Le Monde raconte que “le village frontalier de Psarades a accueilli dimanche [17 juin] la cérémonie de signature” pour le changement de nom de “l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), sa dénomination officielle actuelle, en Macédoine du Nord” . Selon Le Point, l’accord est d’importance, étant donné que depuis “l’indépendance de ce pays en 1991, la Grèce s’opposait à ce qu’il garde le nom de Macédoine, discernant des visées territoriales sur sa province septentrionale du même nom, berceau de l’empire d’Alexandre le Grand” .
Le Monde explique que “la Macédoine avait été admise aux Nations unies en 1993 sous le nom provisoire d’ARYM, mais plus de 140 pays, dont la Russie et les Etats-Unis, ont reconnu le pays des Balkans sous le nom de “République de Macédoine” .
Rapprochement depuis 2017
Libération rapporte que Federica Mogherini, haute-représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, était présente à la cérémonie du 17 juin. “C’est une journée historique pour les deux pays” , les Balkans et l’UE, a-t-elle déclaré. Il s’agit également pour elle “d’une source d’inspiration car cet accord montre que tous les problèmes peuvent être résolus par le dialogue”. Le Premier ministre macédonien Zoran Zaev a pour sa part déclaré que cet accord “peut déplacer des montagnes” [Ouest-France]. L’arrivée au pouvoir de ce social-démocrate en 2017 a débloqué la situation et permis un rapprochement, sachant que “l’inquiétude européenne face à l’influence russe dans la région a aussi été déterminante” , estime le quotidien régional.
Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a également exprimé son enthousiasme : “nous faisons ce jour notre devoir patriotique (…), un pas historique pour refermer les plaies du passé, ouvrir la voie à la coopération pour nos pays, les Balkans et toute l’Europe” [Ouest-France]. “Ce pas ne doit pas rester suspendu” , a-t-il également prévenu “car nous donnons un exemple pour construire l’avenir contre la haine” [Le Point].
Difficile mise en application
L’aboutissement de cette entente ne sera toutefois pas chose aisée. “Prévu pour entrer en vigueur sous six mois” , le texte “doit auparavant être ratifié par le Parlement macédonien, approuvé par référendum et acté par une révision constitutionnelle” , explique Libération. De plus, Le Monde rappelle que “l’accord devra [aussi] être ratifié par le Parlement grec fin 2018″ .
Ouest-France insiste sur le fait que “les deux Premiers ministres devront compter avec les vives résistances de leur opposition de droite et des franges nationalistes de l’opinion publique” . Alexis Tsipras, accusé de “trahison” par les ultras grecs, a “surmonté samedi [16 juin] une motion de censure déposée par son rival conservateur Kyriakos Mitsotakis” .
Au cours de la cérémonie, les réactions populaires ont été nombreuses : “5 000 habitants de la région ont manifesté côté grec” en “brandissant des drapeaux grecs” . Ils ont été “tenus à distance par un important cordon de forces antiémeutes et les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser des groupes tentant de passer en force” . Le Point rapporte la déception d’un Grec, Achille Papadopoulos, 60 ans : “pour moi ce n’est pas un jour agréable, il n’y a pas de quoi se réjouir alors que nous cédons si facilement le nom de Macédoine” .
La Libre (Belgique) explique que du côté macédonien, le président Gjorge Ivanov “prévoit d’exercer un droit de veto pour bloquer ce que l’opposition nationaliste a qualifié de capitulation” . Sveta Jankovska, une Macédonienne de 66 ans, est de cet avis. Il s’agit pour elle d’un accord “qui n’est pas honorable et marque une défaite pour les Macédoniens” [Le Monde].
Adhésion à l’UE et l’OTAN
Pour Le Monde, une entente entre Athènes et Skopje est néanmoins de nature à bénéficier aux deux pays. Côté grec, cela permettrait “au pays de se concentrer sur d’autres défis régionaux, au premier rang desquels le regain de tension avec la Turquie” . Quant à la Macédoine, le pays “espère obtenir une date pour ouvrir ses pourparlers d’adhésion à l’UE (…) et une invitation à rejoindre l’OTAN” .