Le chef de la diplomatie allemande a rencontré mardi matin son homologue grec Níkos Déndias, avant de s’entretenir l’après-midi avec le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu. Au cœur de leurs discussions : les travaux sismiques opérés depuis le 10 août par le navire turc Oruç Reis, escorté par des bâtiments militaires, dans une zone de Méditerranée orientale sur laquelle la Grèce s’estime souveraine.
Les deux pays ont depuis été conduits à des démonstrations de force successives. Dimanche dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que la prospection navale serait prolongée jusqu’au 27 août, soit trois jours de plus qu’initialement prévu, explique Le Monde. En réponse, la Grèce a annoncé qu’elle organiserait des manœuvres ce mardi au large de l’île de Crète, non loin de l’Oruç Reis. Ankara prévoit de riposter par la tenue “d’exercices militaires de transition” plus au sud, note La Tribune.
Volonté de dialogue
L’Allemagne, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l’Union européenne, tente de s’imposer comme médiateur. “La situation actuelle en Méditerranée orientale revient à jouer avec le feu” , a déclaré Heiko Maas après sa visite à Athènes. “Chaque petite étincelle peut déclencher une catastrophe” , a poursuivi le ministre allemand [France 24], appelant les deux gouvernements à montrer des “signes de désescalade” et “une volonté de dialogue” [Euronews].
Si la Grèce se dit prête au dialogue, celui-ci “ne peut se faire sous la menace”, a prévenu son chef de la diplomatie Níkos Déndias. “Une condition est requise, les navires de guerre turcs et les bateaux d’exploration sismique doivent se retirer du plateau continental grec” , explique Le Monde. La Turquie, elle, considère que le dialogue n’est “pas possible si la Grèce impose des préconditions”, rapporte Ouest-France.
Car Ankara est bien décidée à étendre son influence sur la zone, notamment par des offensives répétées à l’encontre de la Grèce qu’elle considère “comme le maillon faible de l’UE”, analyse Le Monde. L’accord turco-libyen en 2019, puis l’afflux de milliers de réfugiés à la frontière grecque en mars 2020, relèveraient de cette même logique.
Stratégie allemande
Or la stratégie allemande ne semble pas encore avoir porté ses fruits. Elle risque même “de s’avérer impuissante à éviter l’étincelle en Méditerranée” [Monde]. De fait, Athènes attend des prises de position fermes plutôt qu’un simple appel au dialogue. “Aux yeux des détracteurs grecs, l’attitude de Berlin dans cette problématique ne fait qu’encourager les réactions agressives de la Turquie” , explique Euractiv. “Cette fois, les fonctionnaires grecs sont frustrés de ne pas avoir reçu plus de soutien de la part de leur partenaire et principale puissance économique de l’Europe” , ajoute quant à lui Politico.
L’édition européenne du quotidien en ligne américain rappelle que Berlin “a tout intérêt à maintenir des relations convenables avec Ankara, notamment en raison de l’accord de l’UE avec la Turquie sur les réfugiés, qui implique que de nombreux migrants restent sur place plutôt que de se diriger vers l’Allemagne” . En cas de sanctions européennes, l’Allemagne craint “la réponse turque (…), en particulier sur le plan de la migration”, confirme Euractiv.
Les ministres européens des Affaires étrangères doivent désormais se pencher, lors d’une réunion informelle les 27 et 28 août, sur cette demande de sanctions émise par Athènes. Or “les représentants européens évitent d’employer publiquement le terme ‘sanctions’, même s’ils soutiennent que toutes les options sont actuellement considérées”, note Euractiv. De fait, les Vingt-Sept ne sont pas unanimes : “l’Autriche et la France appellent l’UE à adopter une attitude plus ferme dans cette affaire, tandis que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Hongrie se montrent plus réservées” , continue le média européen.
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