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Iran : Trump rétablit des sanctions, l’UE tente de protéger ses intérêts

Alors que l’économie iranienne s’enfonce dans la crise, le président américain Donald Trump, qui avait dénoncé l’accord international sur le nucléaire iranien en mai dernier, relance une première série de sanctions. En réponse, Bruxelles exhume un plan de protection pour protéger les entreprises européennes.

Donald Trump et Federica Mogherini
Donald Trump et Federica Mogherini - Credits : Profil Facebook officiel @DonaldTrump - Mauro Bottaro / Commission européenne

L’Iran en grande difficulté économique

L’Iran n’est pas au bout de ses peines. À bout de souffle, il fallait déjà “50 000 rials pour obtenir un dollar” au mois de mars dernier, relate La Croix. “Fin juillet, il en fallait plus du double après le dévissage de la monnaie locale de 18 % en seulement deux jours” . Au-delà des sanctions existantes et à venir, le journal souligne que cette “situation fait ressortir, pour les aggraver, les fragilités structurelles d’un pays marqué par la faiblesse du secteur industriel, un chômage élevé et une inflation chronique” .

Les Iraniens font d’ailleurs savoir qu’ils sont lourdement affectées : Le Parisien rapporte que “ces derniers jours, des manifestations contre les difficultés économiques du pays et le gouvernement d’Hassan Rohani se sont déroulées dans plusieurs villes du pays” .

Le programme qui attend la République islamique est peu enviable. Refusant d’honorer l’accord signé en 2015 par son prédécesseur Barack Obama, Donald Trump a lancé mardi 6 août, “un premier train de restrictions” . Il concerne “les transactions sur le dollar et le commerce avec l’Iran de métaux précieux” développe La Croix, mais aussi “de pièces automobiles et de logiciels” ainsi que “les achats de tapis persans et de denrées alimentaires comme les pistaches, le caviar ou le safran” . Des mesures qui s’appliqueront aux entreprises américaines, mais aussi étrangères et donc aux Européens.

Et la situation de Téhéran devrait se compliquer encore davantage à partir du 5 novembre, car l’administration américaine compte bien “sortir l’artillerie lourde” [La Croix]. En effet, “le gouvernement américain entend mettre en place des mesures touchant les secteurs du pétrole et du gaz, ainsi que la Banque centrale iranienne” [Le Monde]. De quoi susciter un certain pessimisme quant à l’avenir de l’Iran. “Les sanctions qui se profilent sur le secteur pétrolier ne peuvent qu’aggraver la situation, les hydrocarbures étant une ressource essentielle pour le pays” , analyse La Croix, rappelant que ces secteurs “représentent 70 % des exportations et 40 % des recettes budgétaires” .

L’Europe exhume un plan de 1996 pour protéger ses entreprises

En guise de riposte, “la Commission européenne a annoncé, lundi [5 août], qu’elle activerait sa loi dite ‘de blocage’ (blocking statute)” [Le Monde]. Celle-ci “vise à protéger les entreprises européennes qui voudraient rester actives en Iran, malgré les menaces brandies par Donald Trump” .

Cités dans Le Figaro, les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni ont déclaré qu’ils étaient “déterminés à protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l’Iran” . Dans un communiqué commun signé avec la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, ils réaffirment que “la levée des sanctions est une partie essentielle de l’accord [puisqu’]elle vise à avoir une incidence positive non seulement sur les relations commerciales et économiques avec l’Iran mais également et surtout sur la vie du peuple iranien” [Le Monde].

Mais le plan de blocage proposé par l’Union européenne fait lui aussi l’objet de critiques. Le texte, jamais mis en œuvre, “est l’actualisation d’une ‘loi de blocage’ initialement prise en 1996″ , rappelle Le Figaro, prévu pour “contrer les sanctions américaines concernant plusieurs pays - Cuba, la Libye et l’Iran” .

À quoi ce texte correspond-il ? “Les nouvelles dispositions interdisent en fait aux entreprises européennes de se conformer aux sanctions américaines, jugées illégales en droit international” , détaille Le Monde. Et prévoit “des pénalités, fixées par chaque Etat membre” contre les entreprises qui s’y soumettraient quand même.

Le texte protège en principe les entreprises européennes d’éventuelles amendes américaines” , ajoute Le Figaro, “mais cette clause ne sera pas très utile pour celles qui ont une activité significative outre-Atlantique” , et dont les filiales américaines pourront être attaquées.

Selon Le Monde, “les commentaires d’entreprises remontés auprès des juristes sont unanimes : la ‘loi de blocage’ européenne n’est pas protectrice” . Cité dans Le Figaro, le président de la Commission Jean-Claude Juncker avait en effet concédé il y a quelques semaines de cela : “les moyens existent mais il ne faut pas se voiler la face, nos moyens sont limités” .

Cette loi serait donc finalement plutôt un signal politique à l’intention de Téhéran qu’une réelle protection pour les entreprises européennes.

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