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La mise en commun des forces militaires : une réponse à la crise ?

Les ministres européens de la Défense se sont réunis pour deux jours à Gand afin d’accélérer la mise en commun de leurs forces. Pour le ministre belge de la Défense, Pieter de Crem, il s’agit de réaliser la “mise en œuvre du traité de Lisbonne” sur le plan militaire, qui n’a pas encore été assurée, mais aussi de réaliser des économies budgétaires . Ainsi les ministres ont-ils demandé à l’Agence européenne de la défense de leur rendre compte d’ici au mois de décembre des opportunités de coopération concrètes des Etats membres dans le domaine militaire.

D’un point de vue stratégique, avec la création du poste de Haut représentant pour les affaires étrangères, les lignes commencent à bouger pour l’Union. Catherine Ashton a élargi la liste de partenaires privilégiés, et, du moins dans les paroles, l’UE entend muscler ses relations diplomatiques. Mais son bras opérationnel, l’Agence européenne pour la défense, créée en 2004, n’a pas encore su s’imposer comme véritable enceinte stratégique. Actuellement, elle sert davantage aux Etats membres pour acquérir du matériel plutôt que de socle pour le développement de l’Europe de la défense.

Or en termes d’équipement, le tableau est encore plus noir. L’Europe investit quatre fois moins que les Etats-Unis dans le matériel et la recherche et développement, ce qui fait craindre à Hervé Morin, ministre français de la Défense, que l’Europe ne devienne un protectorat de la Chine et des Etats-Unis. Pour l’amiral Guillaud, le patron des armées françaises, l’Europe va vers sa “démission” , et sa relégation d’une place d’actrice à une place de spectatrice face aux affaires du monde. Un rôle que ne souhaitent même pas les Etats-Unis, qui souhaiteraient que le Vieux Continent prenne son destin en main, comme en témoigne le retrait de la plupart de ses troupes d’Europe.

Mais les investissements en matière de défense n’ont pas le vent en poupe. La crise a creusé les déficits publics, et de nombreux Etats ont été prompts à faire des coupes dans leurs budgets de défense. Le Royaume-Uni se débarrasse de ses sous-marins nucléaires, l’Allemagne envisage de supprimer le service militaire et fait disparaître 40 000 postes au sein de la Bundeswehr, l’armée allemande.

Au contraire, pour Pieter De Crem, ministre belge de la Défense qui accueillait ses pairs, la nécessité pour chacun de réduire son budget est une incitation forte à la mise en commun des forces à l’échelon européen. Il pousse pour que d’un côté le matériel, rare et couteux, soit mis en commun par les Etats, et que d’un autre côté les Etats se partagent les rôles pour gagner en efficacité.

La France, qui tient à son autonomie et qui préférerait que chacun investisse des ressources supplémentaires dans une Europe de la défense plutôt que de mettre en commun les ressources existantes, commence à infléchir sa position vers une attitude plus pragmatique.

Le ministre belge a cité quelques exemples de coopérations possibles pour les Européens : sur du matériel comme des hélicoptères, dont l’Europe manque cruellement, ou encore sur les missions comme la lutte contre les pirates dans l’Océan Indien.

En savoir plus :

La politique de sécurité et de défense commune (PSDC) - Touteleurope.eu

Tableau des missions de Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) - Touteleurope.eu

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