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Opération Atalanta : une flotte de guerre européenne pour stopper la piraterie dans le Golfe d’Aden

A l’occasion d’une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à Luxembourg, lundi 15 juin 2009, les 27 ont décidé de prolonger l’opération anti-pirates Eunavfor-Atalanta pour une période d’un an à compter du 13 décembre 2009. Pour l’Union, cette opération a apporté “la preuve de sa capacité à agir efficacement contre la piraterie”. Retour sur le premier grand succès d’une marine européenne en devenir.

Atalanta ou l’enjeu d’une Europe “puissance”

Atalanta, c’est l’histoire d’une réussite européenne là où personne ne l’attendait. Qui aurait pensé, début 2008, qu’une douzaine de navires européens, appuyés par des moyens aériens, croiseraient aujourd’hui dans les eaux chaudes du Golfe d’Aden et de l’Océan Indien. L’UE n’avait jamais déployé de moyens militaires maritimes jusqu’à la mise en oeuvre de cette opération. Et sans soutien extérieur (logistique américaine notamment), les observateurs voyaient mal les marines nationales battre pavillon bleu étoilé à plus de 5000 kilomètres de Bruxelles.

La menace “pirate”

En 2008, 111 navires ont été attaqués au large de la Somalie et 42 détournés selon le rapport du Bureau maritime international. Pour le seul premier trimestre 2009, on recense 114 bateaux attaqués et 29 saisis.

Les pirates ont en permanence entre leurs mains entre 10 et 20 navires, et 200 marins en otage. Le montant cumulé des rançons pourrait atteindre entre 30 et 150 millions de dollars.

En savoir plus
La menace grandissante de la piraterie sur les intérêts économiques et stratégiques européens a pourtant fini par convaincre les Etats membres de lancer le 8 décembre 2008, la première opération navale de l’Union. La protection de la marine marchande et la sécurisation d’une grande voie d’approvisionnement énergétique auront été des éléments déterminants dans le choix du Conseil.

Atalanta marque aussi le tournant pris par la doctrine européenne de défense et de sécurité sous l’impulsion de Javier Solana en 2008. Avec cette mission, les Européens montrent qu’ils n’interviennent plus seulement dans le cadre des missions de Petersberg - maintien de la paix ou interposition entre deux forces - mais qu’ils déploient également des capacités de force globale.

Militaire (interception des pirates par des navires de guerre et des commandos marines), civile (escorte de la marine marchande et des convois humanitaires du Programme Alimentaire Mondial), politique (coopération avec les autorités somaliennes) et juridique (arrestation et jugement des pirates), la structure de cette opération revêt tous les attributs d’une puissance alliant “soft” et “hard power” .


Organisation de l’opération anti-piraterie

Atalanta, comme l’explique Nicolas Gros-Verheyde, spécialiste “défense-sécurité” à Europolitique, “est la seule opération anti-pirates réellement structurée présente dans le Golfe d’Aden. Contrairement aux autres forces qui sont dans la zone, la force européenne est présente en permanence” . 

Atalanta en chiffres

Afin d’assurer la sécurité du trafic commercial dans le golfe d’Aden et l’escorte des convois humanitaires vers la Somalie, les Européens mobilisent actuellement 1200 militaires, 13 bâtiments et 3 avions de patrouille maritime.


  • Structure : l’opération dispose d’un commandement structuré, avec des liaisons organisées avec l’industrie maritime, des accords juridiques signés avec les pays tiers, et un point d’appui logistique terrestre à Djibouti (base militaire française)

  • Commandement : l’opération est commandée par un Etat-major multinational dirigé par un contre-amiral britannique. Le quartier général est situé à Northwood au nord de Londres. Le commandant de la force en mer est assuré directement sur une des frégates.

  • Financement : essentiellement financé par les Etats membres, le budget global de l’opération est estimé à environ 300 millions d’euros. Seuls les frais d’état-major sont pris en charge par le mécanisme européen de solidarité “Athéna” (plus de 8 millions d’euros).

L’organisation de l’opération Atalanta est un succès. Pour les autres marines déployées dans la région, la flotte européenne est devenue, aujourd’hui, une référence et un gage de sécurité.


En savoir plus :

Politique étrangère et de défense - Touteleurope.fr
L’opération Atalanta Eunavfor - Conseil de l’Union européenne
Atalanta : l’UE à l’abordage des pirates - Europolitique

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