Antony Blinken est ce mercredi “à Kiev dans un contexte explosif, la Russie ayant déployé des dizaines de milliers de militaires à la frontière ukrainienne”, rappelle Le Point. Il s’agit de l’ouverture d’une semaine diplomatique intense : le chef de la diplomatie américaine est ensuite attendu à Berlin jeudi pour se coordonner avec les Européens, avant une rencontre vendredi à Genève avec à son homologue russe Sergueï Lavrov. Un enjeu de taille : “alors que l’Ukraine et ses alliés craignent une invasion russe, des négociations la semaine passée à Genève, Bruxelles et Vienne n’ont jusque-là permis que de constater le fossé séparant Moscou et les Occidentaux” [France 24].
Le secrétaire d’État américain a inauguré son déplacement avec une conférence de presse à l’ambassade américaine de Kiev. Il a fait état de l’existence de plans russes pour “augmenter encore plus” et “très rapidement” les troupes déjà déployées aux abords du pays [La Presse]. Les États-Unis ont également annoncé “le déblocage de 200 millions de dollars supplémentaires d’aide sécuritaire à l’Ukraine” et déclaré être prêts à aider militairement l’Ukraine [Le Figaro]. Un “changement net”, note le quotidien français, “alors que les États-Unis s’étaient longuement inquiétés de la colère de la Russie en cas d’assistance occidentale à son voisin et adversaire.”
Incertitudes
Les négociations diplomatiques de la semaine précédente se sont avérées infructueuses et ont été marquées par un retrait russe des discussions. Mais la rencontre entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken vendredi, et le fait que les deux parties aient accepté un nouvel échange, “suggère que la diplomatie n’est peut-être pas condamnée”, espère un haut fonctionnaire américain cité par Politico.
Pour autant, cela “témoigne également des écarts persistants entre la Russie et l’Occident après l’épisode de diplomatie intensive de la semaine dernière”, rapporte le média. La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a d’ailleurs estimé mardi que “la Russie [pouvait] lancer à tout moment une attaque en Ukraine”, et évoqué une “situation extrêmement dangereuse”, rapporte Le Monde.
En cause : les exercices militaires russes et biélorusses annoncés mardi par la Biélorussie qui, selon une responsable du département d’État américain, “vont bien au-delà du normal” et pourraient annoncer une présence militaire permanente de la Russie dans cette ancienne république soviétique, restée l’une des alliés les plus proches de Moscou [Le Figaro]. Depuis, “les Etats-Unis sonnent désormais l’alarme tous azimuts contre la Russie, avec laquelle ils assurent toutefois chercher encore une ‘porte de sortie diplomatique’ ”, analyse Le Point.
En face, “la Russie nie toute velléité belliqueuse en Ukraine et se dit menacée par le renforcement de l’Otan dans la région. Elle juge qu’une désescalade n’est possible que si les Occidentaux signent des traités excluant tout élargissement futur de l’Alliance atlantique”, fait savoir France 24. Selon le média, Moscou reste ainsi sourde aux demandes occidentales, Sergueï Lavrov ayant encore rejeté ce mardi celle “de retirer les dizaines de milliers de soldats russes déployés à la frontière ukrainienne, assurant que ces troupes ne menaçaient personne”.
Le rôle de l’Europe
Parallèlement aux efforts américains, les Européens se mobilisent également pour faire face à Vladimir Poutine. Notamment par le biais de l’Allemagne et de la France, qui partagent “une ligne de dialogue et de fermeté réunis à l’égard de la Russie” [Le Figaro].
“En visite à Kiev lundi puis à Moscou mardi, [la ministre allemande des Affaires étrangères] Annalena Baerbock s’est [ainsi] concentrée sur une stratégie de désescalade du conflit” [Les Echos], où “elle a prôné la relance du format Normandie, à l’origine des accords de paix de Minsk”. Également souhaité par le président français Emmanuel Macron et par le chancelier allemand Olaf Scholz, “ce cadre avait réuni autour d’une même table la Russie et l’Ukraine en présence de la France et de l’Allemagne dans le cadre de la guerre du Donbass”, rappellent Les Echos.
Ainsi, “l’Europe peut ainsi espérer sortir de son rôle de simple observateur de négociations au sommet entre Moscou et Washington sur un conflit qui menace la paix sur son propre continent”, analysent Les Echos.
“Nous ne voyons aucune division (sur la Russie) au sein de la coalition, désormais il y a une position commune”, se félicite quant à lui le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, cité par Le Figaro. Une unité qui “pourrait rapidement porter ses fruits”, estiment Les Echos. Pour préparer sa rencontre bilatérale de vendredi avec le ministre russe, le secrétaire d’État doit rencontrer à Berlin “des membres du nouveau gouvernement de coalition allemand ainsi que des représentants du ‘quadrilatère transatlantique’, qui comprend également le Royaume-Uni et la France”, note The Guardian.
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