival Martin Schulz en tant que candidat pour les élections législatives de septembre [Le Monde avec l’AFP]. Un retrait qui “a surpris tous les observateurs politiques” , rapporte Le Figaro.
Celui qui “apparaissait pourtant jusqu’alors comme le plus légitime pour mener la bataille électorale au nom des sociaux-démocrates” considère que sa candidature signifierait un échec assuré pour son parti [Le Figaro]. “Si je me présentais, j’échouerais, et avec moi le SPD” , a-t-il expliqué dans une interview qui paraîtra mercredi dans le magazine Stern, citée par Le Figaro. Devant les instances dirigeantes du SPD, Sigmar Gabriel a même estimé que la “survie du parti” était en jeu, relate également le quotidien.
Sigmar Gabriel devrait par conséquent devenir le nouveau ministre des Affaires étrangères - un poste pour lequel Martin Schulz était initialement pressenti - et remplacer ainsi Frank-Walter Steinmeier. Ce dernier est appelé à devenir en février président de la République, une fonction essentiellement honorifique en Allemagne. Et pour succéder à M. Gabriel au portefeuille de l’Economie, Brigitte Zypries, actuellement secrétaire d’Etat aux Affaires économiques et à l’Energie, apparaît comme la mieux placée, informent Les Echos.
Nouvel espoir pour le SPD
Cette annonce du changement de direction au SPD intervient alors que le Parti social-démocrate connaît d’importantes difficultés sur le plan politique. “Le SPD peine depuis 2013 [année de la mise en place de la grande coalition qui réunit la droite et la gauche dans le gouvernement d’Angela Merkel] à se démarquer de la politique de Mme Merkel, qui a recentré son parti (CDU), notamment sur les questions d’immigration, siphonnant l’électorat traditionnel des sociaux-démocrates. Par ailleurs, Sigmar Gabriel, personnalité abrupte, n’a jamais réussi à se faire réellement apprécier des Allemands” , analyse Le Monde (avec l’AFP). “Tous les sondages indiquent que les gens ne veulent plus de grande coalition, mais dans la tête des gens, j’y suis associé” , a reconnu M. Gabriel [Le Figaro].
Martin Schulz figure, au contraire de Sigmar Gabriel, parmi les personnalités politiques préférées des Allemands. Une popularité qui pourrait bien être “l’ultime chance pour les sociaux-démocrates de ne pas perdre leur position de deuxième formation politique du pays” , selon La Croix.
Un candidat novice en politique intérieure
Si “au cours de ses deux mandats à la présidence [du Parlement européen], [Martin Schulz] a réussi à [le] replacer au centre du jeu politique” [Euronews], le nouveau candidat du SPD n’a cependant jamais eu de responsabilités politiques à l’échelle nationale.
Une caractéristique qui pourrait être un atout dans la campagne selon Frank Decker, politologue à l’université de Bonn interviewé par Arte, qui voit en lui “le candidat le plus dangereux pour Angela Merkel” . “Schulz peut arriver les mains libres, car - au contraire de Gabriel - il n’a jamais fait partie de la grande coalition” , analyse ainsi le chercheur. “Le mandat de président du Parlement européen n’était pas une fonction qui l’a exposé sur le plan de la politique intérieure” , poursuit le politologue. Toutefois, “tout va changer maintenant et s’il fait des erreurs, la presse se montrera sans pitié” , annonce Frank Decker.