Fin de l’ultimatum
Alors que son pays souffre d’une profonde crise politique, sur fond de graves pénuries alimentaires, Nicolás Maduro a rejeté, dimanche 3 février dans un entretien à la chaîne de télévision espagnole La Sexta, l’ultimatum adressé par la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal et les Pays-Bas, rapporte Le Monde (avec l’AFP). Cet ultimatum, lancé le 26 janvier, lui demandait de s’engager à organiser une élection présidentielle anticipée d’ici au 3 février, sous peine de reconnaître Juan Guaidó, chef du Parlement et autoproclamé président par intérim, comme légitime “pour organiser des élections” .
Face au refus de Nicolás Maduro, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Suède ont, sans attendre, déclaré considérer Juan Guaidó comme président du Venezuela, fait savoir Le Monde (avec l’AFP). S’exprimant ce matin sur France Inter, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian a ainsi estimé que Juan Guaidó était “habilité” à organiser un nouveau scrutin présidentiel.
Des Européens divisés
Mais si certains pays européens paraissent donc déterminés à agir contre M. Maduro, ce n’est pas le cas de l’ensemble des Etats membres. “L’Europe, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres enjeux de politique étrangère, est désunie” , commente ainsi Libération. On trouve d’un côté “la bande des six qu’on peut comparer au groupe de Lima, qui réunit les pays d’Amérique latine proches de la diplomatie des Etats-Unis” . Et de l’autre, des pays qui privilégient un principe de non-ingérence et qui préfèrent jouer la carte de la prudence. L’Italie a ainsi jugé qu’il n’était pas “opportun de se précipiter à reconnaître des investitures comme celle de M. Guaidó, qui n’ont pas été validées par un processus électoral” . En définitive, seule la Grèce dans l’UE soutient officiellement Nicolás Maduro, “par fidélité de gauche” , indique le quotidien.
Une division qui n’a tout de même pas empêché le Parlement européen de clairement reconnaître, jeudi 31 janvier, Juan Guaidó comme président par intérim, rappelle Challenges (avec Reuters).
Notons également que le Venezuela ne divise pas qu’à l’échelle européenne. Si les Etats-Unis, le Canada et plusieurs pays latino-américains et européens se sont prononcés en faveur de Juan Guaidó, Nicolás Maduro est quant à lui “soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba” [La Croix].
Les Vénézuéliens eux-mêmes ont témoigné de leurs profondes divergences, samedi 2 février, en organisant des manifestations concurrentes dans la capitale, Caracas. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont ainsi défilé, les unes “pour exiger le départ de Nicolás Maduro” , les autres “pour célébrer le 20e anniversaire de la révolution bolivarienne et réaffirmer leur soutien au dirigeant socialiste” , indique Le Point (avec l’AFP). Aucun chiffre officiel du nombre de manifestants n’a été publié, mais “des deux côtés, les photos prises par l’Agence France-Presse montraient des rues et des avenues noires de monde” .
Installé sur une estrade devant la représentation de l’UE à Caracas, Juan Guaidó a déclaré qu’une aide humanitaire allait être livrée dans les prochains jours aux frontières colombienne et brésilienne et sur une “île des Caraïbes” , demandant aux militaires de la laisser passer, rapporte l’hebdomadaire. Une mesure qui impliquerait un basculement de l’armée, alors qu’à “l’heure actuelle, le grand commandement [de l’armée vénézuélienne] reste pro-Maduro” , rappelle RFI.
Selon le chef du Parlement vénézuélien, le mois de février sera “déterminant” pour chasser Nicolás Maduro du pouvoir [Euronews].
Un groupe de contact UE-Amérique latine pour le dialogue
Malgré leurs divisions, les Européens se sont mis d’accord sur l’organisation d’un dialogue diplomatique international pour trouver des solutions à la crise politique que traverse le Venezuela. “Réunis à Bucarest où ils ont étalé leurs divergences, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit ont voté jeudi [31 janvier] la création d’un groupe de contact mixte UE-Amérique latine pour tenter de faire avancer le dialogue” , détaille Libération.
“Ce groupe comprend l’UE et huit de ses États membres (Allemagne, Espagne, France, Italie, Portugal, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède), ainsi que la Bolivie, le Costa Rica, l’Équateur et l’Uruguay pour les pays d’Amérique latine” , énumère La Croix. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le président uruguayen Tabaré Vazquez ont par ailleurs indiqué que la première réunion se tiendrait jeudi 7 février à Montevideo. “Mais le fait que sept pays (ou davantage) aient porté leur choix sur le président autoproclamé du Venezuela risque bien d’affaiblir le poids de ce groupe de contact” , qui aurait ainsi déjà choisi son camp, estime Libération.
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