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Royaume-Uni : les projets du gouvernement Truss fragilisent l’économie du pays

L’économie britannique connaît des turbulences depuis la présentation par le gouvernement d’un plan budgétaire le 23 septembre. Le programme, qui combine fortes baisses d’impôts et un recours important à l’emprunt, a été accueilli très défavorablement par les marchés. 

Le plan pour la croissance élaboré par la Première ministre Liz Truss et le ministre des Finances Kwasi Kwarteng comprend 45 milliards de livres de baisses d'impôts
Le plan pour la croissance élaboré par la Première ministre Liz Truss et le ministre des Finances Kwasi Kwarteng comprend 45 milliards de livres de baisses d’impôts - Crédits : Rory Arnold / Flickr / No 10 Downing Street

Depuis que le Monsieur Finances du gouvernement de Liz Truss, Kwasi Kwarteng, a annoncé un plan de réformes fiscales vendredi [23 septembre], c’est le branle-bas de combat” [Politico]. Le programme budgétaire du nouveau gouvernement “se veut la concrétisation des promesses faites aux membres du parti [conservateur] : renouer avec les heures glorieuses du thatchérisme”, résume Mediapart.

Le projet consiste à baisser les taxes pour toutes les tranches, supprimer la tranche à 45 % pour les revenus les plus élevés, et s’accompagne d’emprunts plus importants pour compenser la perte de revenus fiscaux, dans l’espoir de booster l’économie”, explique Politico.

Chute de la livre

Bref, une politique de l’offre radicale qui n’a pas du tout convaincu les marchés”, selon le média. “Les investisseurs financiers n’y ont vu qu’un programme de réduction des recettes [publiques], non financé par ailleurs” [Mediapart].

Résultat, la livre “s’est échangée à 1,07 dollar (1,10 euro), soit une baisse de 1 % par rapport au dollar, et les rendements des obligations à 10 ans ont augmenté de 21 points de base pour atteindre 4,22 %” jeudi 29 septembre [The Irish Times]. La monnaie britannique est “sur la voie de son pire mois depuis que le Royaume-Uni a voté pour quitter l’Union européenne en juin 2016″, constate le journal irlandais. Or, “la faiblesse de la livre entraîne une hausse de l’inflation importée, ce qui érode les revenus réels” des Britanniques [The Economist].

Introduire des baisses d’impôts significatives, tout en dépensant plus, et notamment en faisant passer le budget militaire de 2 à 3 % du PIB, c’est s’obliger à beaucoup emprunter”, explique par ailleurs l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King dans L’Echo. “Et cela aurait nécessité au minimum des explications sur le financement de ces emprunts sur le long terme”, estime l’économiste.

Dans la précipitation, la Banque centrale a annoncé le 28 septembre qu’elle achèterait autant d’obligations d’Etat (‘gilts’) que nécessaire pour ‘restaurer l’ordre sur les marchés’ ” [Mediapart]. L’objectif est ainsi de faire baisser les taux sur la dette outre-Manche, qui ont fait quelques dommages collatéraux. Les “turbulences” des obligations britanniques “ont provoqué des ondes de choc sur les marchés mondiaux, entraînant de fortes variations des obligations américaines et européennes”, rapporte ainsi le Financial Times.

Un “bon projet” ?

Malgré les critiques, Liz Truss “persiste et signe[Les Echos]. Interrogée jeudi 29 septembre sur les radios locales de la BBC, la Première ministre britannique a assuré qu’elle avait le “bon projet” pour son pays.

Kwasi Kwarteng devrait plutôt dire à sa Première ministre “de tout faire pour apaiser les relations avec l’UE et faciliter les échanges”, conseille The Guardian dans sa rubrique “Opinion”. The Economist assimile de son côté “le refus du gouvernement de faire face à la nécessité d’établir des relations plus constructives avec l’Union européenne, le plus grand partenaire commercial de la Grande-Bretagne, et l’insistance sur un feu de joie des lois de l’UE d’ici la fin de 2023″ à une “conviction aveugle” du gouvernement. Alors en campagne pour prendre la tête du parti conservateur, Liz Truss avait promis fin juillet de remplacer ou d’abandonner les législations européennes encore en vigueur au Royaume-Uni.

La crise dans laquelle est plongé le Royaume-Uni est-elle pour autant une conséquence du Brexit ? “On ne peut pas encore le dire”, répond Catherine Mathieu, économiste à l’OFCE [Capital]. “Il faut bien comprendre que le Brexit ne date en pratique que de janvier 2021, au moment du retrait du marché unique. […] Le niveau du PIB britannique est aujourd’hui proche de celui de la fin 2019, comme en France ou en Allemagne”, poursuit-elle. “Quant à la livre sterling, elle résiste, et s’est légèrement appréciée face à l’euro depuis janvier 2021″.

Petite éclaircie ce vendredi 30 septembre dans le nuage britannique, le PIB du pays, “qu’une première estimation avait donné en baisse de 0,1 % au deuxième trimestre 2022, a finalement enregistré une hausse de 0,2 % sur cette période”, annonce La Tribune. “Une des rares bonnes nouvelles” pour Liz Truss, constate le journal.

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