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Un mois après l’invasion russe, qu’a fait l’Union européenne pour l’Ukraine ?

Sanctions contre la Russie, envoi d’armes, accueil des réfugiés et aide financière… Après l’offensive militaire lancée par Moscou en Ukraine le 24 février, l’Union européenne s’est rapidement mobilisée et a pris plusieurs mesures inédites.

Dommages causés par un bombardement de l’armée russe dans la capitale ukrainienne le 15 mars - Crédits : Kyiv City State Administration / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0

La guerre éclair voulue par Vladimir Poutine n’a pas eu lieu. Un mois après le début de l’invasion russe, l’Ukraine ne semble pas près de capituler, malgré les conséquences tragiques du conflit. A l’ouest du pays, l’Union européenne a vite agi pour lui apporter son soutien, conjointement avec de nombreux autres pays dans le monde, organisations et entreprises. Elle a pris des décisions parfois sans précédent, tentant d’être à la hauteur d’une situation historique pour le Vieux Continent.

Dès le 24 février au soir, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays de l’Union européenne se sont réunis pour un sommet européen extraordinaire. Ils se sont entendus sur des sanctions aux “conséquences lourdes et massives” pour la Russie, d’après leurs conclusions. Ils ont convenu de mesures restrictives devant cibler les secteurs financiers, de l’énergie et des transports et limiter les exportations russes. La Biélorussie, soutien de Moscou et d’où a été lancée en partie l’invasion de l’Ukraine, a elle aussi été visée.

Le lendemain, Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov ont été personnellement touchés par des sanctions avec un gel de leurs avoirs financiers dans l’UE.

Des sanctions d’une ampleur inédite

Quatre jours plus tard, le 28 février, l’UE a encore musclé sa réponse. Le principe de l’exclusion de banques russes de Swift, le système de messagerie bancaire le plus utilisé au monde, est alors acté. Si ce ne sont encore que 7 établissements sur 300 qui sont touchés, ceux-ci ont néanmoins un poids conséquent sur l’économie de la Russie, à l’instar de VTB, deuxième banque du pays, ou encore Novikombank, spécialisée dans le financement de l’industrie. Et la liste des banques visées est susceptible de s’allonger.

Celles qui sont directement liées au commerce du gaz n’ont toutefois pas été “débranchées”, comme Gazprombank (filiale de la société Gazprom). Les Européens en dépendent encore fortement, en particulier certains pays comme l’Allemagne et l’Italie. C’est pour cette raison que la Commission européenne a proposé, le 8 mars, un plan pour se débarrasser des hydrocarbures russes dans le mix énergétique européen “bien avant 2030”, date fixée à 2027 par les Etats membres lors du sommet européen de Versailles les 10 et 11 mars.

L’exclusion des banques de Swift n’est pas la seule mesure lourde de conséquences décidée par les Vingt-Sept. Les transactions avec la Banque centrale russe ont été interdites et ses avoirs dans l’UE immobilisés, ce qui limite sa capacité à puiser dans ses réserves pour contourner les sanctions imposées à la Russie. Autre mesure significative : l’espace aérien de l’Union européenne est fermé à l’aviation russe. Les oligarques, alliés du régime de Vladimir Poutine et qui se sont enrichis avec la chute de l’URSS, sont eux aussi visés par l’immobilisation de biens et de capitaux, ou encore l’interdiction de pénétrer sur le territoire de l’UE.

Des armes envoyées aux Ukrainiens

Face au moment de bascule historique que constitue cette guerre pour l’Europe, ses dirigeants ont également pris des décisions inédites en matière de défense. Pour la première fois, l’Union elle-même a financé l’envoi d’armes létales à un pays en guerre.

Un choix opéré par les Etats membres qui, le 28 février, ont approuvé une enveloppe de 450 millions d’euros d’armes à destination de l’Ukraine, auxquels s’ajoutent 50 millions d’euros d’équipements de protection et de carburant. Ce financement a été permis par la Facilité européenne pour la paix, un instrument lancé en mars 2021 dans le cadre de la politique européenne de défense (PSDC).

Le 11 mars à Versailles, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a même soumis une proposition visant à doubler cette contribution européenne, pour la porter à un milliard d’euros. Les pays de l’UE en ont approuvé le principe le 21 mars.

Concrètement, ce sont les Etats membres qui assument dans un premier temps le coût des armes qui leur sont ensuite remboursées via la Facilité européenne pour la paix. Ils peuvent aussi décider d’envois supplémentaires, non pris en charge au niveau européen. De nombreux pays, dont la France, font parvenir du matériel militaire à l’Ukraine. Y compris la Finlande et la Suède, qui dérogent à leur tradition de neutralité relative.

Les réfugiés ukrainiens accueillis sans réserve

Les Européens ont aussi mis en œuvre une politique d’accueil exceptionnelle pour les réfugiés ukrainiens et les personnes qui bénéficiaient de l’asile en Ukraine. Plus de trois millions et demi d’Ukrainiens ont quitté leur pays en guerre depuis le 24 février, un nombre qui devrait encore considérablement augmenter.

