“Si, dans un avenir proche, le transit de marchandises entre la région de Kaliningrad et le reste du territoire de la Fédération de Russie à travers la Lituanie n’est pas entièrement rétabli, la Russie se réserve le droit de prendre des mesures pour protéger ses intérêts nationaux”. C’est dans ces termes, rapportés par Politico, que le ministère russe des Affaires étrangères s’est exprimé sur le blocage de produits russes à destination de Kaliningrad par la Lituanie.
Depuis le 18 juin à minuit, “les chemins de fer lituaniens ont interrompu […] le transit ferroviaire depuis les régions de Russie en direction de Kaliningrad d’une série de produits et matériaux sanctionnés par l’Union européenne”, rappelle Courrier international qui cite le média russe Lenta.ru. Ce blocage vers l’enclave russe, qui partage ses frontières avec la Lituanie et la Pologne, concernerait “jusqu’à 50 % […] des chargements, notamment les matériaux de construction, le ciment, le charbon et les métaux”, précise le magazine.
“Pas de blocus”
Du côté de Moscou, cette mesure de rétention est qualifiée de “sans précédent” et “d’illégale”, signale Radio Free Europe/Radio Liberty. En face, le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis a rétorqué : “Ce n’est pas la Lituanie qui fait quoi que ce soit : ce sont les sanctions européennes qui sont entrées en vigueur le 17 juin” et qui sont appliquées par les entreprises ferroviaires lituaniennes [Euronews].
“Le transit par voie terrestre entre la Russie et Kaliningrad n’a pas été stoppé ni interdit”, a quant à lui précisé le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell [Euronews]. “Le transit des passagers et des marchandises se poursuit. Il n’y a pas de blocus”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Luxembourg.
“Un fort potentiel d’escalade”
L’affaire “renforce encore les vives tensions entre la Russie et les pays occidentaux, notamment les Etats baltes qui soutiennent fermement Kiev depuis le début du conflit”, analyse TV5 monde.
Car l’enclave de Kaliningrad, ce “petit territoire isolé de 15 000 kilomètres carrés sur lequel vivent quelque 500 000 personnes [et] sur lequel flotte le drapeau russe”, représente un enjeu potentiellement “explosif”, pointe Pierre Haski dans sa chronique sur France inter. “Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, tous ceux qui cherchent à identifier les escalades potentielles pointent vers cette anomalie de l’histoire”, ajoute le journaliste.
“Au bord de la mer Baltique, Kaliningrad est un territoire stratégique et militarisé, une enclave séparée du territoire russe”, complète RFI. Revenue à la Russie au XXe siècle, cette région est approvisionnée “par un couloir de 35 kilomètres à cheval sur les frontières de la Pologne et la Lituanie, tous deux membres de l’Union européenne et de l’Otan”, poursuit Pierre Haski. Et l’enclave, “où ont été déployés depuis quelques années des missiles antibalistiques Iskander, est aussi le siège de la flotte russe de la mer Baltique”, indique Le Monde.
Une situation géographique et géopolitique qui confère à la crise actuelle “un fort potentiel d’escalade” [France inter]. Nombreux sont les diplomates et experts militaires occidentaux à avoir ainsi “prévenu que la Russie pourrait utiliser Kaliningrad […] pour diviser l’Otan et tester la détermination de l’Occident. Les commentaires de Moscou lundi ont semblé confirmer ces craintes”, avertit Politico.
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