“Révolution” , “Honte” , “Kiev, réveille-toi” , tels étaient les mots d’ordre entendus en milieu d’après-midi, dimanche 1er décembre, lors de la manifestation qui a réuni au moins 100 000 personnes, selon Le Monde, autour du siège du gouvernement.
Leurs revendications : la démission du président Viktor Ianoukovitch, ouvertement pro-russe, des élections anticipées et la reprise du processus de rapprochement avec l’UE. Selon Le Figaro, il s’agit de la plus grosse manifestation qu’ait connue le pays, depuis son indépendance en 1991.
Des échauffourées ont éclaté, faisant une cinquantaine de blessés parmi les manifestants et une centaine du côté des forces de l’ordre, rapporte Le Figaro. Les leaders de l’opposition ont rejeté la responsabilité de ces débordements sur le pouvoir, qui, selon eux, aurait utilisé des “provocateurs” , rappelant le caractère “pacifique” de leur mouvement.
Dans un communiqué commun, le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, et le commissaire à l’Elargissement de l’UE, Stefan Füle, ont condamné “l’usage excessif de la force” et appelé l’Ukraine “à respecter pleinement ses engagements concernant la liberté d’expression et de réunion” [Le Point].
Pour l’opposition ukrainienne, le mot d’ordre est désormais de continuer d’occuper le centre de Kiev, coûte que coûte. “J’appelle tout le monde à rester aujourd’hui sur la place, avait lancé dimanche soir Vitali Klitschko, un des leaders de l’opposition. Nous devons mobiliser tout le pays, ne pas perdre l’initiative” [Le Monde].
Selon Le Figaro, le pouvoir ukrainien navigue aujourd’hui à vue. Après avoir reproché à l’UE son manque de soutien financier, Viktor Ianoukovitch a déclaré que son gouvernement avait l’intention d’ “accélérer” le rapprochement de son pays avec l’Union européenne. Le ministère des Affaires étrangères a annoncé l’envoi d’une délégation à Bruxelles, cette semaine. Parallèlement, le premier ministre, Mykola Azarov, a annoncé la visite prochaine en Russie du président ukrainien, afin de renforcer la coopération entre Kiev et Moscou. Des rumeurs de démission du ministre de l’Intérieur, impliqué dans les débordements policiers de samedi, ont couru, sans jamais être confirmées.
Pour Les Echos, l’Europe a commis dans ce dossier une double erreur. D’une part, celle d’accorder trop de puissance à la Russie, qui est parvenue à se redresser économiquement grâce à ses réserves de gaz, et qui a montré à l’occasion de la crise syrienne sa capacité de nuisance sur la scène internationale. D’autre part, l’Europe, qui s’interroge aujourd’hui sur sa raison d’être et sur ses propres frontières, n’a toujours pas défini de véritable politique vis-à-vis de la Russie, la traitant un jour comme une amie et l’autre comme une ennemie. Elle a aujourd’hui le devoir de clarifier sa vision, conclut l’article.