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Turquie : l’Union européenne tenue de composer avec Recep Tayyip Erdoğan

Réélu dimanche 28 mai, Recep Tayyip Erdoğan prolonge de cinq ans son mandat à la tête de la Turquie. Proche partenaire d’Ankara, l’Union européenne devra poursuivre le dialogue avec le même interlocuteur, en dépit de relations souvent tendues.

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Recep Tayyip Erdogan s’adressant à une foule de partisans (2017) - Crédits : Union européenne. 

Recep Tayyip Erdoğan a vaincu son adversaire Kemal Kılıçdaroğlu avec 52,16 % des voix lors du second tour de l’élection présidentielle turque, dimanche 28 mai. Pourtant, “il y a encore trois semaines, avant le premier tour […], les Européens envisageaient une défaite” du président sortant et de son parti, l’AKP [Le Figaro]

Cette réélection “représente un nouveau défi pour les chancelleries européennes, alors qu’elles attendaient, sinon espéraient, la victoire du candidat de l’opposition, Kemal Kiliçdaroglu, davantage favorable à une reprise du dialogue avec l’Union européenne”, considère le politiste Nicolas Monceau dans une tribune publiée par Le Monde. En somme, ces élections “remettent en lumière le dilemme des Européens face à la Turquie, entre exigence de dénonciation et nécessité de coopération”, résume-t-il. L’Union européenne “regarde depuis des années la Turquie s’enfoncer dans une dérive autoritaire sous la direction d’un homme qui se rêve en ‘sultan’ “, commente La Libre, listant les attaques à la démocratie du président “qui a muselé la justice, les médias et les voix d’opposition”. “C’était la première fois en vingt ans qu’un changement était envisageable”, regrette ainsi un diplomate européen dont les propos sont rapportés par le quotidien.

Pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, il reste cependant “d’une importance stratégique pour l’UE et la Turquie de travailler à faire progresser cette relation, au profit de notre peuple”, cite Le Figaro. Malgré “une rhétorique agressive, un positionnement géopolitique ambigu et un flirt avec la Russie” [La Libre], la Turquie reste “un interlocuteur incontournable pour le bloc” [Le Figaro]. D’autant qu’elle est toujours candidate à l’adhésion européenne, “même si les négociations sont gelées depuis des années” [La Libre]. Mais le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell prévient “qu’il ne pourrait y avoir de ‘relation constructive’ […] sans un engagement du pouvoir turc sur les ‘droits de l’homme, l’état de droit, le droit international et la stabilité régionale’ ” [Le Figaro]. “Le dilemme des Européens risque de perdurer longtemps”, craint Nicolas Monceau dans Le Monde.

Défense et sécurité 

Pour les Européens, ce dilemme se concentre sur “l’enjeu de la défense européenne en premier lieu”, estime le politiste. Dans “le paysage inconnu qui accompagne la guerre en Ukraine, cette question est devenue centrale”, confirme Le Temps.

Bien que membre de l’Otan, Ankara maintient une “proximité avec la Russie [qui] dérange”, note La Libre, ajoutant que sur “de nombreuses questions de politiques étrangères et de défense, […] la Turquie agit contre les intérêts de l’UE”. Au cours des dix dernières années, le président turc n’a pas hésité à “exploit[er] chacune des failles du bloc, de la migration à la relation à la Russie”, abonde Le Figaro.

Le prochain sommet de l’Otan [en juillet à Vilnius en Lituanie] sera un vrai test, alors que la Turquie bloque l’adhésion de la Suède depuis de longs mois” [La Libre]. Recep Tayyip Erdoğan “accuse ainsi la Suède d’héberger des militants et sympathisants qu’[il] considère comme terroristes, en particulier ceux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)”, rappelle France info. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, se veut toutefois optimiste et affirme qu’une adhésion à l’organisation est “absolument possible” avant le sommet de Vilnius [France info].

Les relations ambigües de la Turquie avec la Russie touchent aussi au domaine de l’énergie. A l’heure où les Européens planchent sur un onzième paquet de sanctions contre Moscou, “les importations turques de pétrole russe ont augmenté. Une partie se retrouverait même, via la Turquie, sur le marché européen, alors qu’il en a été banni” [La Libre]. “L’enjeu énergétique sera déterminant dans les relations turco-européennes”, écrit Nicolas Monceau dans Le Monde.

Migrations

De pays candidat à l’adhésion à l’UE marginalisé, voire quasiment ignoré, la Turquie s’est imposée comme un interlocuteur incontournable pour l’UE afin de gérer la crise migratoire” de 2015-2016 [Le Monde]. En mai 2016, après la crise européenne de l’asile, l’UE a conclu un marché, “lui offrant 6 milliards d’euros pour accueillir (et garder) les réfugiés syriens sur son sol” [La Libre].

Depuis, l’Union européenne “s’en remet toujours à Ankara pour affronter ce défi, à défaut aussi d’être parvenue à se doter d’une politique migratoire commune”, poursuit le journal belge. Devenu un vrai levier de pression sur l’UE pour Recep Tayyip Erdoğan, la limitation des flux migratoires reste une “énorme dépendance de l’UE à Ankara”, considère La Libre.

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