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A Berlin, Angela Merkel tempère les ardeurs d’Emmanuel Macron

Avec la fin de la crise politique en Allemagne, le moteur franco-allemand semble se relancer. Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont rencontrés à Berlin jeudi 19 avril, pour travailler à une feuille de route commune sur les réformes de l’Union européenne. Les deux dirigeants ont toutefois affiché leurs divergences sur la zone euro.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron. Photo : Facebook de l’Elysée - Crédits : Soazig de la Moissonniere.

Emmanuel Macron s’est rendu jeudi 19 avril à Berlin, afin de rencontrer la chancelière Angela Merkel. Au cœur des discussions : la réforme de la zone euro et plus largement les réformes européennes. Le tandem franco-allemand souhaite en effet présenter une feuille de route commune sur ces sujets dans les prochaines semaines, avant la réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’UE lors du Conseil européen des 28 et 29 juin.

Solidarité contre stabilité

A l’issue de cette rencontre, ce sont avant tout les divergences entre les deux pays qui sont ressorties. “Sur le plan économique et monétaire, nous devons mieux réarticuler responsabilité et solidarité” , a ainsi déclaré à la presse Emmanuel Macron [La Tribune de Genève]. Or pour Le Figaro, l’enjeu pour le président français est surtout de “ ‘construire la solidarité’ au sein de l’Union, alors que les instruments de responsabilité existent déjà” . En pratique, il s’agirait de “ne pas seulement donner la priorité aux mesures punitives, comme le contrôle des déficits et de la dette, mais aussi à des mécanismes d’entraide et de soutien à la croissance” , précise La Tribune de Genève.

Une solidarité qu’Angela Merkel ne rejette pas, mais qui ne constitue pas sa priorité. Lors de son discours, elle a surtout insisté sur “la responsabilité, la stabilité et la compétitivité” des États membres, rapportent Les Echos. Ainsi, La Tribune de Genève note qu’Emmanuel Macron “a qualifié la refonte de la zone euro comme ‘le cœur’ de son projet” tandis que “Mme Merkel n’a mentionné le sujet qu’en dernier dans sa liste de réformes nécessaires en Europe, après une politique migratoire ou une politique étrangère communes” .

Le chantier de l’Union bancaire

Parmi les grands chantiers de l’UE souhaités par Emmanuel Macron, l’Union bancaire constitue “le plus immédiat” . Si les deux dirigeants partagent “la conviction que ‘la zone euro n’est pas encore suffisamment forte pour faire face aux crises’ ” , Angela Merkel a répété qu’elle ne souhaitait pas “mettre en œuvre dans l’immédiat le troisième et très important pilier de ce projet : la création d’un fonds européen de garantie bancaire des dépôts des particuliers” . La Croix explique ainsi que pour l’Allemagne, il n’est “pas question” que les épargnants allemands deviennent “les garants des banques du Sud” .

Ouest-France nuance toutefois l’idée d’une opposition franche et définitive. La chancelière allemande s’est dite “très optimiste sur le parachèvement de l’Union bancaire” . “L’union des capitaux ne devrait pas poser de problème non plus, et du côté allemand - dans un avenir peut-être pas immédiat - nous sommes également disposés à travailler à un système de garantie des dépôts. Mais nous voulons que la responsabilité et les risques soient bien tenus ensemble” , a ainsi déclaré Angela Merkel, citée par le quotidien.

Berlin souhaite en effet que“les banques de tous les pays de la zone euro, principalement en Italie ou en Grèce, soient assainies au niveau national avant d’envisager une garantie européenne commune” , ajoute La Tribune de Genève.

Compromis à trouver

Angela Merkel et Emmanuel Macron devront ainsi parvenir à de nombreux compromis s’ils espèrent trouver un accord d’ici le mois de juin. Dans cette perspective, Le Monde souligne qu’Emmanuel Macron a “habilement” défendu le principe de solidarité pour la zone euro en même temps que “pour la politique vis-à-vis des réfugiés” . Or cette dernière constitue “la priorité” pour Angela Merkel. “Des concessions sur l’un pourront-elles servir de monnaie d’échange pour obtenir des avancées sur l’autre ?” , s’interroge le quotidien. Pour Tanja Börzel, directrice du Centre pour l’intégration européenne à l’Université libre de Berlin interrogée par La Croix, la réponse est oui : “si [Angela Merkel] obtient des avancées sur la politique migratoire, un compromis sur l’union monétaire lui sera plus facile” , estime-t-elle.

Des compromis qu’Angela Merkel devra également trouver dans son propre camp. Les Echos rappellent que la chancelière “est confrontée aux vives inquiétudes de son camp conservateur, [la CDU], qui craint la concurrence du parti nationaliste AfD” . Les conservateurs “font bloc [depuis plusieurs jours] contre les propositions du président français sur la réforme de la zone euro” , indique Le Monde. En parallèle, le quotidien écrit qu’ils se sont “fortement distanciés du projet de transformer le mécanisme européen de stabilité (MES) en ‘Fonds monétaire européen’, capable de soutenir les pays en crise sans dépendre du Fonds monétaire international (FMI)” .

Pour la cofondatrice de la plateforme Tandem Europe, Isabelle Bourgeois : “les discussions risquent de tourner au dialogue de sourds si Paris et Berlin ne s’accordent pas dans leur manière de progresser” . Elle constate en effet que les divergences des deux pays ne concernent pas seulement le fond, mais également la méthode. “D’un côté, on a un Emmanuel Macron qui s’évertue à projeter une vision, mais sans se préoccuper de la manière de l’atteindre. De l’autre, l’approche allemande accepte de fixer des objectifs, mais comme la résultante d’un processus” , analyse-t-elle dans les colonnes de La Croix.

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