Arrivé la veille à Athènes, le pape François s’est rendu dimanche 5 décembre à Lesbos pour y prononcer un “vibrant discours au camp de migrants de Mavrovouni […], cinq ans après sa première visite sur cette île grecque emblématique de la crise migratoire” [La Croix].
Dans ce camp, “qui abrite encore près de 2 200 demandeurs d’asile”, le pape, “entouré par une foule de migrants qui s’étaient massés entre les conteneurs et les tentes du camp” [France 24], s’est inquiété du “recul de la démocratie” et a plaidé “pour une politique européenne ‘concertée’ en faveur des migrants” [Le Figaro]. Un discours qui montre que “la cause des réfugiés reste cette fois encore la pierre angulaire du 35ème voyage en Grèce du pape François” et représente un “leitmotiv de son pontificat”, estime La Croix.
“Mare mortuum”
Le chef de l’Eglise s’est attristé que la Méditerranée, “berceau de tant de civilisations”, soit “désormais comme un miroir de la mort”, rappelant “les images crues des petits corps gisants sur les plages”, rapporte France 24.
“Ne permettons pas que la mare nostrum se transforme en une désolante mare mortuum, que ce lieu de rencontre devienne le théâtre de conflits ! Ne laissons pas cette mer des souvenirs devenir la mer de l’oubli”, a lancé le souverain pontife, cité par La Croix. “Combien de hotspot où les migrants et les réfugiés vivent dans des conditions à la limite de l’acceptable, sans entrevoir de solutions”, a-t-il également regretté [Le Figaro].
La veille de son intervention à Lesbos, “une quarantaine d’ONG de défense des migrants [avaient déjà] exhorté le pape à intervenir pour que cessent les refoulements présumés d’exilés aux frontières gréco-turques”, relate France 24. Dans une lettre au pape, “elles ont également dénoncé la mise en place en Grèce de camps fermés et à accès contrôlé, financés en partie par des fonds européens”. L’un d’eux doit être construit à Lesbos l’an prochain, précise la chaîne d’information internationale.
Un message politique
Dans un voyage “très politique” selon Le Figaro, “le pape François s’est immiscé dimanche dans le dernier débat européen sur les migrations”, estime Politico. “Nous sommes à l’ère des murs et des barbelés”, s’est-il indigné, avant d’ajouter qu’il fallait mettre fin à “ce naufrage de civilisation” [Politico].
Une déclaration qui vise directement le projet de mur envisagé par la Pologne pour endiguer le flux de migrants à sa frontière orientale. Le souverain pontife a ainsi “explicitement critiqué les propositions visant à utiliser l’argent de l’UE pour la construction de barrières”, rapporte Politico. “Il est affligeant d’entendre des propositions visant à utiliser les fonds communs pour construire des murs et des barbelés comme solution”, a déclaré François, affirmant qu’ ”on ne résout pas les problèmes et on n’améliore pas la coexistence en élevant des murs plus hauts, mais en unissant ses forces pour s’occuper des autres selon les possibilités concrètes de chacun et dans le respect de la loi” [Politico].
Lors de sa visite, le pape a plus précisément visé les nationalismes européens. Le samedi, il avait déjà souligné “son ‘inquiétude’ devant le ‘recul de la démocratie’ avec la montée d’un ‘autoritarisme expéditif’ et la ‘tentation des assurances faciles offertes par les populismes’ ” [Le Figaro].
Entre crainte et espoir
Sur place, “une quarantaine de demandeurs d’asile, en majorité catholiques originaires du Cameroun et de République démocratique du Congo, ont participé à la prière de l’Angelus dite par le pape”, fait savoir La Croix. Celui-ci a été accueilli chaleureusement : “des banderoles ici ou là avaient fleuri dans la ville de Mytilène et aux abords du camp pour souhaiter la ‘bienvenue au pape François’ “, rapporte le quotidien.
“Ce qui m’a le plus marqué c’est qu’il a dit : le problème n’est pas d’élever des murs, le problème, c’est de regarder ce qui nous pose problème, ce qui nous amène ici. Regarder le problème à la racine. Parce que nous fuyons des viols, des guerres, la famine, la mort… “, a déclaré une réfugiée camerounaise interrogée par RFI.
A l’inverse, certains craignent que les appels du dignitaire catholique restent vains. “Nous voulons plus que des mots, nous voulons de l’aide”, commente la Syrienne Menal Albilal. “Car ‘les conditions ici sont mauvaises’, se désole cette mère d’un bébé de deux mois, dont l’asile a été rejeté et qui craint d’être expulsée en Turquie”, relate La Croix.
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