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Serbie/Kosovo : un début de normalisation

C’est ce week-end qu’ont été conclus des accords historiques entre la Serbie et le Kosovo, au terme d’un dialogue initié en début d’année sous la houlette de l’Union européenne. Portant sur des questions purement techniques (mobilité des populations, accès aux registres d’état civil et reconnaissance des diplômes universitaires), ils n’en restent pas moins historiques.

La Serbie ne cache pas ses ambitions européennes, et multiplie les signes en direction de l’UE. Qu’ils soient spectaculaires, comme l’arrestation récente de l’ex-général Ratko Mladic qui comparait actuellement devant le Tribunal pénal international de la Haye, ou plus discrets, comme ces rencontres qui se sont multipliées avec les représentants de Pristina depuis le début du mois de mars.

Même si l’Union européenne n’a pas officiellement inscrit le règlement du conflit entre Kosovo et Serbie sur la liste des conditions sine qua non en vue de l’octroi du statut de candidat, la signature de cet accord technique n’en reste pas moins un signal fort. Pour le journaliste et essayiste Thomas Schreiber, il s’agit d’une “condition non déclarée de la part de l’Union pour prendre en considération la demande de la Serbie de commencer les pré-négociations.

Pour la Serbie, l’objectif de l’adhésion est clair, et le pays s’est lancé dans une véritable “offensive diplomatique depuis un peu plus d’un an, particulièrement depuis ce qui s’est passé avec la Croatie, qui deviendra le premier pays de l’ex-Yougoslavie après la Slovénie à faire partie de l’UE. L’actuel président de la Serbie est un européen sincère qui sait très bien que tout cela a un prix, notamment la normalisation du statut du Kosovo. Or ils n’ignorent pas que côté kosovar, le bilan international n’est pas particulièrement brillant : un certain nombre de pays membres le ne reconnaissent toujours pas” , estime Thomas Schreiber.

thomas schreiberThomas Schreiber est journaliste d’origine hongroise. Longtemps éditorialiste à RFI, il collabore à plusieurs journaux et revues en France et en Hongrie. Il est l’auteur de nombreux livres et est professeur associé à l’Ecole Militaire de Saint-Cyr.

Le timing semble donc bien choisi pour lancer un symbole fort, poursuit le journaliste : “la plupart des règlements des conflits de ce genre, depuis le début de la communauté, se fait par la normalisation de questions techniques ou pratiques […]. Il y a beaucoup d’intérêts communs, quelles que soient les arrières-pensées diamétralement opposées” .

Ce premier aboutissement concret de discussions engagées depuis quelques mois a été favorisé par la médiation de l’Union européenne. Celle-ci a exercé une “pression amicale” pour soutenir un processus de rapprochement aussi discret que progressif. Les choses pourraient s’accélérer avec la présidence polonaise qui s’est ouverte le 1er juillet, et qui a fait de la candidature serbe l’un de ses objectifs principaux. Selon Thomas Schreiber, “cette présidence va favoriser non pas le règlement de problèmes complexes, mais la multiplication des contacts diplomatiques pour trouver des solutions” .

Ce n’est donc que le début d’un long processus dans lequel sont engagés Belgrade et Pristina avec un objectif commun : l’adhésion à l’UE, à plus ou moins long terme. La conclusion de premiers accords, s’ils restent techniques, représente “un premier pas important sur le plan psychologique vers de nouveaux rapports dont on ignore la nature pour le moment. C’est une bonne nouvelle pour l’Europe” , conclut Thomas Schreiber.

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