Depuis le 9 août et la réélection contestée de l’autoritaire président biélorusse Alexandre Loukachenko, “des manifestations d’une ampleur historique se tiennent chaque week-end pour exiger le départ du chef d’Etat, au pouvoir depuis 26 ans” , rappelle Le Temps. Hier, des dizaines de milliers de manifestants “vêtus de rouge et de blanc, les couleurs de l’opposition […] ont défilé sur l’avenue des Vainqueurs et se sont rendus vers le palais de l’Indépendance” , poursuit le quotidien suisse. Principal mot d’ordre destiné au leader autoritaire : “Du balai !” . “Poutine, retire ta fourchette de la patate biélorusse !” , ont également lancé des protestataires à l’adresse du président russe, en allusion à l’une des productions emblématiques du pays [France 24].
Parmi les victimes de la répression : les femmes. “C’est devenu le rythme de la contestation en Biélorussie : la manifestation du dimanche […] est précédée le samedi par une plus petite mais hautement symbolique ‘marche des femmes’. […] Près de 400 d’entre elles ont été arrêtées durant la manifestation” , écrit La Croix. Un sort similaire est réservé aux journalistes internationaux. “C’est un fait, porter un gilet de presse en Biélorussie ne protège plus. Bien au contraire. Depuis le printemps et le démarrage de la campagne électorale, l’Association biélorusse de journalistes a recensé quelque 300 exactions des autorités à l’encontre de journalistes” , rapporte Le Monde.
Un enlisement de la situation
“C’est un climat de guérilla qui s’installe entre l’opposition et le pouvoir” , s’inquiète Bruno Drweski, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), au micro de RFI. Si le mouvement de contestation est dans sa grande majorité pacifique, la population “est réellement partagée en deux” , analyse l’historien. “Loukachenko n’a pas l’intention de céder la place. Son but stratégique n’a pas changé : il veut garder le pouvoir jusqu’à la fin de sa vie et le passer à son héritier” , son fils, estime quant à lui Andreï Souzdaltsev, professeur à la haute école de l’économie de Moscou, dans Le Figaro. “Il fait traîner les choses, évoque une réforme constitutionnelle, sans la proposer vraiment” , ajoute-t-il.
“Combien de gens faut-il pour se débarrasser d’un dictateur ?” , s’interroge de son côté la BBC. “3,5% de la population” , soit 300 000 personnes dans le cas de la Biélorussie, estime Erica Chenoweth, politologue à Harvard, qui revient sur les renversements de régimes autoritaires au siècle dernier. Or, “les rassemblements les plus importants en Biélorussie ces dernières semaines ont regroupé jusqu’à 200 000 personnes, selon l’agence Associated Press” . Elle conclut cependant que “si l’histoire peut nous éclairer, il est trop tôt pour dire que Loukachenko est fini” .
Les sanctions européennes au point mort
Alors que “ ‘le dernier dictateur d’Europe’ était à Sotchi chez son allié, le président russe Vladimir Poutine […], Svetlana Tikhanovskaïa, l’égérie de l’opposition biélorusse réfugiée à Vilnius, […] est reçue à Bruxelles” , relève Le Soir. A l’invitation du haut-représentant de l’UE Josep Borrell, elle rencontre les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept ce lundi 21 septembre. “Au menu : les arrestations du week-end à Minsk et les scénarios de sortie de crise” .
Pour autant, l’Union européenne ne parvient pas à faire adopter les sanctions annoncées le 19 août contre les “responsables de fraudes électorales et de la répression des manifestations”, rappelle RFI. Ces mesures, qui s’apprêtent à viser “40 fonctionnaires biélorusses” [Politico], “sont pour l’instant bloquées par l’un des plus petits membres de l’Union européenne (UE) : Chypre”, écrit RFI. Nicosie refuse ainsi d’avancer sur ce dossier “tant que l’UE n’impose pas aussi des sanctions à son voisin, la Turquie” . Et le média de conclure que si ces deux dossiers n’ont “rien à voir (…), Chypre est bien décidé à [les] faire avancer en même temps [lors] du Conseil européen jeudi et vendredi, les 24 et 25 septembre” .
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