Pour faciliter leur accueil, les Etats membres ont activé le 4 mars un mécanisme de protection temporaire, créé en 2001 et encore jamais utilisé. Celui-ci attribue aux ressortissants ukrainiens ayant dû fuir leur Etat le statut de réfugié sur simple justification de leur nationalité, sans avoir besoin d’effectuer une demande d’asile. Une fois leur visa obtenu, ils ont accès, pour une durée d’un an reconductible jusqu’à trois ans, au marché du travail, à la santé ou encore à l’éducation dans tous les pays de l’UE. Le 23 mars, la Commission européenne a par ailleurs pris des mesures ayant pour objectif de s’assurer que les réfugiés en provenance d’Ukraine bénéficient effectivement de ces droits dans les Etats membres où ils se sont installés.

Avec l’accord d’association liant l’Ukraine à l’UE, les ressortissants ukrainiens avaient déjà la possibilité de séjourner dans les Etats de l’UE sans visa pendant 90 jours. Le nouveau cadre européen accroît ainsi leur liberté de circulation et d’installation dans l’Union.

Aide humanitaire

Le 1er mars, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé l’engagement de 500 millions d’euros du budget de l’UE à destination de l’aide humanitaire pour l’Ukraine. Cet argent doit notamment permettre de financer la fourniture de nourriture, d’eau, d’abris et de soins de santé aux personnes les plus vulnérables dans le pays et en dehors, lorsqu’elles ont dû le quitter.

L’activation du mécanisme de protection civile de l’UE, qui a vocation à apporter une réponse commune en matière de protection civile aux catastrophes à travers le monde, a déjà permis d’apporter une assistance matérielle à la population demeurée en Ukraine et se trouvant désormais dans le besoin (véhicules, kits médicaux, tentes, couvertures et sac de couchage…).

Dans le cadre de l’accord d’association UE-Ukraine, une aide financière était versée au pays sous forme de subventions et de prêts, pour un montant total de plus de 17 milliards d’euros depuis 2014. De son côté, la Banque européenne d’investissement (BEI), l’institution financière de l’UE, a décidé le 4 mars de consacrer 668 millions d’euros de financements en tant que réponse d’urgence à la situation en Ukraine. 129 millions ont déjà été versés, dans un train de mesures qui pourrait, selon le président de la BEI Werner Hoyer, atteindre 2 milliards d’euros.

Un soutien à l’Ukraine qui pourrait aller plus loin ?

Si les Européens ont témoigné leur solidarité à l’égard de l’Ukraine, certains estiment que les circonstances exigent une implication plus forte dans leur soutien. A commencer par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a déposé le 28 février la candidature de son pays à l’adhésion à l’UE et demandé une intégration via une procédure accélérée. “L’Ukraine a fait son choix : le choix de l’adhésion à l’Europe. Et je voudrais qu’aujourd’hui, vous confirmiez le choix de l’Europe d’accepter l’Ukraine. […] Sans vous, l’Ukraine sera seule. Nous avons prouvé notre force, nous avons montré que nous sommes vos égaux. […] Donc, prouvez que vous êtes avec nous et que vous n’allez pas nous laisser tomber”, a-t-il notamment déclaré en visioconférence face aux eurodéputés, le 1er mars. Craignant pour leur sécurité face à la Russie, la Géorgie et la Moldavie ont à leur tour fait part de leurs candidatures le 3 mars. Quatre jours plus tard, après demande des Etats membres, la Commission européenne a débuté l’examen des candidatures ukrainienne, géorgienne et moldave, bien plus vite qu’elle ne l’aurait fait en temps normal. Mais les pays de l’UE ont écarté à Versailles l’idée d’une intégration accélérée, qu’ils considèrent contre-productive. Le processus d’élargissement s’annonce donc toujours, comme pour les autres pays candidats, long et complexe.

Autre demande adressée par Volodymyr Zelensky et par nombre d’Ukrainiens : la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne (no-fly zone en anglais), qui empêcherait l’armée russe de bombarder l’Ukraine. Cette requête s’adresse cette fois-ci à l’Otan, organisation militaire à laquelle appartiennent 21 Etats membres de l’UE sur 27. Là encore, les pays membres de l’Alliance atlantique ont décidé de ne pas y répondre, pour l’heure du moins, favorablement. Car pour que cette zone d’exclusion aérienne puisse devenir réalité des pilotes issus des Etats de l’Otan devraient patrouiller dans le ciel ukrainien et abattre les avions russes qui ne la respecteraient pas. Leurs pays seraient alors considérés comme cobelligérants par la Russie, en d’autres termes, en guerre avec elle. Une situation qu’ils souhaitent éviter, craignant une escalade du conflit, qui pourrait s’étendre bien au-delà des frontières ukrainiennes et impliquer des armes de destruction massive, les Russes et les pays de l’Alliance atlantique en possédant des deux côtés.

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