Les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba, créé en 2020 à l’initiative de la France pour partager l’implication militaire du pays dans la région, vont travailler “d’ici la mi-février” pour “prévoir une adaptation” de leur dispositif au Mali, a annoncé mardi 1er février le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal [L’Express]. Une décision prise au regard de l’ ”isolement progressif” de ce pays, cite l’hebdomadaire.
Comptant 800 militaires, Takuba se voulait le “symbole d’une Europe de la défense chère à Emmanuel Macron, [mais] est aujourd’hui dépendant[e] du bon vouloir de Bamako pour exister”, indique TV5 Monde.
L’ambassadeur français expulsé
Entre les Européens et la junte militaire malienne, les relations semblent “de plus en plus précaires”, note Politico. Lundi 31 janvier, “la junte malienne a décidé d’expulser l’ambassadeur de France à Bamako”, relate France 24. “Les autorités ont justifié cette décision par les récentes déclarations ‘hostiles’ de responsables français à leur encontre”, fait savoir la chaîne d’information internationale.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a apporté son soutien à la France, évoquant une “demande injustifiée” qui “isolera le Mali”, rapporte France 24. Selon une source diplomatique du Monde, cela ne fait désormais plus de doute, “les autorités veulent chasser la France du Mali”. Pour cet observateur, le rappel de l’ambassadeur s’inscrit dans le cadre d’une “stratégie préméditée de la junte”, dont l’objectif serait de “se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible”.
Plus tôt, le 27 janvier, le Danemark annonçait quant à lui le “rapatriement de ses troupes” [Le Monde], après la demande de Bamako du retrait d’une “centaine de commandos débarqués le 19 janvier à la base avancée de la force Barkhane” [Le Temps].
A la suite de l’intervention française au Mali à compter de 2013, plusieurs pays de l’UE avaient en effet “envoyé des missions pour former les forces militaires et civiles maliennes afin d’aider le pays à se défendre de manière plus permanente. Mais une série de coups d’Etat a plongé la région dans l’instabilité”, contextualise Politico.
Questionnements
Depuis l’arrivée au pouvoir d’une junte militaire en 2020, les relations entre autorités maliennes et européennes se sont significativement dégradées.
En coulisses, les discussions “vont déjà bon train” sur un éventuel retrait des troupes européennes du pays, notamment depuis l’expulsion du contingent danois, fait savoir Politico. Actuellement, “le Portugal, la Hongrie et la Pologne sont en attente d’autorisations de Bamako pour envoyer des soldats. La Grèce, qui a promis à Paris un escadron parachutiste de ses forces spéciales, s’interroge”, détaille Le Temps.
Sur place, les mauvais signaux s’accumulent, notamment avec “la fermeture de la base de Tombouctou le 14 décembre, suivie par l’arrivée […] de mercenaires russes du groupe Wagner”, l’hypothèse d’un retrait n’étant désormais “plus du tout tabou”, d’après le quotidien suisse.
“Tous les scénarios sont étudiés”, affirme l’état-major des armées françaises, cité par Le Monde, tout en précisant que, dans l’attente d’une décision, “les opérations continueront au Mali, car la France ne peut ‘pas laisser l’initiative aux groupes terroristes’ ”. Parmi les pays européens présents au Mali, la France est de loin l’Etat dont l’implication militaire est la plus forte.
Un retrait total écarté
Si les Européens envisagent une restructuration de leur intervention, un retrait total est soumis à de nombreuses réserves. Côté français, “la comparaison avec le retrait américain d’Afghanistan serait politiquement insupportable pour le locataire de l’Elysée, en pleine campagne présidentielle”, estime Le Temps.
Sur place, “le vide laissé par les troupes ne manquerait enfin pas de profiter aux mouvements djihadistes affiliés, selon les zones, à Al-Qaïda ou au groupe État islamique, qui ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs”, met en avant TV5 Monde.
Le retrait européen laisserait également le champ libre aussi aux forces russes de la milice Wagner, déjà présente dans la région. Pour le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, celle-ci “utilise la faiblesse de certains États pour s’implanter elle-même, pas pour remplacer les Européens [dans le Sahel, NDLR], et au-delà pour renforcer l’influence de la Russie en Afrique”. Au Mali, le but de l’entreprise russe serait “clairement d’assurer la pérennité [du] pouvoir” de la junte, considère-t-il [France 24].
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