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L’Australie et l’Union européenne : une relation au beau fixe

Hormis les kangourous, animaux emblématiques du pays, ou encore son enviable “way of life” qui en ont fait la renommée, l’Australie n’est pas un pays dont on entend régulièrement parler au sein de l’Union européenne. Cependant, ce pays s’est récemment illustré à travers ses prises de positions vis-à-vis de la crise que connaît actuellement la zone euro. En outre, la relation euro-australienne, à la fois économique et politique, a été très récemment renforcée, les négociations pour un accord global de coopération ayant débuté le 31 octobre dernier.

Une nouvelle étape franchie dans la relation euro-australienne

Lors de son dernier voyage en Australie début septembre, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a annoncé, dans une déclaration commune avec la Première ministre australienne Julia Gillard, leur intention de démarrer prochainement des négociations en vue d’un accord global de coopération comprenant un volet économique, un dialogue politique et une coopération sectorielle (aide au développement, éducation, science, innovation, etc.). La réunion de septembre 2011 est donc venue confirmer les intentions communes d’accord exprimées par les deux parties dès octobre 2010.

Le 31 octobre 2011, alors que se tenait une réunion ministérielle entre l’Australie et l’UE à Canberra, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a fait part de son enthousiasme quant à la préparation d’un accord de coopération. Kevin Rudd, ministre australien des Affaires étrangères, s’est rallié à ce sentiment en soulignant qu’une nouvelle phase de coopération plus étroite entre l’Australie et l’Union européenne s’ouvrait, prenant d’avantage en compte leurs intérêts et leurs priorités communes.

Un tel accord constituerait une étape importante. L’Union européenne et l’Australie ne se sont véritablement rapprochées qu’à partir des années 1990, période coïncidant avec la mise en place du marché intérieur. Celui-ci a ouvert de nouvelles possibilités commerciales à l’Australie. Un premier accord global avait été envisagé au milieu des années 1990, mais faute d’un consensus sur l’insertion d’une référence au respect des droits de l’Homme au sein de l’accord, le projet fut abandonné.

Ni l’UE, ni l’Australie n’ont insisté sur ce sujet. Pour l’Union européenne, le respect des droits de l’Homme est essentiel, or la position de l’Australie sur la situation des aborigènes, ou encore son comportement sévère vis-à-vis de l’immigration n’ont pas poussé les négociateurs européens à insister sur cet aspect du projet. Pour sa part, l’Australie, Etat souverain, ne souhaitait pas se voir imposer des sanctions dans ce domaine par l’UE. Face à l’ouverture de nouvelles négociations sur un accord global, cette question du respect des droits de l’Homme va sûrement se poser à nouveau. Mais la situation australienne a changé, notamment vis-à-vis des aborigènes à qui Kevin Rudd, alors Premier ministre, a fait des excuses nationales en 2008.

La relation euro-australienne fut mouvementée entre 1996 et 2007, période durant laquelle John Howard fut Premier ministre en Australie. Ce conservateur poursuivi une approche fondée sur la relation avec chaque Etat membre de l’Union, en particulier la Grande-Bretagne. Il ne prendra que tardivement en compte l’unicité de l’Union. Cette situation a abouti à un développement ralenti du partenariat euro-australien de 1997 à 2003. A partir de 2003, l’Australie porte un nouvel intérêt à l’Union européenne, notamment au regard de l’introduction de l’euro. Ce pays a vite compris les avantages de cette nouvelle monnaie : effectivité du marché commun, facilitation du commerce ou encore réduction des coûts de transaction.

Les données PNR sont les informations fournies volontairement par les passagers et recueillies par les transporteurs aériens au cours des procédures de réservation et d’enregistrement.

Elles incluent le nom du passager, les dates et l’itinéraire du voyage, des informations relatives au billet, l’adresse et les numéros de téléphone, les moyens de paiement utilisés, le numéro de carte de crédit, l’agence de voyage, le numéro de siège et des informations relatives aux bagages.

L’élection de Kevin Rudd (2007-2010) est venue consolider la relation partenariale. Le Premier ministre a en effet adopté une approche beaucoup plus ouverte à l’international et à l’Europe. Cette volonté de se rapprocher de son partenaire européen va se concrétiser par l’adoption, en 2008, d’un nouveau cadre, incluant plus de domaines de coopération au partenariat. C’est à présent sur cette base que la relation euro-australienne s’est approfondie depuis trois ans. Il semble que la Première ministre Julia Gillard souhaite continuer les efforts entrepris par son prédécesseur avec l’Union européenne.

Une coopération soutenue dans des domaines sectoriels

Outre le début des négations pour un accord global, l’actualité euro-australienne comporte également la signature prochaine d’un accord sur les données des dossiers passagers aériens. Cet accord permet le transfert aux services de douanes australiens des données personnelles des passagers aériens. Ce système a pour objectif de lutter plus efficacement contre le terrorisme et les crimes graves transnationaux. Le 22 septembre dernier, le Conseil a approuvé ce nouvel accord, suivi en octobre par le Parlement européen.

Le domaine de l’éducation et de la formation est très dynamique au sein du partenariat euro-australien. Plusieurs projets bilatéraux entre les établissements (d’enseignement supérieur et d’enseignement professionnel) des deux parties ont ainsi vu le jour via le programme Erasmus Mundus notamment. Ces échanges ont permis de financer plus de 1 100 séjours d’étudiants de 35 établissements australiens et 66 établissements européens. Une association des anciens étudiants a même été mise en place.

La lutte contre le réchauffement climatique, point commun des deux parties

A l’approche de la conférence de Durban sur le changement climatique, l’Australie et l’Union européenne ont rapproché leurs positions, lors de leurs récentes rencontres. L’environnement est en effet un sujet sur lequel les deux parties ont des points de vue convergents. Les deux pays ont signé le protocole de Kyoto. Début septembre, ils ont envisagé de relier leurs systèmes d’échange de quotas d’émissions de CO². “L’Australie et l’UE reconnaissent que les marchés d’émissions de carbone représentent le moyen le rentable de réduire les gaz à effet de serre et créer des emplois dans le secteur de l’énergie propre” a ainsi souligné Julia Gillard, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président de la Commission européenne à Sydney.

L’Union européenne a instauré un système d’échange de quotas d’émissions de CO²depuis 2005.

Le gouvernement australien propose, quant à lui, d’introduire un tel mécanisme pour le 1er juillet 2012.


La Commission européenne a salué ce projet : “Plus il y aura de partenaires aux vues similaires et travaillant dans cette direction, mieux ce sera” a ajouté M. Barroso. Le projet australien de loi sur la taxe carbone pour les gros pollueurs est, de l’avis du président de la Commission européenne, “le moyen le plus efficace de réduire les émissions” de CO². Début octobre 2011 à Panama, face au refus des autres Etats de diminuer leurs émissions de CO², l’Union européenne et l’Australie, ainsi que la Suisse et la Nouvelle-Zélande se sont en outre prononcées pour une nouvelle diminution de ces émissions de gaz.



En savoir plus

Consultations ministérielles Union européenne - Australie, 31 octobre 2011 [en anglais] - Commission européenne

Conférence de presse de Julia Gillard, Première ministre australienne et de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne du 5 septembre 2011 [en anglais]- Youtube

Feu vert du PE pour le transfert de données des passagers aériens à l’Australie - Parlement européen

Coopération entre l’UE et l’Australie en matière d’éducation et de formation - Commission européenne

Site de la Délégation de l’Union européenne en Australie - Service européen pour l’action extérieure

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