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[Revue de presse] UE-Chine : sommet virtuel, tensions réelles

Organisé le 22 juin, le 22e sommet entre Européens et Chinois avait pour but d’avancer sur leur projet de partenariat commercial. Il a surtout mis en exergue de nombreux points de divergence.

Lundi 22 juin, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel ont tenu une conférence de presse à l'issue du 22e sommet entre l'UE et la Chine
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel, lors de la conférence de presse à l’issue du 22e sommet entre l’UE et la Chine le 22 juin - Crédits : Conseil de l’UE

Initialement prévue pour la fin du mois de mars, la rencontre finalement organisée hier par vidéoconférence a réuni, d’un côté, les présidents de la Commission et du Conseil européen Ursula von der Leyen et Charles Michel, de l’autre le président chinois Xi Jinping et son Premier ministre Li Keqiang. Elle n’aura pas été des plus concluantes.

L’échange devait permettre de préparer une future “réunion extraordinaire entre le président chinois et les dirigeants des 27 alors que les deux parties espèrent signer cette année un accord sur la protection des investissements” [Le Figaro avec l’AFP]. Mais à l’issue de six heures de discussions, Mme von der Leyen a estimé que celles-ci étaient “seulement un début” , alors que les deux parties se sont quittées sans s’accorder sur une position commune.

L’Europe hausse le ton

En matière commerciale avant tout, les Européens ont souhaité faire preuve de fermeté. La présidente de la Commission a ainsi affirmé que Pékin devait “intensifie[r] ses efforts pour négocier divers différends commerciaux, notamment un accord sur les investissements, qui, a-t-elle insisté, devrait être conclu d’ici la fin de l’année” [Politico]. A ce titre, elle considère ainsi que “les deux prochains rounds de négociation sur l’accord sur les investissements, le 29 juin et fin juillet seront décisifs” [Le Monde].

Autre sujet de tensions : la propagation de fausses informations provenant de Chine. “On a vu des cyberattaques, dont nous connaissons l’origine. Et aussi de la désinformation, et on a une idée de l’endroit d’où elle vient, et nous ne la tolérons pas” , a ainsi expliqué Ursula von der Leyen [Libération]. Enfin, “les préoccupations relatives aux droits de l’homme en Europe, […] aggravées par la proposition de Pékin d’imposer une loi sur la sécurité intérieure à Hong Kong” , ont également été évoquées [Financial Times]. Pour l’Union européenne, ce projet viendrait rompre l’accord “un pays, deux systèmes” conclu avec les Britanniques au moment de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, rappelle Libération.

Relations houleuses

De fait, ces derniers mois, les relations entre l’Europe et la Chine “sont devenues de plus en plus houleuses, ce qui a réduit les espoirs de progrès tangibles, notamment dans le domaine des relations économiques” , explique le Financial Times. Pour Les Echos, le contexte de la crise du coronavirus aurait “accéléré certaines prises de conscience” au niveau européen. “Non seulement l’Europe a mesuré sa dépendance à l’égard de la Chine, mais elle a aussi pu constater un nouvel activisme chinois sur le front de la propagande” , analyse le média.

Pour Libération, “le temps de la langue de bois semble terminé entre l’Union européenne et la Chine […] si l’on en croit les mots employés par les responsables européens lors de la conférence de presse” . “La tension avec le régime communiste est de plus en plus assumée” , poursuit le média, qui considère quant à lui que le format de la conférence n’a pu permettre “les discussions de couloir entre conseillers qui permettent de déminer les discussions officielles, et les dîners où le dialogue est plus informel” .

Inquiétudes de Pékin

Si la Chine s’est défendue de ces attaques, elle a néanmoins réaffirmé qu’elle était “disposée à maintenir une communication étroite avec les deux présidents (des institutions européennes) pour faire avancer une série d’agendas politiques majeurs et pousser les relations sino-européennes à un nouveau niveau” , selon les déclarations du président Xi Jinping à l’agence de presse Chine nouvelle.

Les dirigeants chinois se sont aussi montrés “préoccupés par la nouvelle législation européenne sur les investissements étrangers” , et espèrent de l’UE qu’elle “maintiendra également l’ouverture de ses marchés du commerce et des investissements” [Le Figaro avec AFP]. La semaine dernière, la Commission a en effet lancé une consultation publique en vue d’une législation “qui donnerait à Bruxelles de nouveaux pouvoirs étendus pour lutter contre les subventions déloyales offertes par la Chine (…) aux entreprises” , rappelle le Financial Times.

Pas de crise ouverte

Même si elle élève un peu le ton, l’Europe sait aussi jusqu’où ne pas aller trop loin avec son deuxième partenaire économique” , nuance toutefois Le Monde. Si “la relation transatlantique reste sans doute sa priorité (…), le lien avec Washington pose désormais tellement de questions qu’il ne s’agit pas d’ajouter au tableau une crise ouverte avec le géant chinois” , estime le média.

Les Etats-Unis ont ainsi tenté de “[mettre] en garde les Européens avant le sommet” , le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo affirmant que “le Parti communiste chinois [voulait les] obliger à choisir” entre eux et la Chine. Un avertissement refusé par Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, pour qui “l’Europe ne sera pas le champ de bataille des Etats-Unis et de la Chine” [Le Figaro avec AFP]. De son côté enfin, le “conflit commercial et politique avec les Etats-Unis” contraint la Chine à chercher des soutiens sur la scène internationale, estime Le Figaro avec AFP.

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